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BCE - Fin de la hausse des taux

sam 28 Oct 2023 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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La banque centrale européenne (BCE) s’est alignée sur la Fed en mettant fin à la hausse des taux. Pourtant, l’inflation repart déjà à la hausse.

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Fin du resserrement monétaire pour la BCE

Après une série de 10 hausses consécutives, la BCE a maintenu son taux directeur inchangé à 4,50 %.

« La transmission des précédentes hausses des taux aux conditions de financement demeure vigoureuse. Ceci freine de plus en plus la demande et contribue ainsi au ralentissement de l’inflation », a déclaré Christine Lagarde.

Les taux d’intérêt pour les prêts aux entreprises et les prêts immobiliers atteignent respectivement 5 % et 4 %. En France, jamais la demande de logements neufs n’a été aussi basse, déclare l’INSEE dans son dernier rapport trimestriel.

Concernant le Quantitative Easing (QE), rappelons qu’environ 2/3 du portefeuille obligataire de la BCE est constitué de dettes rachetées sous l’égide du programme APP (Asset Purchase Program), introduit en 2015. Le tiers restant fut acheté via le programme PEPP, adopté à la suite de la psychose Covid. Soit près de 5 000 milliards d’euros en tout.

La banque centrale européenne laisse une portion de ces obligations arriver à échéance sans en racheter davantage. Il en résulte que son bilan diminue d’approximativement 30 milliards d’euros par mois.

C’est moins que son homologue américaine qui vend de surcroît des titres. Si bien que son bilan baisse de 90 milliards de dollars par mois. Dit autrement, la Fed réduit son bilan trois fois plus vite que la BCE.

Toutefois, la BCE n’écarte pas de nouveaux resserrements monétaires si nécessaire :

« Le fait que nous ayons cessé de rehausser les taux ne signifie pas que nous ne les remonterons jamais plus. »

La présidente de la BCE a même prévenu que l’inflation restera quoi qu’il arrive trop élevée un certain temps encore, concédant que le récent tassement de l’inflation à 4,30 % est avant tout lié à « un effet de base ».

Désormais, tous les regards se tournent vers le Moyen-Orient d’où viendra très probablement la prochaine vague inflationniste.

Risques géopolitiques

Christine Lagarde a fait remarquer que « les prix de l’énergie sont repartis à la hausse » et qu’ils sont devenus « moins prévisibles en raison des nouvelles tensions géopolitiques ».

En effet, le conflit israélo-palestinien menace d’embraser le Moyen-Orient. Le ton monte, générant au passage des inquiétudes quant à l’approvisionnement mondial en pétrole et gaz. Ce dernier s’est encore plus apprécié que le bitcoin cette semaine…

Et n’oublions pas qu’il y a cinquante ans, les pays membres de l’OPEC initiaient un embargo envers les pays occidentaux supportant Israël :

« Reportage de NBC Nightly News, il y a 50 ans ce soir, sur le début de l’embargo sur le pétrole arabe en 1973. »

Rebelote en 2023 ? Le Parlement de l’Est de la Libye vient d’appeler à l’arrêt immédiat des exportations de pétrole et de gaz vers l’Italie, la France, les États-Unis et le Royaume-Uni…

[Nous avons parlé du scénario catastrophe d’une fermeture du détroit d’Ormuz par où transite 50 % des exportations de pétrole par voie maritime : Israël vs Iran – Le scénario inflationniste]

Que fera la BCE en cas d’inflation à deux chiffres cet hiver ?… Et quid de l’inflation « structurelle », celle émanant de la raréfaction énergétique naturelle ?

La plupart des gens ne réalisent pas à quel point l’ensemble du système financier dépend d’un approvisionnement énergétique croissant et peu coûteux à produire.

Le remboursement de la dette avec intérêts devient un Ponzi si la croissance de la production d’énergie est insuffisante. Plus nous nous approcherons des limites énergétiques et plus la dette se transformera en fuite en avant inflationniste.

Choix cornélien

La combinaison de taux d’intérêt et d’inflation élevés oblige les citoyens ordinaires à réduire leurs dépenses. Il en résulte que les gouvernements voient leurs recettes fiscales diminuer précisément au moment où les citoyens ont le plus besoin d’aides sociales.

Les finances publiques sont également prises en tenaille par l’augmentation du service de la dette à cause des taux d’intérêt plus élevés.

C’est le problème auquel les banques centrales sont confrontées aujourd’hui : peut-on rehausser les taux jusqu’à ce que l’inflation baisse sans provoquer des défauts de paiement ? En effet, la situation d’aujourd’hui n’est plus comparable à celles des périodes inflationnistes passées.

Les hausses importantes des taux d’intérêt dans les années 1970 par Paul Volcker furent en grande partie possibles par la forte croissance de la production mondiale d’énergie et la faible dette. Or, la situation est très différente aujourd’hui.

Nous avons atteint le pic de production de pétrole en novembre 2018. La production de pétrole diminue ! Ce qui augmente, c’est la dette, en particulier la dette publique. D’où la déclaration de Christine Lagarde ce jeudi :

« Les politiques budgétaires devraient être conçues pour rendre notre économie plus productive et pour réduire progressivement la dette publique ».

Le président de la Fed n’a pas dit autre chose quelques jours plus tôt. Plus facile à dire qu’à faire cela dit. Gageons plutôt que les politiques forceront tôt ou tard les banques centrales à ressortir leurs planches à billets.

Ajoutez à tout ça les relents de troisième guerre mondiale et le décor semble planté pour des évènements inquiétants. Notamment des défauts de paiement importants.

D’où le plan B nommé CBDC ? Une monnaie rendant possible le rationnement de produits importés et les taux négatifs pour maintenir le ponzi à flot.

In fine, nous nous dirigeons vers la stagflation. Faible croissance et inflation sont la nouvelle norme. D’où le succès grandissant du Bitcoin qui apparaît comme LA couverture face aux tensions énergétiques et géopolitiques.

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Nicolas T.

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