La Chine se débarrasse du dollar à un rythme record

La Chine accélère sa dédollarisation avec des ventes records de bons du Trésor US. Le monde aura bientôt besoin d’une nouvelle monnaie de réserve : Bitcoin.

La Chine n’investit plus dans la dette US

La Chine s’est délestée de l’équivalent de 53 milliards de dollars en bons du Trésor au cours du premier trimestre. Ses réserves placées dans la dette US sont au plus bas depuis 2009, à 767 milliards de dollars.

D’après les données du Trésor US, la Chine détient moins de 10 % des 8 100 milliards en bons du Trésor détenus en réserve au niveau mondial. Et seulement 2.2 % de la dette totale des États-Unis qui atteint 34 537 milliards de dollars.

China just dumped the largest amount of U.S. Treasuries and Agency Debt in history. Probably Fine pic.twitter.com/GrqWIq3Jcp

— Barchart (@Barchart) May 16, 2024

Le Japon est le pays qui en détient le plus (1 187 milliards de dollars). Viennent ensuite la Chine, le Royaume-Uni (728 milliards $), le Luxembourg (400 milliards $), le Canada (359 milliards $), l’Irlande (317 milliards $) ou encore la Belgique (317 milliards $).

Les ventes massives de la Chine sont probablement des représailles au bannissement de TikTok ainsi qu’aux récentes hausses des droits de douane sur tout une série de produits chinois. Donald Trump menace de les élever à 60 % en cas de réélection en septembre.

« La vente des titres de dette américaine par la Chine pourrait s’accélérer avec la reprise de la guerre commerciale entre les deux nations », déclare Stephen Chiu, stratège FX en Asie pour Bloomberg Intelligence.

A contrario, les relations diplomatiques et économiques sont au beau fixe avec la Russie. Actuellement en Chine pour son premier voyage à l’étranger depuis sa réélection, Vladimir Poutine y a déclaré :

« La décision commune prise au moment opportun de veiller à ce que les transactions soient effectuées dans nos monnaies nationales a donné une forte impulsion à nos échanges commerciaux. Aujourd’hui, 90 % des paiements sont effectués en roubles et en yuans ».

La dédollarisation gagne du terrain et les dix nations des BRICS ne sont pas en reste. A ce propos, ne manquez pas notre article : Le FMI voit le dollar faire place à d’autres monnaies de réserve.

Dédollarisation = Inflation

Cela fait 37 mois consécutifs que l’inflation annuelle n’a pas été inférieure à 3 % aux États-Unis. Les prix ont augmenté de près de 20 % en moins de quatre ans. Et certainement plus vu que les instituts de statistiques usent d’artifices comptables pour camoufler la réalité.

Dit autrement, le dollar a perdu un cinquième de son pouvoir d’achat en moins d’une poignée d’année. L’American Dream semble bien distant et la dédollarisation ne va pas arranger les choses.

Les États-Unis ont longtemps profité du fait que les nations gardent leurs réserves de change sous forme de bons du Trésor. Cela permet d’afficher une balance commerciale chroniquement déficitaire sans que le dollar ne baisse. C’est le fameux « privilège exorbitant » sans lequel l’inflation serait bien plus élevée outre Atlantique.

« Il y a beaucoup de forces inflationnistes devant nous », a déclaré le CEO de la JP Morgan lors d’une interview accordée à Bloomberg. En cause, les couts liés à transition énergétique, à la remilitarisation, aux dépenses d’infrastructure, aux guerres commerciales, sans oublier le déficit budgétaire.

« Je pense que les chances que l’inflation reste élevée ou que les taux augmentent sont plus grandes qu’on ne le pense », a-t-il déclaré. Jamie Dimon avait déjà tenu des propos similaires dans sa lettre annuelle aux actionnaires en déclarant se préparer à des taux d’intérêt allant de 2 % à 8 %, « voire plus »…

JPMorgan CEO Jamie Dimon says “underlying inflation may not go away the way people expect it to,” which may mean interest rates will be higher for longer than many investors are expecting https://t.co/0XGiJjNoxT pic.twitter.com/EgyhUPPP6P

— Bloomberg TV (@BloombergTV) May 16, 2024

Pour le banquier, le risque géopolitique est crucial étant donné son impact sur les prix du pétrole et du gaz, le commerce et le jeu des alliances. Avec la guerre en Ukraine, la situation au Moyen-Orient et le recours au chantage nucléaire, la situation géopolitique est « très tendue », prévient-il.

Le pire des scénarios serait un embargo pétrolier en réaction aux exactions israéliennes en Palestine. Une réduction drastique des échanges sino-américains serait également très inflationniste.

En sachant que l’inflation est déjà telle qu’il se murmure que les banquiers centraux rehausseront leur objectif d’inflation dans les années à venir. C’est ce qu’a laissé entendre Christine Lagarde lors d’une interview avec le Council of Foreign Relations.

Assurance Bitcoin

Les prix ne baisseront jamais et la valeur du dollar continuera de s’évaporer. Pour vous en convaincre, voyez ci-dessous l’ampleur des promesses financières (surtout les pensions de retraite) qui nécessiteront de nouveaux emprunts (unfunded liabilities) :

Good morning.

The US ended the week with $33.7 trillion of federal debt and $211.2 trillion of unfunded liabilities, bringing the total amount owed to ~$245 trillion.

That’s approximately 55X tax revenues, or the equivalent of someone with a $100K salary and $5.5 million of… pic.twitter.com/whBxYCAnKT

— James Lavish (@jameslavish) November 4, 2023

Les nouvelles générations feraient bien de choisir leur investissement avec sagesse vu qu’ils n’auront pas de retraite… Et ne parlons par du pic de pétrole qui aggravera encore les choses…

[Notre article à ce propos : Bitcoin et l’Inflation sans fin]

A l’échelle des nations, ce n’est qu’une question de temps avant que certaines refusent les billets de voisins hostiles. Pourquoi Pékin accepterait de placer ses réserves dans la dette des États-Unis si elle obtient en retour des droits de douane toujours plus élevés ?

Ce n’est pas un hasard si la Chine et les pays défiants à l’égard de la pax americana augmentent leurs réserves d’or. Tous les grands pays développés ont accumulé autant d’or physique que possible pendant et après la Seconde Guerre mondiale…

L’or représente aujourd’hui 5 % des réserves chinoises et 20 % dans le cas de la Russie. Malheureusement pour l’or, il n’est pas un réseau de paiement comme le réseau SWIFT. Même à l’époque du Gold Standard, c’était en réalité le dollar qui circulait.

Le monde a besoin d’une réserve de valeur étant en même temps un réseau de paiement international. C’est précisément ce qu’est le Bitcoin, deux-en-un. Il est par ailleurs une bien meilleure réserve de valeur puisqu’il existe en quantité absolument finie. Près de 94 % des bitcoins sont déjà en circulation. Quant à l’or…

Le problème est que l’Empire du Milieu perçoit encore le bitcoin comme une menace à ses contrôles de capitaux. Mais si les Chinois veulent commercer à armes égales avec l’occident, il faudra bien faire un geste de ce côté-là. L’anathème sur le bitcoin n’aura alors plus aucun sens.

Apatride et non censurable, le Bitcoin permettrait des échanges sur un pied d’égalité. Il est taillé pour devenir un maillon essentiel du commerce international.