La dette des États-Unis grimpe de 6 milliards de dollars par jour

La dette des États-Unis file vers les 38 000 milliards de dollars, déclenchant un doute profond sur la solidité des monnaies fiduciaires. Dans un monde où les équilibres économiques vacillent, ce seuil n’est plus un simple indicateur macroéconomique. Il devient le révélateur d’un système sous tension, et relance le débat sur la place des actifs alternatifs face à l’essoufflement des modèles budgétaires classiques.

Une trajectoire budgétaire hors de contrôle  

La dette fédérale américaine a atteint 37,9 trillions de dollars et devrait franchir les 38 trillions dans moins de trois semaines, selon les données du Joint Economic Committee du Congrès américain.

Ce rythme de progression est particulièrement saisissant, car la dette augmente de 69 890 dollars par seconde, soit 4,2 millions par minute, ce qui revient à 6 milliards de dollars par jour, un chiffre supérieur au produit intérieur brut de plus de trente pays, selon les données de Worldometer.

Le représentant américain Keith Self a alerté sur la gravité de la situation en déclarant : « Le Congrès doit agir maintenant, exigez la responsabilité budgétaire de vos dirigeants avant que la glissade graduelle ne devienne un effondrement soudain ».

As Ernest Hemingway wrote in The Sun Also Rises, “How did you go bankrupt? Two ways. Gradually, then suddenly.”

The U.S. debt stands at $37 trillion, and is projected to hit $38 trillion in weeks and possibly $50 trillion within a decade.

Congress must act now—demand fiscal…

— Rep. Keith Self (@RepKeithSelf) October 3, 2025

Derrière cette dynamique, plusieurs éléments illustrent l’incapacité actuelle du gouvernement américain à freiner la croissance de la dette publique, malgré des efforts de rationalisation budgétaire :

• En quelques mois, l’administration Trump avait chargé Elon Musk de superviser un programme de réduction des dépenses via le Department of Government Efficiency, générant 214 milliards de dollars d’économies ;

• En juillet, Donald Trump a signé le « One Big Beautiful Bill Act », censé économiser 1,6 trillion de dollars de dépenses fédérales ;

• Toutefois, l’implémentation de cette loi devrait coûter 3,4 trillions sur les dix prochaines années, contribuant paradoxalement à l’accroissement de la dette ;

• La dette devrait atteindre les 50 000 milliards de dollars d’ici dix ans, si aucun changement structurel n’est opéré, selon les projections évoquées par Keith Self.

Ainsi, les tentatives de réformes budgétaires, même ambitieuses sur le papier, semblent inefficaces à enrayer la spirale de la dette des États-Unis.

Des actifs alternatifs comme réponse au désordre monétaire

Tandis que la dette explose aux États-Unis, les investisseurs se tournent de plus en plus vers des actifs perçus comme des remparts contre la dépréciation monétaire. La semaine dernière, JPMorgan a qualifié le bitcoin et l’or de choix privilégiés dans une stratégie de couverture face à l’érosion de la valeur des monnaies, c’est-à-dire une réponse directe à l’affaiblissement anticipé du dollar.

Cette lecture des marchés intervient dans un contexte où le bitcoin a atteint un sommet historique de 125 506 dollars, tandis que l’or a franchi un nouveau record à 3 920 dollars. Si ces niveaux sont inhabituels et à vérifier dans la durée, ils reflètent néanmoins une demande croissante pour des actifs alternatifs face à l’instabilité économique.

Des figures majeures de la finance institutionnelle confortent cette tendance. En janvier dernier, Larry Fink, PDG de BlackRock et autrefois sceptique vis-à-vis du bitcoin, a estimé que la crypto pourrait grimper jusqu’à 700 000 dollars, en raison des craintes liées à la dévaluation monétaire.

De son côté, Ray Dalio, fondateur du fonds Bridgewater Associates, a recommandé dès juillet de consacrer 15 % d’un portefeuille à des actifs comme l’or ou le bitcoin, afin d’optimiser le ratio rendement/risque. Ce dernier souligne que les pays occidentaux, comme le Royaume-Uni, ne sont pas à l’abri de ce qu’il appelle une « spirale de la dette », renforçant ainsi l’intérêt pour les valeurs refuges.

La montée inexorable de la dette américaine, lâchée par la Chine, redonne du crédit aux actifs décentralisés comme le bitcoin. Entre perte de confiance monétaire et quête de refuges, les marchés testent de nouveaux repères. Reste à savoir si ces alternatives sauront s’imposer durablement dans un paysage financier en pleine recomposition.