Crypto : Le projet de loi GENIUS Act validé par 68 voix contre 30

La régulation des stablecoins aux États-Unis vient de franchir un cap historique. Le Sénat américain a voté par 68 voix contre 30 pour faire avancer le projet de loi GENIUS Act, ouvrant la voie à un débat en séance plénière. Cette avancée marque-t-elle enfin la naissance d’un cadre réglementaire fédéral pour les cryptos adossées au dollar ?

Un vote stratégique malgré les tensions politiques

Le mercredi 11 juin 2025, le Sénat a donné son feu vert à l’avancement du projet GENIUS (Guiding and Establishing National Innovation for US Stablecoins), plus d’un mois après son introduction officielle. 

Cette victoire parlementaire marque un tournant après l’échec cuisant d’un précédent projet de loi sur les stablecoins quelques semaines plus tôt.

John Thune, chef de la majorité sénatoriale, s’est fait l’ardent défenseur de cette législation révolutionnaire.

« Nous voulons intégrer la crypto au grand public, et la loi GENIUS nous aidera à y parvenir », a-t-il déclaré avec conviction. 

Son discours reprend fidèlement la rhétorique de Donald Trump, promettant de faire des États-Unis la « capitale mondiale des cryptos ».

Cette avancée législative s’inscrit dans une dynamique plus large de régulation crypto. Le CLARITY Act, actuellement examiné à la Chambre, complète parfaitement l’approche GENIUS. Deux commissions de la Chambre ont d’ailleurs voté en faveur de ce texte complémentaire mardi dernier.

Le secteur des stablecoins, dominé par des acteurs comme Circle avec son USDC, attend avec impatience cette clarification réglementaire. 

Les prévisions les plus optimistes évoquent une croissance spectaculaire du marché, qui pourrait atteindre 2 000 milliards de dollars d’ici 2028, soit près de dix fois sa valorisation actuelle de 230 milliards.

Des oppositions tenaces qui persistent malgré le soutien bipartisan

Malgré cette victoire parlementaire, les critiques fusent encore. Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts, a livré un réquisitoire sévère contre le projet GENIUS. Elle dénonce des « problèmes fondamentaux » non résolus et des « failles » dans les garanties proposées pour les consommateurs.

Warren va plus loin en pointant directement les conflits d’intérêts potentiels de Trump. « Grâce à son activité crypto, Trump a créé un moyen efficace d’échanger des faveurs présidentielles », accuse-t-elle. 

Ces attaques visent notamment les liens controversés du président avec World Liberty Financial et les privilèges accordés aux détenteurs de ses memecoins.

La bataille n’est pas terminée pour autant. Le projet doit encore survivre au vote en séance plénière du Sénat, puis affronter l’examen de la Chambre des représentants où les républicains ne détiennent qu’une faible majorité. Cette configuration politique complexe pourrait compliquer l’adoption finale du texte.

David Sacks, « tsar de l’IA et des cryptos » de l’administration Trump, reste optimiste. Il table sur un soutien bipartisan solide pour concrétiser l’adoption de la loi GENIUS. Parallèlement, la loi STABLE, son équivalent à la Chambre des représentants, poursuit son examen au sein de la Commission des services financiers.

Une transformation majeure pour l’écosystème crypto

Cette avancée législative pourrait révolutionner l’industrie des stablecoins américaine. Le cadre GENIUS impose des garanties strictes : chaque stablecoin devra être adossé à des dollars américains ou des actifs liquides équivalents. 

Les audits annuels deviendront obligatoires pour les émetteurs dépassant 50 milliards de dollars de capitalisation.

L’adoption de cette loi renforcerait considérablement la position concurrentielle des États-Unis face à d’autres juridictions crypto-friendly. Elle pourrait également stimuler une demande massive de bons du Trésor américain, les analystes prédisant des achats de 1 600 milliards de dollars de T-bills sur quatre ans. 

Cette dynamique consoliderait l’hégémonie du dollar dans l’univers crypto mondial, transformant ainsi les stablecoins en véritables piliers de la finance numérique américaine.