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Crypto : 13,5 milliards $ en Ethereum brûlés, mais l’offre continue de grimper

15h00 ▪ 5 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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Tandis que l’on vante souvent Ethereum comme un actif potentiellement déflationniste, la réalité du protocole raconte une autre histoire. Près de 4,6 millions d’ETH ont été brûlés depuis 2021, l’équivalent de 13,5 milliards de dollars, sans pour autant enrayer la croissance de l’offre. Une anomalie qui questionne la cohérence et l’efficacité du modèle économique mis en place depuis la mise à jour London, et remet en cause certaines certitudes sur la rareté programmée de l’actif.

Une fournaise de la crypto Ethereum qui recrache plus qu’elle ne brûle

En bref

  • Ethereum a brûlé plus de 13,5 milliards de dollars en ETH depuis 2021 grâce à l’EIP-1559, sans parvenir à enrayer la croissance de l’offre.
  • En moyenne, 2,22 ETH sont brûlés chaque minute, principalement via les transactions classiques, Opensea, Uniswap V2 et les transferts USDT.
  • Le taux d’inflation annuel médian d’Ethereum s’établit à 0,801 %, proche de celui de Bitcoin, mais loin de la promesse d’un actif déflationniste.
  • La balance entre burn et émission dépend fortement de l’activité du réseau, rendant la déflation possible mais non garantie.

Un mécanisme de burn massif, mais un effet limité sur l’offre

Depuis l’implémentation de l’EIP-1559 le 5 août 2021, le réseau Ethereum a introduit une nouveauté monétaire majeure : la destruction automatique d’une portion des frais de transaction, ou « burn », destinée à réduire la pression inflationniste sur l’offre d’ETH, alors que la crypto vient de franchir les 3 000 $.

En 1 438 jours, ce mécanisme a permis de brûler 4,6 millions d’ETH, soit environ 13,57 milliards de dollars à la valeur actuelle du marché. Cela représente une moyenne de 2,22 ETH brûlés chaque minute, et ce chiffre reste fortement corrélé au niveau d’activité sur la blockchain.

Les applications et usages responsables de la majorité des ETH brûlés sont bien identifiés. Voici les principaux contributeurs, selon les données d’ultrasound.money :

  • Les transactions ETH classiques : 375 959 ETH brûlés ;
  • L’Opensea (NFT) : 230 051 ETH envoyés au burn ;
  • L’Uniswap V2 (DEX) : 227 045 ETH détruits ;
  • Les transferts de Tether (USDT) : 210 070 ETH brûlés.

Ce mécanisme monétaire, salué pour sa transparence et sa simplicité, ne parvient cependant pas à compenser la quantité d’ETH nouvellement émise. Le burn dépend étroitement du niveau d’usage du réseau : plus il y a de transactions, plus la quantité d’ETH détruite augmente.

À l’inverse, en période d’activité plus faible, la mécanique montre ses limites. L’effet escompté, réduire l’offre globale, reste donc partiellement neutralisé par une émission encore supérieure au burn total depuis 2021.

Une inflation modérée, mais persistante : le paradoxe d’Ethereum

Malgré cette destruction massive, le réseau Ethereum continue d’émettre davantage d’ETH qu’il n’en brûle. Ainsi, 3 695 537 ETH ont été créés depuis le hard fork London, injectant environ 10,89 milliards de dollars de valeur supplémentaire dans l’écosystème.

Le taux d’inflation annuel médian sur la période atteint 0,801 %, un niveau quasi équivalent à celui du bitcoin aujourd’hui (0,809 %), bien qu’en nette baisse par rapport à l’ancien modèle de Proof-of-Work d’Ethereum, qui aurait généré une inflation de 3,394 %.

Ce décalage entre burn et création monétaire révèle une politique en équilibre instable. Les données hebdomadaires les plus récentes montrent toutefois une légère inflexion : sur sept jours, le taux d’émission est tombé à 0,723 %, avec 16 745 ETH nouvellement créés.

Cette évolution semble liée à une baisse de l’activité réseau, et donc à une moindre pression sur le burn. Contrairement à l’idée reçue selon laquelle Ethereum serait en train de devenir « déflationniste », la réalité est bien plus nuancée. L’équilibre entre burn et création dépend fortement du volume de transactions et de l’utilisation du réseau par les applications décentralisées.

À court terme, cette inflation maîtrisée peut apparaître comme un compromis viable, garantissant des incitations suffisantes pour les validateurs tout en limitant la dilution pour les détenteurs. Cependant, à plus long terme, le maintien d’une offre inflationniste, même modérée, pourrait poser problème si le burn ne parvient pas à suivre le rythme en période de faible activité. Reste à savoir si le protocole sera amené à ajuster ses paramètres économiques ou s’il compte sur la croissance organique de l’écosystème pour inverser durablement la tendance.

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Luc Jose A. avatar
Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.