Crypto : Kraken valide sa licence MiCA

Kraken, souvent discret mais jamais vraiment en retrait, vient de faire un pas stratégique qui risque de rebattre les cartes du marché crypto en Europe. En décrochant sa licence réglementaire sous le régime MiCA, la plateforme entre dans la cour des grands à l’échelle continentale, juste derrière Coinbase, mais pas trop loin pour qu’on parle encore de retard. Dans un climat où la conformité devient un sésame, Kraken choisit d’embrasser la régulation plutôt que de la contourner. Et ce choix pourrait bien lui rapporter gros.

Une régulation crypto unifiée, une nouvelle course entre géants

Dans l’univers crypto, chaque jour sans licence est un jour perdu. Kraken l’a bien compris. En obtenant son enregistrement officiel auprès de la Banque centrale d’Irlande, la plateforme s’octroie un ticket d’entrée pour les 27 pays de l’Union européenne, dans un cadre réglementaire de plus en plus exigeant.

Cette annonce n’arrive pas par hasard. Une semaine plus tôt, Coinbase ouvrait le bal depuis le Luxembourg. L’enjeu ? Accéder rapidement à tout le marché européen via une seule juridiction. Kraken, qui semblait à la traîne, vient de remonter la pente d’un coup de licence bien placé. À armes égales, la guerre des plateformes peut vraiment commencer.

L’euro, longtemps spectateur discret dans le monde des cryptos, devient un acteur de poids : 17,5 % du volume mondial des échanges au comptant s’effectue aujourd’hui en euro. Un chiffre qui a plus que doublé en un an. Un signal clair que le marché européen n’est plus marginal. Il devient stratégique. Kraken l’a bien saisi.

MiCA : une façade unie, des fondations discutables

Le cadre MiCA promet une chose : une régulation crypto uniforme pour tout l’espace européen. Sur le papier, c’est une avancée historique. Dans la réalité, quelques fissures apparaissent déjà.

Le principe du passeport européen qui consiste à opérer dans toute l’UE avec une seule licence nationale fait grincer des dents. Certaines plateformes pourraient être tentées de choisir des pays au contrôle plus laxiste pour ensuite s’étendre à l’ensemble du marché.

Cette crainte n’est pas infondée. L’Autorité européenne des marchés financiers enquête d’ailleurs sur les pratiques de certaines juridictions, comme Malte, soupçonnées de fermer les yeux sur certains critères de rigueur. Et pendant ce temps, Binance retire une série de stablecoins non conformes du marché européen, dont l’USDT, preuve que même les mastodontes doivent plier face à MiCA.

Kraken n’est pas un novice en Europe. Avant même cette licence, la plateforme crypto avait déjà des enregistrements dans des pays clés : France, Italie, Espagne, Pays-Bas… Mais cette autorisation irlandaise lui offre une cohérence juridique continentale, et une capacité d’expansion optimisée.

Selon Arjun Sethi, co-PDG de Kraken, cette étape représente bien plus qu’un feu vert administratif. C’est une brique fondamentale dans la construction d’une offre stable, encadrée, et attractive, autant pour les particuliers que pour les institutions. Le message est clair : Kraken veut séduire les banques, les fonds, les investisseurs prudents. Et avec une légitimité réglementaire désormais incontestable, il en a les moyens.

Coinbase n’est donc plus seul dans cette conquête européenne. La dynamique s’inverse, la concurrence se muscle, et les utilisateurs européens, longtemps mis de côté, deviennent enfin un public courtisé. Et dans cette nouvelle ère crypto, la réglementation n’est plus un obstacle, mais un levier de croissance. La crypto n’est pas morte, et Kraken entend bien y tenir un rôle de premier plan.