A
A

Ethereum - Modification de la masse monétaire en vue

jeu 04 Avr 2024 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.
S'informer Staking

La fondation Ethereum veut de nouveau modifier la politique monétaire d’Ethereum. En cause, le nombre grandissant de validateurs…

ethereum

Gros changements lors du fork Electra ?

Face à Vitalik qui propose d’instaurer une limite maximale au nombre de validateurs, Mike Neuder plaide plutôt pour une réduction de l’émission de nouveaux Ether versés aux validateurs.

« Nous pensons que la modification de la courbe d’émission des récompenses devrait être sérieusement envisagée pour le fork Electra », a déclaré le chercheur de la Fondation Ethereum dans un article publié le 30 mars.

Certains s’y opposent déjà, arguant que de telles modifications de la politique monétaire d’Ethereum minerait la confiance dans le réseau Ethereum.

Eric.eth, coauteur de l’importante proposition d’amélioration d’Ethereum (EIP-1559, à propos du calcul des frais de transaction), a déclaré :

« Je vois que des chercheurs envisagent de plus en plus de modifier le rythme d’émission des ETH. Le mépris général pour les efforts que nous avons déployés pendant une décennie pour faire de l’ETH une monnaie est inquiétant. Je combattrai cette idée de toutes mes forces. »

Ses commentaires font écho à ceux qui estiment que des modifications fréquentes de la politique monétaire érodent la confiance des utilisateurs et des investisseurs. Pour eux, une telle instabilité ne colle pas avec le slogan « Ultra Sound Money » d’Ethereum.

À ce propos, ne manquez pas notre article comparant les rythmes d’émission des ETH et des bitcoins : Bitcoin vs Ethereum. Nous y écrivions :

« La masse monétaire d’Ethereum dépend de deux paramètres. Il y a création d’ETH via les récompenses versées aux validateurs. Plus il y a de validateurs et plus la quantité d’ETH augmente rapidement. Ce système s’appelle le « staking ».

Cette création monétaire est plus ou moins compensée par la destruction d’une partie des frais de transaction (« burn »). L’augmentation du nombre de transactions provoque une augmentation exponentielle des frais de transaction et donc du nombre d’ETH détruits. »

Du Pow au PoS

Les récompenses par bloc ont diminué à plusieurs reprises au cours de l’histoire d’Ethereum. Elles étaient de 5 ETH à son lancement en 2015. Elles tombèrent à 3 ETH suite au fork Byzantium de 2017. Et puis 2 ETH à partir de 2019.

Tout a changé depuis le passage en Proof of Stake en 2022. Les récompenses sont désormais émises à un taux de 166 fois la racine carrée de la somme des ETH déposés en « staking ». Cette formule signifie que le rythme de création de nouveaux ETH augmente au fur et à mesure que le staking augmente.

Samuel Haig explique dans cet article qu’un million d’ETH déposés en staking génère des récompenses de 166 000 ETH par an. Si 100 millions d’ETH sont déposés, l’émission annuelle passe à 1,66 million d’ETH.

Actuellement, environ 31 millions d’ETH ont été déposés, soit à peu près 26 % de l’ensemble des ETH en circulation. Or, pour Mike Neuder, un autre chercheur de la Fondation Ethereum, le staking va encore augmenter au cours des années à venir.

En sachant que, forcément, des ETH déposés en staking sont des ETH qui ne circulent plus. C’est autant d’ETH qui ne généreront plus de frais de transaction. En clair, l’augmentation du nombre de validateurs provoque un cercle vicieux :

Augmentation du nombre d’ETH versés aux validateurs et diminution du « burn » des ETH.

Il semblerait fort que le concept de Proof of Stake soit en train de tourner au fiasco…

Les problèmes d’un nombre grandissant de validateurs

Pour les développeurs @adietrichs et @casparschwa, la tournure des évènements est inquiétante pour plusieurs raisons :

-Diminution du rendement réel du staking : « Les rendements réels tendent vers zéro au fur et à mesure que le staking approche 100 % des ETH en circulation ».

En effet, si tout le monde dépose ses ETH en staking, plus personne n’y gagne. Les récompenses sont annulées par l’effet inflationniste.

-Spoliation des utilisateurs : « Un staking s’approchant de 100 % augmenterait fortement la pression inflationniste sur les utilisateurs ».

Et quoi de plus naturel. Plus il y a de validateurs recevant toujours plus d’ETH et plus il y aura d’inflation. Ces ETH nouvellement émis viennent diluer la valeur des ETH des utilisateurs lambda.

-Centralisation : « Quelques jetons de staking comme Lido (qui détient actuellement 30 % de tous les ETH déposés en staking) pourraient exercer une influence excessive sur le protocole d’Ethereum. Cela poserait des risques pour la décentralisation et la gouvernance du réseau ».

En somme, maintenant que le Staking n’est plus la chasse gardée d’une minorité de profiteurs, les règles changent… Il faut désormais réduire l’incitation à devenir un validateur. L’idée serait que les récompenses tendent vers zéro au-delà d’un certain niveau de staking.

Le rendement est actuellement de 2,65 % par an pour les validateurs. À 80 millions d’ETH déposés en staking, ce rendement chuterait à 2 %. Ce ne serait plus que de 1 % avec la nouvelle formule qu proposent certains chercheurs de la fondation Ethereum.

Ainsi, dix-huit mois après The Merge, nous découvrons qu’Ethereum n’ayant pas vraiment d’utilité réelle, nous aurons de plus en plus de validateurs et de moins en moins de transactions.

Maximisez votre expérience Cointribune avec notre programme 'Read to Earn' ! Pour chaque article que vous lisez, gagnez des points et accédez à des récompenses exclusives. Inscrivez-vous dès maintenant et commencez à cumuler des avantages.


A
A
Nicolas T. avatar
Nicolas T.

Reporting on Bitcoin, "the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy".

DISCLAIMER

Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.