la crypto pour tous
Rejoindre
A
A

BRICS : L’Inde tourne le dos au pétrole américain, un signal fort ?

13h30 ▪ 4 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
S'informer Géopolitique

Le brut américain perd du terrain. Cette semaine, l’Indian Oil Corporation (IOC), premier raffineur public indien, a tourné le dos aux cargaisons venues des États-Unis pour se réorienter vers le Moyen-Orient et l’Afrique de l’Ouest. Ce rééquilibrage logistique, en apparence technique, traduit une bascule stratégique : montée des alliances énergétiques au sein des BRICS, recul du dollar dans les échanges pétroliers et affirmation d’un nouvel ordre économique.

A human silhouette representing India, a member of the BRICS alliance, forcefully pulls out the pump hose, still dripping with black oil.

En bref

  • L’Indian Oil Corporation a volontairement écarté le brut américain lors de son dernier appel d’offres, privilégiant des cargaisons en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique de l’Ouest.
  • Ce choix s’appuie sur des critères économiques précis, notamment le resserrement des marges, les coûts de fret, et les écarts de prix entre fournisseurs.
  • L’Inde et la Chine réduisent progressivement leurs importations de brut américain, favorisant des partenaires énergétiques membres des BRICS comme la Russie.
  • Au-delà d’un simple arbitrage logistique, ce réalignement énergétique reflète une transition marquée par la recherche d’autonomie stratégique au sein des BRICS.

Un choix économique en apparence, mais un signal stratégique en substance

La décision de l’Indian Oil Corporation (IOC), principal raffineur public indien, de ne pas inclure de brut américain dans sa dernière commande constitue un signal fort, alors que la Russie et l’Arabie Saoudite ont choisi d’augmenter leur production dès octobre.

Alors qu’elle avait acheté cinq millions de barils de West Texas Intermediate (WTI) la semaine précédente, l’IOC a cette fois privilégié des cargaisons en provenance d’Abu Dhabi (Das) et du Nigeria (Agbami et Usan). Ce réajustement peut sembler mineur sur le plan opérationnel, mais il marque un tournant stratégique.

Voici les éléments factuels clés de cette opération :

  • Le brut américain (WTI) a été écarté au profit de barils provenant du Moyen-Orient et d’Afrique de l’Ouest, une décision volontaire de la part de l’IOC ;
  • L’arbitrage vers l’Asie s’est refermé : la hausse des prix du Murban et du Dubaï, combinée à l’évolution des coûts de fret, a rendu les alternatives plus compétitives ;
  • Les décisions de l’IOC s’appuient sur des calculs économiques stricts ;
  • Le changement de fournisseurs n’est pas ponctuel : la semaine précédente, le brut américain était encore dans les achats, mais aujourd’hui, il ne l’est plus ;
  • Ce n’est pas une réaction diplomatique, mais un choix de rentabilité, piloté par des impératifs de marge et de simplification logistique.

Cette série d’éléments démontre un glissement qui dépasse les considérations conjoncturelles. L’approvisionnement énergétique indien commence à refléter une logique de diversification où l’alignement avec des fournisseurs des BRICS devient de plus en plus visible.

Le brut américain, hier perçu comme incontournable, devient une option parmi d’autres, soumise à une analyse de rentabilité brute.

Une tendance alimentée par la dédollarisation et les tensions commerciales

En parallèle, la Chine, autre pilier des BRICS, a quasiment cessé ses importations de brut américain cette année, un effondrement largement attribué à la multiplication des droits de douane imposés par Washington. Ces barrières tarifaires ont détruit les marges, poussant Pékin à se tourner vers des fournisseurs moins contraignants, notamment la Russie.

En Inde également, les importations de pétrole américain ont fortement chuté en août, pendant que les volumes russes, eux, gagnaient du terrain.

Au-delà des flux commerciaux, c’est la logique même des transactions pétrolières qui évolue. Le cadre habituel du pétrodollar est remis en cause par une exploration de mécanismes alternatifs au sein de l’alliance des BRICS : règlements en monnaies locales, plateformes de compensation indépendantes, et volonté explicite de sortir du dollar dans certaines transactions énergétiques.

Trump rapproche malgré lui les BRICS avec ses sanctions. Loin d’un boycott idéologique, la démarche de l’IOC s’insère dans un contexte d’optimisation stratégique. Si les conditions économiques et logistiques changent, le brut américain pourra à nouveau séduire. En attendant, le marché asiatique explore d’autres alternatives, plus directes, plus souples, et moins politisées.

Maximisez votre expérience Cointribune avec notre programme 'Read to Earn' ! Pour chaque article que vous lisez, gagnez des points et accédez à des récompenses exclusives. Inscrivez-vous dès maintenant et commencez à cumuler des avantages.



Rejoindre le programme
A
A
Luc Jose A. avatar
Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

DISCLAIMER

Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.