Faut-il geler les bitcoins de Satoshi pour contrer les menaces quantiques ?
Et si un quart des bitcoins en circulation risquaient d’être volés à cause d’une faille crypto ? Ce scénario, désormais pris au sérieux, pousse Jameson Lopp et d’autres développeurs à proposer une mesure inédite : geler les BTC stockés sur des adresses vulnérables aux attaques quantiques. Parmi eux, les fonds mythiques de Satoshi Nakamoto. Il s’agit d’une initiative explosive, entre nécessité de sécurisation et remise en cause des principes fondateurs du protocole.
En bref
- Une nouvelle proposition BIP vise à prévenir les risques liés à l’informatique quantique en gelant certains bitcoins vulnérables.
- Présentée par Jameson Lopp et cinq autres développeurs, cette proposition prévoit d’interdire l’utilisation des anciennes adresses jugées non sécurisées.
- Environ 25 % des bitcoins en circulation seraient concernés, dont les 1 million de BTC supposés appartenir à Satoshi Nakamoto.
- Cette initiative déclenche un débat intense au sein de la communauté, tant pour ses implications techniques que philosophiques.
Geler les bitcoins vulnérables : une proposition sans précédent
Tandis que Trump prépare un plan pour faire exploser le bitcoin, Jameson Lopp a présenté ce 15 juillet une Bitcoin Improvement Proposal (BIP) radicale visant à neutraliser progressivement les bitcoins stockés dans des adresses jugées vulnérables aux attaques quantiques.
Co-écrite avec cinq autres développeurs, cette proposition repose sur un mécanisme d’incitation : forcer les détenteurs de ces BTC à migrer vers des adresses post-quantiques sous peine de perdre l’accès à leurs fonds.
« Cela transforme la sécurité quantique en une incitation privée. Si vous ne migrez pas (vers un nouveau type d’adresse), vous perdrez certainement l’accès à vos fonds », résume le document. L’objectif est de prévenir un effondrement de confiance provoqué par la compromission massive de clés privées via l’informatique quantique.
La proposition s’articule en plusieurs étapes concrètes :
- L’interdiction progressive de l’envoi de BTC vers les anciennes adresses vulnérables ;
- Le blocage de toute dépense depuis ces adresses après un délai de cinq ans, sauf migration préalable ;
- La phase optionnelle (à définir via une future BIP) permettant la récupération post-quantique des fonds gelés.
Selon une étude de Deloitte, environ 25 % des bitcoins en circulation seraient concernés, dont les 1 million de BTC supposément détenus par Satoshi Nakamoto. Si ces actifs venaient à être déverrouillés et remis en circulation à la suite d’une attaque quantique, le réseau subirait une pression de vente sans précédent, qualifiée de « d’événement de liquidation » par Lopp.
Les auteurs de la proposition insistent sur le caractère historique de ce moment pour le bitcoin : « Jamais auparavant le bitcoin n’a été confronté à une menace existentielle pour ses primitives crypto ». Face à une attaque jugée inévitable à moyen terme, le statu quo pourrait coûter bien plus cher que l’adoption de cette mesure exceptionnelle.
Un défi de consensus et de mise en œuvre pour la communauté Bitcoin
Au-delà de son contenu, la proposition de Lopp déclenche d’importants défis techniques et politiques. D’une part, l’adoption d’une BIP repose sur un consensus communautaire complexe, souvent lent à se former.
« Si la communauté Bitcoin ne peut pas s’unir et trouver un consensus » prévenait déjà Lopp en mai dernier, « alors elle s’expose à un risque collectif majeur ». Par ailleurs, les signatures crypto dites post-quantiques impliquent une augmentation significative de la taille des données, ce qui ravive d’anciens débats sur la scalabilité du réseau.
Hunter Beast, ingénieur chez Anduro, a par exemple introduit une autre proposition (BIP 360) pour intégrer de nouveaux types d’adresses post-quantiques, mais avec des niveaux de sécurité encore à débattre.
Parallèlement, d’autres développeurs avancent des idées alternatives. Michael B. Casey, directeur de l’ingénierie chez Marathon, a proposé une solution baptisée « Hourglass », visant à limiter le débit des transactions provenant de wallets anciens sans pour autant les geler.
Cela montre que la communauté explore divers scénarios, souvent concurrents, pour répondre au même problème : comment garantir la sécurité du réseau Bitcoin face à une menace encore abstraite, mais dont la fenêtre de matérialisation se réduit rapidement.
Si cette proposition venait à être acceptée, elle inaugurerait une ère nouvelle pour le bitcoin, dans laquelle la sécurité crypto ne serait plus seulement l’affaire des individus, mais aussi du protocole lui-même. À l’inverse, un refus de modification pourrait maintenir l’intégrité du système actuel, au prix d’un pari risqué sur les délais d’avancée technologique.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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