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Dette : L’Italie inspire plus confiance que la France

19h00 ▪ 6 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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La hiérarchie des dettes souveraines européennes vient de basculer. Ce mardi 9 septembre, la France emprunte à un taux plus élevé que l’Italie sur les obligations à dix ans. Moins de 24 heures après la chute du gouvernement Bayrou, les marchés ont tranché : la signature française n’est plus un refuge. Ce renversement, inédit depuis plus d’une décennie, acte une perte de confiance qui touche la crédibilité budgétaire de l’État.

Le duel économique entre la France et l’Italie.

En bref

  • La France emprunte désormais à un taux plus élevé que l’Italie sur les obligations à dix ans, un basculement inédit depuis la crise de la dette.
  • Ce renversement intervient juste après la chute du gouvernement Bayrou, accentuant l’instabilité politique perçue par les marchés.
  • Les investisseurs sanctionnent l’incapacité française à maîtriser ses finances publiques, malgré une épargne domestique record.
  • Fitch doit réévaluer la note souveraine française ce vendredi 12 septembre, avec un fort risque de déclassement en catégorie A+.

La France emprunte désormais plus cher que l’Italie

Ce 9 septembre, la courbe des taux souverains français a officiellement dépassé celle de l’Italie sur le marché obligataire à dix ans, alors que la dette française va forcer la BCE à imprimer. Le rendement des OAT (Obligations Assimilables du Trésor) françaises a atteint 3,48 %, contre 3,47 % pour le BTP italien.

Ce basculement intervient au lendemain immédiat de la chute du gouvernement Bayrou, et marque la première fois depuis la crise de la dette européenne que la France inspire moins confiance que l’Italie aux yeux des marchés. Les investisseurs prennent acte de la paralysie politique actuelle et, surtout, de l’incapacité chronique à consolider les comptes publics.

Cette inversion traduit une révision en profondeur de la hiérarchie des risques souverains dans la zone euro. Plusieurs éléments ont contribué à ce retournement :

  • L’instabilité politique française provoquée par le rejet du vote de confiance, qui a fait tomber le gouvernement Bayrou lundi 8 septembre ;
  • L’absence de plan crédible de redressement budgétaire, alors que le projet de réduction du déficit de 44 milliards d’euros pour 2026 a été abandonné de facto ;
  • Une perception négative des efforts français en matière de consolidation des finances publiques, malgré des niveaux d’épargne élevés (430 milliards d’euros) ;
  • À l’inverse, l’Italie est perçue comme plus rigoureuse, bien qu’elle affiche une dette publique plus importante (138 % du PIB contre 114 % pour la France).

Comme le souligne l’économiste Christian de Boissieu : « les marchés sont impressionnés par l’ajustement du déficit public italien, et interpellés par notre difficulté à réduire significativement le nôtre ».

Son constat est appuyé par Philippe Crevel, pour qui « c’est notre instabilité politique qui est sanctionnée ». L’image de la France, longtemps considérée comme l’un des piliers de stabilité de la zone euro, est désormais entachée d’un déficit de crédibilité.

Vers une dégradation de la note souveraine ?

Au-delà du franchissement de ce seuil, l’autre point de tension majeur concerne la notation de la dette française. L’agence Fitch doit se prononcer ce vendredi 12 septembre, après clôture des marchés, sur le maintien ou la dégradation de la note actuelle AA – avec perspective négative, attribuée depuis octobre 2024.

Ce niveau est aujourd’hui le dernier rempart avant un déclassement en A+, une catégorie qui, si elle était franchie, contraindrait de nombreux investisseurs institutionnels à se désengager mécaniquement de la dette française.

Dans ses précédentes communications, Fitch avait clairement averti : « une dégradation serait envisagée en cas d’incapacité à mettre en œuvre un plan crédible d’assainissement budgétaire à moyen terme, notamment en raison de l’opposition politique ou de pressions sociales, mais aussi de perspectives de croissance nettement moins favorables ».

Or, avec la chute du gouvernement Bayrou, le rejet de son plan de réduction du déficit de 44 milliards d’euros pour 2026, et l’absence de cap budgétaire clair à l’horizon, la perspective d’un déclassement n’a jamais été aussi sérieuse.

Une baisse de notation entraînerait une hausse mécanique des taux, déjà en progression, et donc un alourdissement supplémentaire du service de la dette, estimé à 62 milliards d’euros pour cette année.

Si la note chute, la spirale haussière des taux pourrait s’accélérer, affaiblissant un peu plus la position financière de l’État et limitant sa marge de manœuvre budgétaire. Cette situation risque de détériorer la perception de la France sur les marchés, au moment même où les besoins de financement restent structurellement élevés.

Dans ce climat d’incertitude politique et de défiance envers la dette publique, certains investisseurs institutionnels commencent à se tourner vers des actifs non souverains, perçus comme déconnectés des fragilités budgétaires étatiques. Le bitcoin, en particulier, regagne de l’attention comme réserve alternative de valeur. Sa nature décentralisée, son offre limitée et sa résistance à la manipulation politique renforcent son attrait auprès de ceux qui redoutent une spirale inflationniste ou une restructuration de la dette.

L’inversion de la courbe des taux entre la France et l’Italie marque un basculement dans la perception du risque souverain, qui conjugue désormais doute budgétaire, défiance politique et incertitude institutionnelle. Tandis que Rome récolte les fruits de réformes douloureuses, mais efficaces, Paris paie le prix de l’immobilisme et du désordre politique, ce qui pourrait conduire à une mise sous tutelle du FMI. Si Fitch venait à acter une dégradation dans les jours à venir, le signal envoyé aux marchés serait lourd de conséquences.

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Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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