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Euro numérique : L’Italie plaide pour une mise en oeuvre progressive

13h00 ▪ 5 min de lecture ▪ par Fenelon L.
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L’Italie apporte son soutien au projet d’euro numérique de la Banque centrale européenne (BCE), mais pose ses conditions. Les banques transalpines, tout en saluant cette initiative de souveraineté numérique, demandent un effort financier réparti dans le temps. Face à des investissements qui pèsent lourd, le secteur bancaire italien souhaite éviter un choc budgétaire. Cette position trouvera-t-elle écho auprès d’autres pays européens ?

Banquier italien méfiant observe un euro numérique flottant, ambiance tendue, style comics années 70, couleurs contrastées orange et bleu.

En bref

  • Les banques italiennes approuvent le projet d’euro numérique de la BCE tout en réclamant un étalement des coûts de mise en œuvre sur plusieurs années.
  • Marco Elio Rottigni, directeur général de l’Association bancaire italienne, défend le concept de « souveraineté numérique » européenne.
  • Le projet se heurte à la résistance de certaines banques françaises et allemandes qui craignent une fuite des dépôts bancaires.
  • L’Italie plaide pour une « double approche » combinant l’euro numérique et les monnaies numériques émises par les banques commerciales.

L’Italie entre enthousiasme et pragmatisme financier

L’Association bancaire italienne (ABI) a exprimé vendredi son soutien au projet d’euro numérique lors d’un séminaire de presse à Florence. Marco Elio Rottigni, son directeur général, a salué cette initiative qu’il considère comme un « concept de souveraineté numérique ». Pourtant, derrière cet enthousiasme se cache une préoccupation majeure : le poids financier du projet.

« Les coûts du projet sont toutefois très élevés au regard des dépenses d’investissement que les banques doivent supporter », a déclaré Rottigni. Les établissements italiens réclament donc que ces coûts soient étalés dans le temps. 

Cette demande survient alors que le secteur bancaire européen fait face à de multiples défis technologiques et réglementaires. Les banques doivent déjà investir massivement dans la cybersécurité, la conformité réglementaire et la modernisation de leurs infrastructures.

La position italienne contraste avec celle de certaines banques françaises et allemandes. Ces dernières manifestent une résistance plus franche, craignant qu’un portefeuille numérique soutenu par la BCE ne draine les dépôts des établissements commerciaux. Cette inquiétude n’est pas anodine : un transfert massif des dépôts vers l’euro numérique pourrait fragiliser le modèle économique traditionnel des banques.

Rottigni propose une solution pragmatique : adopter une « double approche ». Cette stratégie combinerait l’euro numérique de la BCE avec des monnaies numériques émises par les banques commerciales. 

« Ce que l’Europe ne doit surtout pas faire, c’est prendre du retard », a-t-il insisté. Cette déclaration fait écho aux ambitions européennes face à la concurrence internationale, notamment chinoise et américaine, dans le domaine des monnaies numériques.

Un calendrier ambitieux malgré les obstacles

Le Conseil des gouverneurs de la BCE a approuvé fin octobre le passage à la phase suivante du projet, après deux années de préparation. 

Une phase pilote doit débuter en 2027, avec un déploiement complet provisoirement prévu pour 2029. Ce calendrier reste toutefois conditionné à l’adoption de la législation européenne en 2026, un processus qui s’annonce complexe et politiquement sensible.

La BCE a déjà franchi des étapes concrètes. Le mois dernier, elle a finalisé des accords-cadres avec sept fournisseurs technologiques, dont le spécialiste de la détection des fraudes Feedzai et la société de sécurité Giesecke+Devrient. 

Ces partenariats visent à développer des fonctionnalités innovantes, comme la « recherche d’alias ». Cette fonction permettra aux utilisateurs d’effectuer des paiements sans connaître les détails techniques du destinataire ni ses capacités de paiement hors ligne.

Le député européen Fernando Navarrete, qui pilote l’examen parlementaire, a récemment présenté un projet de rapport préconisant une version allégée de l’euro numérique. L’objectif : protéger les systèmes de paiement privés comme Wero, lancé par quatorze banques européennes. Cette approche témoigne de la volonté de trouver un équilibre entre innovation publique et préservation de l’écosystème privé.

Au-delà de l’Europe, 137 pays et unions monétaires représentant 98 % du PIB mondial étudient actuellement la création d’une monnaie numérique de banque centrale. Cette course mondiale illustre l’enjeu stratégique des CBDC. 

Christine Lagarde, présidente de la BCE, continue de défendre le projet comme un « symbole de confiance » et un outil de souveraineté financière européenne, malgré les critiques sur les risques de surveillance et de centralisation.

L’euro numérique se trouve à un carrefour stratégique. Si l’Italie montre la voie d’un soutien conditionné, le projet reste confronté à des résistances financières, politiques et sociétales majeures. La BCE devra convaincre non seulement les banques commerciales, mais aussi les citoyens européens.

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Fenelon L.

Passionné par le Bitcoin, j'aime explorer les méandres de la blockchain et des cryptos et je partage mes découvertes avec la communauté. Mon rêve est de vivre dans un monde où la vie privée et la liberté financière sont garanties pour tous, et je crois fermement que Bitcoin est l'outil qui peut rendre cela possible.

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.