BRICS : Pékin et Moscou signent un record commercial

Tandis que la guerre commerciale s’intensifie, Pékin et Moscou affichent leur détermination. En juillet, leurs échanges ont bondi à 19,14 milliards de dollars, un record annuel qui contraste avec la morosité du premier semestre. Ce rebond intervient alors que Donald Trump menace la Chine de nouveaux droits de douane, après avoir sanctionné l’Inde pour ses achats de pétrole russe.

Le commerce bilatéral : un pic annuel après un début d’année morose

Pendant que les marchés se sont effondrés après les annonces de Trump sur les tarifs douaniers, le commerce entre la Chine et la Russie, deux membres influents du bloc des BRICS, a grimpé en juillet à 19,14 milliards de dollars, en hausse de 8,7 % par rapport à juin, selon les chiffres de l’Administration générale des douanes chinoises.

Ce rebond met fin à une séquence de sept mois de recul, durant laquelle les échanges avaient totalisé 125,8 milliards de dollars, soit une baisse de 8,1 % par rapport à la même période de 2024.

Les données détaillées montrent :

• Les importations chinoises depuis la Russie : 10,1 milliards de dollars en juillet, +4,02 % sur un an ;

• Les exportations chinoises vers la Russie : 9,1 milliards de dollars, –8,91 % sur un an ;

• L’excédent commercial russe : 13,34 milliards de dollars sur janvier-juillet, niveau équivalent à 2024 ;

• L’historique récent : des échanges totaux de 240,11 milliards de dollars en 2023 (+26,3 %) et un record de plus de 244 milliards en 2024.

Ce rebond mensuel tranche avec la tendance négative observée au premier semestre. S’il marque un signal positif, il ne compense pas encore le retard accumulé depuis le début de l’année. Cette évolution illustre un contexte commercial en ajustement, influencé par la saisonnalité, la logistique et un environnement géopolitique instable.

Pékin défie Washington sur le terrain énergétique

La publication de ces chiffres intervient alors que Donald Trump a laissé entendre que la Chine pourrait être la prochaine cible de droits de douane, similaires à ceux imposés à l’Inde, un autre pays de l’alliance des BRICS, pour ses achats de pétrole russe.

Loin de céder à la pression, Pékin a réaffirmé sa position par la voix de son ministère des Affaires étrangères : « il est légitime et légal pour la Chine de mener une coopération économique, commerciale et énergétique normale avec tous les pays du monde, y compris la Russie ».

Les autorités chinoises ont précisé qu’elles continueraient à prendre « des mesures raisonnables de sécurité énergétique en accord avec leurs intérêts nationaux ».

Dans le domaine énergétique, la Russie reste un fournisseur stratégique pour la Chine, ce qui consolide davantage les partenariats commerciaux au sein des BRICS. En 2024, Moscou a expédié 108,5 millions de tonnes de pétrole vers Pékin, représentant près d’un cinquième des importations totales de brut chinoises.

Pour les sept premiers mois de cette année, les estimations évoquent 32 millions de tonnes livrées, soit 4 millions de tonnes de moins que sur la même période l’an passé. Le charbon, le gaz naturel et d’autres matières premières comme le cuivre et le bois complètent ces exportations, tandis que la Chine expédie vers la Russie des produits manufacturés allant des voitures aux smartphones.

Cette fermeté chinoise face aux menaces tarifaires américaines illustre la volonté de Pékin de sécuriser ses approvisionnements énergétiques tout en consolidant son partenariat avec Moscou. Si le pic commercial de juillet témoigne d’une certaine résilience, il reste à voir comment la situation évoluera face à l’éventualité de nouvelles barrières douanières et aux fluctuations des flux énergétiques.