Crypto : Les stablecoins ne menacent pas encore la stabilité de la zone euro selon la BCE
Tandis que les stablecoins inquiètent de nombreuses banques centrales, la BCE adopte un ton étonnamment mesuré. Dans sa dernière revue de stabilité financière publiée le 20 novembre, elle estime que ces actifs ne représentent « qu’un risque limité » pour la zone euro. Une position rassurante, que l’institution justifie par une adoption encore marginale et un encadrement réglementaire déjà en place. Toutefois derrière ce calme apparent, la BCE appelle à la vigilance face à une évolution rapide du marché et aux risques transfrontaliers émergents.

En bref
- La BCE juge les risques liés aux stablecoins limités dans la zone euro, grâce à une adoption encore marginale.
- Les stablecoins sont principalement utilisés pour le trading crypto, avec peu d’usage dans les paiements ou l’économie réelle.
- La régulation MiCA encadre strictement les stablecoins, notamment en interdisant leur rémunération par intérêts.
- La BCE alerte toutefois sur la croissance rapide du marché et les risques liés aux écarts réglementaires internationaux.
Une menace contenue grâce à une adoption restreinte
Selon les analystes Senne Aerts, Claudia Lambert et Elisa Reinhold, le principal facteur de modération réside dans la faible intégration des stablecoins aux usages économiques traditionnels en Europe. Ces actifs restent confinés à des opérations au sein de l’écosystème crypto, principalement dans les activités de trading.
« À l’heure actuelle, les risques pour la stabilité financière découlant des stablecoins sont limités au sein de la zone euro », assurent les auteurs du rapport de la Banque centrale européenne, publié le 20 novembre.
Le rapport rappelle que, pour l’heure, les cas d’usage alternatifs, comme les paiements transfrontaliers ou les transactions quotidiennes, restent marginaux.
La BCE s’appuie sur plusieurs données on-chain pour justifier cette position rassurante :
- Le trading crypto représente de loin le principal cas d’usage des stablecoins, bien devant d’autres applications comme les envois de fonds ou les paiements entre particuliers ;
- Les transactions (moins de 250 dollars) ne comptent que pour 0,5 % du volume global de stablecoins, selon des données fournies par Visa ;
- Les stablecoins adossés au dollar américain, tels que l’USDT (Tether) et l’USDC (Circle), constituent 84 % du marché mondial, mais restent peu interconnectés aux marchés financiers de la zone euro ;
- L’usage des stablecoins pour des transactions impliquant des actifs réels est jugé très limité par les auteurs du rapport.
En l’état, la BCE estime donc que l’exposition de l’économie européenne à ces instruments est trop marginale pour engendrer un risque systémique. Cette configuration actuelle, bien que temporaire, permet à l’Union européenne de conserver une marge de manœuvre réglementaire sans urgence immédiate, tout en gardant l’écosystème sous étroite surveillance.
Vers une régulation mondiale des stablecoins pour anticiper les risques transfrontaliers
« La croissance rapide des stablecoins justifie une surveillance rapprochée, tandis que les risques liés à l’arbitrage réglementaire transfrontalier doivent être résolus », alerte la BCE dans le même rapport.
Si les risques actuels sont jugés faibles, la dynamique d’expansion du marché des stablecoins pourrait rapidement modifier la donne, notamment si certains acteurs exploitent les différences réglementaires entre juridictions pour contourner les normes européennes. L’Union européenne appelle ainsi à une harmonisation mondiale des cadres réglementaires, un sujet déjà mis sur la table par d’autres autorités monétaires.
Dans cette logique préventive, la BCE souligne les garde-fous apportés par le règlement MiCA, adopté par les institutions européennes. Ce cadre interdit notamment le versement d’intérêts par les émetteurs ou prestataires de services crypto sur les stablecoins, afin d’éviter toute forme de rémunération assimilable à des produits bancaires.
En parallèle, la BCE suit de près l’évolution de la régulation américaine, notamment autour du GENIUS Act, dont les premières dispositions concrètes ne sont pas attendues avant 2026 ou 2027. Ces écarts de calendrier créent des zones grises que certains émetteurs pourraient chercher à exploiter.
Au-delà de la simple régulation, l’enjeu touche également à la souveraineté monétaire européenne, remise en question par l’hégémonie du dollar dans l’univers stablecoin. Cette situation alimente les arguments en faveur d’un euro numérique, dont la phase pilote est attendue pour 2027, avec une potentielle émission en 2029.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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