La Chine lâche le dollar, Bitcoin s’impose comme alternative
L’internationalisation de la monnaie chinoise n’est plus un fantasme. La croissance des paiements à l’international en yuan est fulgurante. Le Bitcoin en embuscade.
En bref
- La Chine réalise 50 % de ses paiements internationaux dans sa propre monnaie.
- Le système de paiement international chinois affiche une croissance annuelle de 40 %.
- Le monde aura bientôt besoin d’une nouvelle monnaie de réserve internationale. L’or et le Bitcoin en embuscade.
Dollar vs Yuan
Nous écrivions il y a peu que la Chine se débarrasse de la dette américaine. Cette semaine, The Economist titre que la Chine abandonne aussi les paiements en dollars.
L’article est réminiscent d’un discours prononcé au mois de juin par le gouverneur de la banque centrale chinoise. Pan Gongsheng avait déclaré que le système financier mondial devenait « multipolaire » et que le dollar serait dorénavant en concurrence avec d’autres devises.
D’après la Banque centrale chinoise, plus de 30 % des échanges commerciaux chinois de biens et services s’effectuent désormais en yuan. Le chiffre grimpe même à 50 % si l’on ajoute les flux financiers. Ces flux financiers comprennent les investissements étrangers en Chine, et vice versa (financement des nouvelles routes de la soie).
« Multipolarité » est le mot fétiche de l’alliance des BRICS récemment renforcée par six nouveaux membres (Iran, Égypte, Émirats arabes unis, Arabie Saoudite et Éthiopie). La salle d’attente est en outre bien garnie. Le club pèse pour plus de 30 % du PIB mondial. C’est quasiment 50 % si l’on ajoute les pays qui se bousculent au portillon.
Leur ambition est clairement de dédollariser les échanges, une stratégie qui porte déjà ses fruits. Le billet vert ne représente plus que 42 % des réserves de change mondiales (l’or est en forte hausse).
Par ailleurs, comme nous le disions en introduction, la part du dollar dans les paiements internationaux est également sur le déclin.
SWIFT vs CIPS
Des rapports tels que ceux de FXC Intelligence ou de Grand View Research estiment les paiements transfrontaliers mondiaux à environ 200 000 milliards de dollars par an (hors produits dérivés, FX, etc.).
Le système SWIFT traite encore l’essentiel de ces paiements, mais peut-être plus pour longtemps. Des systèmes tels que le CIPS (yuan), Fedwire (dollar), TARGET2 (euro) et des réseaux plus petits (le SPFS russe) gagnent du terrain.
Les volumes du système de paiement international chinois CIPS (Cross-Border International Payment System) affichent une croissance extraordinaire. Plus de 175 000 milliards de yuans (24 470 milliards de dollars) en 2024, soit une hausse de 43 % par rapport à 2023 ! Et la tendance actuelle suggère une nouvelle hausse de 35 à 45 % en 2025.
En tout, plus de 1 700 banques basées dans 119 pays se sont déjà raccordées au réseau. Dit autrement, la Chine peut facilement commercer avec d’autres pays sans passer par le système SWIFT et le dollar. Moscou et Pékin réalisent par exemple plus de 95 % de leurs échanges en yuans et en roubles, sans passer par le système SWIFT.
Et même s’il est vrai que 80 % des paiements CIPS passent par le système SWIFT, un abandon complet est possible en cas de guerre commerciale totale.
En somme, si la part du yuan dans les paiements internationaux reste bien inférieure à celle du dollar, les choses pourraient être bien différentes d’ici une poignée d’années.
Un mal pour un bien ?
Le dollar a chuté d’environ 11 % au cours du premier semestre, mettant fin à un cycle haussier de 15 ans. Ce fut la plus forte baisse depuis 50 ans. Et malgré un rebond au cours de l’été, Morgan Stanley anticipe une chute de 10 % supplémentaires d’ici la fin de l’année prochaine.
« Nous sommes probablement à l’entracte plutôt qu’à la fin », a déclaré David Adams, responsable FX chez Morgan Stanley. « Le deuxième acte de l’affaiblissement du dollar devrait se produire au cours des 12 prochains mois, à mesure que les taux d’intérêt et la croissance américains convergent vers ceux du reste du monde. »
En effet, les marchés s’attendent à ce que la Fed abaisse son taux directeur pour la première fois depuis un an ce jeudi, ce qui pèsera sur le dollar.
Il sera plus coûteux pour les Américains de voyager à l’étranger et les importations seront plus chères, sans compter les taxes douanières. Il en résultera plus d’inflation et/ou moins d’importations.
Une baisse des importations serait bienvenue. Donald Trump espère également que la dévaluation du dollar relancera les exportations. Il le faudra bien puisque le reste du monde ne veut plus financer leur dette gargantuesque. Résorber le déficit commercial est désormais une priorité nationale.
Ce qui nous amène au sujet qui nous intéresse : Bitcoin.
Le compromis Bitcoin
Pourquoi les États-Unis font-ils soudainement preuve de bienveillance vis-à-vis du bitcoin ? N’est-il pas une menace directe au statut de monnaie de réserve internationale du dollar ? Absolument.
Mais ne cherchons pas midi à quatorze heures. Washington s’est tout simplement rendu compte que le fameux « privilège exorbitant » du dollar n’en est plus un.
Quel est donc ce privilège ? C’est très simple. Les nations exportatrices gardent en réserve la monnaie internationale (le dollar). Plus précisément, elles placent ces dollars dans la dette publique américaine pour engranger des intérêts.
Ce système (dit du pétrodollar) permet aux États-Unis d’afficher un déficit chronique de leur balance commerciale sans que le dollar s’effondre. Pourquoi ? Parce que l’argent revient au bercail du fait que les banques centrales étrangères placent leurs réserves dans les bons du Trésor.
Problème, la Chine ne veut plus financer la dette américaine, et la Russie non plus. De nombreuses nations se tournent vers l’or, désormais seconde monnaie de réserve devant l’euro. Le quart des réserves internationales est à présent investi dans l’or.
Bien entendu, il est peu probable que les Américains acceptent le yuan en paiement… Ils n’accepteront que de commercer à armes égales.
D’où l’intérêt pour le bitcoin. Vendre les stocks d’or pour acheter une monnaie de réserve apatride et existant en quantité absolument finie permettrait d’affaiblir la Russie et la Chine qui misent sur l’or depuis près de deux décennies.
Michael Saylor s’est rendu ce mardi du côté de la Maison Blanche pour faire avancer le dossier de la réserve stratégique de bitcoins. Votre serviteur serait très surpris que les États-Unis abandonnent finalement le bitcoin.
Si tout se passe comme prévu, nous sommes à l’aube du plus long Bull Run de l’histoire du bitcoin. Ne manquez pas notre article : Bitcoin : Vers de nouveaux sommets avant la fin de l’année ?
Maximisez votre expérience Cointribune avec notre programme 'Read to Earn' ! Pour chaque article que vous lisez, gagnez des points et accédez à des récompenses exclusives. Inscrivez-vous dès maintenant et commencez à cumuler des avantages.
Reporting on Bitcoin and geopolitics.
Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.