BRICS, dette et déficit : les États-Unis face à leurs fragilités
Tandis que les tensions économiques s’intensifient entre grandes puissances, une voix dissonante remet en cause le récit dominant à Washington. Selon Boris Kopeikin, chef économiste à l’Institut Stolypine, le déficit commercial des États-Unis avec la Chine ne serait pas l’effet d’une stratégie des BRICS, mais d’un affaiblissement structurel de l’économie américaine. Cette lecture relance le débat sur les causes profondes des déséquilibres américains dans un monde en pleine reconfiguration.
En bref
- Le déficit commercial entre les États-Unis et la Chine alimente de vives tensions économiques sur fond de recomposition géopolitique mondiale.
- L’économiste Boris Kopeikin affirme que ce déséquilibre découle avant tout d’une perte de compétitivité des secteurs économiques américains.
- Contrairement aux accusations de certains responsables américains, les BRICS ne seraient pas à l’origine directe du déficit selon Kopeikin.
- Kopeikin rappelle que les États-Unis dépendent autant des BRICS que l’inverse, rendant toute stratégie de découplage peu réaliste.
Le déficit américain : une perte de compétitivité, pas un complot des BRICS
Interrogé par l’agence Tass le 9 septembre, Boris Kopeikin, chef économiste de l’Institut Stolypine pour la croissance économique, a formulé un diagnostic clair sur les causes du déficit commercial américain avec la Chine, alors que Trump avait lancé une mise en garde choc contre les BRICS.
Contrairement aux discours alarmistes relayés à Washington, Kopeikin estime que ce déséquilibre est le symptôme de faiblesses internes, non d’un front organisé par les pays du bloc des BRICS. Il déclare :
Le large déficit commercial des États-Unis avec la Chine et un certain nombre d’autres pays, ainsi que la croissance de la dette nationale, sont la conséquence du déclin de la compétitivité de plusieurs secteurs de l’économie américaine, et non des politiques d’autres pays.
Cette déclaration tranche avec celle de Peter Navarro, ancien conseiller économique de Donald Trump, qui a affirmé sur Real America’s Voice :
« Leurs exportations sont comme des vampires qui nous sucent notre sang avec leurs pratiques commerciales déloyales ».
Il a également qualifié le bloc des BRICS de groupe instable, allant jusqu’à dire qu’ils « se détestent historiquement et s’entretuent », et prédit leur effondrement sans le commerce avec les États-Unis.
Voici ce qu’il faut retenir de cette première séquence d’analyses :
- Le déficit n’est pas attribué à des pratiques déloyales étrangères selon Kopeikin, mais à une érosion de la compétitivité de l’économie américaine ;
- Il pointe une défaillance structurelle de plusieurs secteurs stratégiques américains, aggravée par la dette nationale croissante ;
- Cette lecture remet en cause la rhétorique dominante aux États-Unis, qui cible fréquemment la Chine ou les BRICS comme responsables des déséquilibres commerciaux ;
- La critique de Kopeikin est économique et structurelle, et non géopolitique. Elle appelle à un regain de productivité, plutôt qu’à une guerre commerciale.
Ce changement d’angle recentre le débat sur les failles internes de la première puissance mondiale, et non sur un affrontement entre blocs. Il appelle à une réévaluation du discours protectionniste, dominant dans certains cercles du pouvoir américain.
Une interdépendance économique : un découplage illusoire entre les blocs
Dans le prolongement de son analyse, Boris Kopeikin souligne que les États-Unis restent profondément liés aux économies des BRICS, et réciproquement.
« Les États-Unis dépendent fortement des importations en provenance de la Chine, de l’Inde et du Brésil, tout comme ces pays considèrent la demande américaine comme essentielle », a-t-il précisé.
Pour appuyer son propos, l’économiste cite la fin prématurée de la guerre commerciale entre Washington et Pékin comme preuve concrète de cette interdépendance structurelle. Ce constat jette un froid sur les ambitions de découplage économique promues par certains responsables politiques américains, qui misent sur une réindustrialisation interne pour réduire la dépendance stratégique.
Cette position trouve un écho particulier dans les déclarations faites la veille par le président chinois Xi Jinping, lors d’un sommet virtuel des BRICS. Le dirigeant a dénoncé « les tarifs unilatéraux et les conflits commerciaux initiés par certains pays » qu’il considère comme des éléments déstabilisateurs de l’économie mondiale.
Le sommet, centré sur les enjeux de gouvernance économique internationale, a réaffirmé l’engagement du bloc à promouvoir le multilatéralisme, la coopération économique et la défense des règles du commerce international. Certains critiques à Washington continuent d’accuser les BRICS d’exploiter l’accès au marché américain, sans reconnaître les bénéfices mutuels générés par ces échanges.
Les implications de ces déclarations sont multiples. D’un côté, elles questionnent la viabilité d’une stratégie économique américaine fondée sur la réduction des échanges avec les puissances émergentes. De l’autre, elles révèlent les risques systémiques que représenterait un isolement économique volontaire des États-Unis à travers les tarifs douaniers de Trump, notamment sur leurs chaînes d’approvisionnement et leur croissance à long terme.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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