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Dernier discours de Powell à la Fed ? Jackson Hole sous tension

10h00 ▪ 6 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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Ce vendredi, le président de la Réserve fédérale pourrait prononcer son dernier grand discours, dans un contexte économique tendu et sous une pression politique sans précédent. Wall Street, la Maison Blanche et l’ensemble des marchés attendent des signaux clairs. Orientation des taux, posture face à l’inflation, indépendance de la Fed : chaque mot comptera, et pourrait peser lourd.

Le président de la Fed, Jerome Powell parle dans un micophone. Du micro jaillit une énorme onde circulaire orange qui se propage en cercles concentriques vers l’extérieur de la scène.

En bref

  • Jerome Powell prononcera ce vendredi à Jackson Hole un discours majeur, dans un contexte de fortes tensions politiques et économiques.
  • L’administration Trump intensifie sa pression sur la Fed, multipliant les attaques contre Powell et d’autres membres, comme la gouverneure Lisa Cook.
  • Malgré ces tensions, Powell devrait défendre l’indépendance de la banque centrale sans céder à la provocation politique.
  • Ce discours pourrait marquer un revirement stratégique sur la gestion de l’inflation, avec une remise en question du cadre adopté en 2020.

La Fed au cœur de la tempête politique

À l’approche de son allocution à Jackson Hole, Jerome Powell fait face à une pression politique intense, menée sans détour par l’administration Trump. Ces tensions ont franchi un nouveau seuil ces dernières semaines, illustrant un climat institutionnel de plus en plus dégradé entre la Maison Blanche et la Réserve fédérale.

Voici les faits marquants de cette escalade :

  • Donald Trump continue d’exiger une baisse immédiate des taux, reprenant une rhétorique déjà observée lors de son premier mandat. La pression présidentielle est constante, y compris sur des points relevant davantage de la gestion interne que de la politique monétaire.
  • Le projet de rénovation du siège de la Fed à Washington est devenu un prétexte d’attaque : la Maison Blanche a accusé la banque centrale de mauvaise gestion des ressources publiques, une critique inhabituelle à ce niveau d’institution.
  • Lisa Cook, gouverneure de la Fed, a été personnellement visée par des accusations de fraude hypothécaire sur deux prêts garantis par l’État, une attaque interprétée par de nombreux analystes comme une tentative de déstabilisation interne.
  • Trump a envisagé de limoger Jerome Powell, un scénario déjà évoqué par le passé, mais qui avait été jusqu’ici écarté pour des raisons légales. « Il semble assez clair que Trump ne peut pas légalement le renvoyer. Il peut évidemment exercer une énorme pression sur lui », souligne Dan North, économiste chez Allianz Trade North America.

Face à ces assauts répétés, Powell pourrait profiter de sa tribune à Jackson Hole pour affirmer la nécessité de préserver l’indépendance de la banque centrale.

Son approche habituelle, décrite par Michael Arone (State Street Global Advisors) comme « se concentrant sur les données, ignorant le bruit extérieur », a jusqu’ici permis à la Fed de conserver son cap sans entrer dans un conflit ouvert. Toutefois à ce stade, toute défense publique de l’indépendance monétaire sera scrutée par les observateurs et les marchés.

Vers un tournant stratégique de la politique monétaire ?

Au-delà du tumulte politique, ce qui retiendra surtout l’attention ce vendredi, ce sont les orientations de politique monétaire que Powell pourrait dévoiler dans son discours intitulé « Economic Outlook and Framework Review ».

Les marchés anticipent une baisse des taux directeurs dès la réunion de septembre, même si Powell ne devrait pas s’engager ouvertement sur ce terrain. « Nous ne nous attendons pas à ce qu’il annonce une baisse de manière décisive, mais le discours devrait montrer clairement qu’il est en faveur d’un tel mouvement », note David Mericle, économiste chez Goldman Sachs.

Pour autant, plusieurs membres influents du comité de politique monétaire (FOMC), dont Jeffrey Schmid, président de la Fed de Kansas City, ou encore Raphael Bostic (Atlanta), ont exprimé leur scepticisme sur l’urgence d’un tel assouplissement. Le fléchissement du marché de l’emploi, bien que réel, est qualifié de « solide » par plusieurs responsables de la Fed, ce qui pourrait pousser Powell à temporiser.

Un autre point stratégique du discours pourrait être une révision partielle du cadre d’inflation adopté en 2020, lors de la crise de la Covid. À l’époque, la Fed avait opté pour une politique dite de « ciblage moyen de l’inflation », permettant de tolérer temporairement une inflation au-dessus de 2 % si cela favorisait l’emploi, notamment pour les groupes sous-représentés.

Ce choix a depuis été critiqué, certains estimant qu’il a contribué à l’emballement inflationniste de 2021-2022. Selon Matthew Luzzetti, chef économiste chez Deutsche Bank, Powell pourrait annoncer un retour à une approche plus classique et préventive : « nous nous attendons à ce que le discours appelle à un retour partiel sur les modifications de 2020 et restaure un rôle central à la préemption face à l’inflation ».

Dans ce contexte, les cryptos, et notamment le bitcoin, se retrouvent en position d’arbitres. Souvent perçu comme une couverture contre les dérives monétaires ou l’instabilité des banques centrales, le bitcoin pourrait tirer parti d’un affaiblissement du dollar ou d’un revirement trop tardif de la Fed. L’attention croissante des investisseurs institutionnels envers les cryptos renforce cette dynamique, car chaque inflexion du discours de Powell peut désormais résonner jusqu’aux carnets d’ordres des plateformes décentralisées.

Le discours de Jerome Powell à Jackson Hole s’annonce comme un tournant à plusieurs niveaux. S’il parvient à rappeler avec fermeté l’indépendance de la Fed sans céder aux attaques politiques, tout en esquissant une évolution crédible de la politique monétaire, il pourrait renforcer la crédibilité de l’institution à un moment critique. Cependant la marge de manœuvre est étroite, et les attentes contradictoires. Pour les investisseurs crypto, l’issue de ce discours ne déterminera pas seulement l’évolution des taux comme l’anticipe Goldman Sachs, mais pourrait bien annoncer un changement de paradigme monétaire dont il faudra anticiper les effets dans les mois à venir.

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Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.