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Euro numérique : La BCE passe à la vitesse supérieure

8h10 ▪ 6 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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Tandis que l’équilibre monétaire mondial se reconfigure sous la pression des technologies numériques et des ambitions souveraines, l’Europe passe à l’offensive. Le 29 octobre, la BCE a validé une nouvelle phase technique du projet d’euro numérique, pierre angulaire d’un futur système de paiement européen. L’objectif est de lancer, d’ici 2029, une monnaie digitale publique capable de rivaliser avec les solutions privées et les initiatives étrangères, tout en garantissant la maîtrise monétaire au sein de la zone euro.

Une femme symbolisant la BCE, debout, tient un sceptre numérique dressé à la verticale devant elle, les deux mains autour du manche, comme un symbole de pouvoir. Le sceptre numérique en forme du symbole de l’euro numérique « € » en haut, rayonnant d’énergie, éclairant tout autour d’elle comme une source divine ou technologique.

En bref

  • La Banque centrale européenne a lancé la phase de préparation technique de l’euro numérique ce 29 octobre 2025.
  • Cette étape vise à tester les infrastructures, affiner les cas d’usage et préparer un projet pilote prévu pour mi-2027.
  • Si le cadre législatif européen est adopté d’ici 2026, un déploiement progressif pourrait commencer dès 2029.
  • Le projet déclenche des débats intenses au sein des institutions européennes, notamment sur les enjeux de vie privée et de centralisation.

La BCE enclenche la phase technique : vers un lancement progressif en 2029

Le 29 octobre, le Conseil des gouverneurs de la BCE a officiellement décidé de passer à une nouvelle phase du projet d’euro numérique. Cette étape vise à « se préparer techniquement à un lancement potentiel ».

Concrètement, cela signifie que les équipes de l’Eurosystème vont entamer les développements techniques, tester des infrastructures, affiner les cas d’usage et organiser la distribution de cette monnaie numérique à travers les banques et prestataires de services de paiement.

La BCE précise qu’un « pilote pourrait être conduit dès mi-2027 », sous réserve que le cadre législatif soit finalisé à temps. L’échéance visée pour un lancement progressif reste l’année 2029, déjà évoquée à plusieurs reprises par les responsables européens.

Cette nouvelle phase succède à la période d’investigation entamée fin 2023. Elle marque une volonté claire de la BCE d’anticiper tout feu vert politique, sans pour autant précipiter une mise en œuvre définitive. Selon les termes du Conseil des gouverneurs, cette étape reste purement préparatoire. Concrètement, les prochaines années seront consacrées à :

  • Développer les infrastructures techniques de l’euro numérique, en assurant robustesse, sécurité et interopérabilité avec les systèmes existants ;
  • Évaluer les modalités de distribution de la monnaie, notamment le rôle des banques commerciales et des fournisseurs de services de paiement ;
  • Conduire des tests à grande échelle, à travers un projet pilote envisagé dès mi-2027, afin d’identifier les usages concrets et d’obtenir des données on-chain pour les éventuels ajustements nécessaires ;
  • Finaliser les aspects fonctionnels, notamment en ce qui concerne l’expérience utilisateur, l’inclusion financière et l’utilisation hors ligne.

L’ensemble de ces travaux vise à garantir que, si les conditions politiques sont réunies, l’Eurosystème sera en capacité de déployer une version opérationnelle de l’euro numérique à l’horizon 2029. La BCE rappelle cependant que cette phase n’équivaut pas à une validation politique du projet.

Une bataille politique et sociale loin d’être gagnée

Au‑delà des considérations institutionnelles, le projet d’euro numérique suscite déjà des débats nourris parmi les parties prenantes. Si la BCE souhaite un déploiement en 2029, encore faut-il que le Parlement européen adopte la législation nécessaire.

Cependant, le débat parlementaire traîne depuis 2023, ralenti par de fortes dissensions internes et par les élections européennes de 2024. De nombreux États membres, ainsi que des représentants du secteur bancaire, expriment des réserves.

Le projet est perçu par certains comme une tentative de centralisation excessive, susceptible de bouleverser les équilibres économiques et de remettre en cause la confidentialité des paiements. En septembre, Piero Cipollone, membre du directoire de la BCE, a néanmoins affiché un certain optimisme, déclarant que « le Parlement pourrait parvenir à un consensus d’ici mai 2026 ».

Les réticences exprimées sont loin d’être marginales. Plusieurs acteurs redoutent que l’introduction d’un euro numérique favorise une désintermédiation du système bancaire traditionnel, au profit d’une infrastructure directement contrôlée par les banques centrales.

De plus, la question de la vie privée alimente les critiques. Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les capacités de surveillance qu’un tel système pourrait impliquer. À ces inquiétudes, la BCE répond en mettant en avant les bénéfices potentiels : une meilleure inclusion financière, un outil de résilience face aux cyberattaques ou aux crises systémiques, et la garantie d’un moyen de paiement numérique public, gratuit et universel. « Le digital euro garantirait à tous les Européens un accès à un moyen de paiement numérique accepté partout, y compris en cas de guerre ou d’attaque cyber », a affirmé Cipollone.

L’avenir de l’euro numérique, qui divise encore les décideurs européens, dépendra donc autant de la réussite technique de son développement que de sa capacité à convaincre les citoyens et les décideurs. L’Eurosystème devra donc assurer la protection des données personnelles, maintenir un équilibre entre secteur public et privé, et éviter un rejet populaire. Dans cette perspective, les deux années à venir seront capitales. Si un cadre législatif clair émerge d’ici 2026, l’Europe pourrait se doter d’un outil stratégique face aux géants du paiement et aux monnaies privées.

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Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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