La France aurait tenté de forcer Telegram à censurer des contenus
Pavel Durov sort du silence et frappe fort. Le fondateur de Telegram affirme que les services de renseignement français ont tenté de le contraindre à censurer du contenu politique lié aux élections moldaves. Une révélation qui ravive les tensions entre la plateforme de messagerie et les autorités françaises. L’affaire prend une tournure inquiétante pour la liberté d’expression en Europe.
En bref
- Pavel Durov accuse les services de renseignement français d’avoir exigé la censure de contenus liés aux élections moldaves.
- Telegram a refusé de supprimer des chaînes politiques légitimes, malgré des promesses d’« arrangements » judiciaires.
- Cette affaire s’inscrit dans un bras de fer plus large entre les plateformes technologiques et les gouvernements européens sur le contrôle de l’information.
- Durov reste sous contrôle judiciaire en France depuis son arrestation en août 2024, sans date d’appel fixée.
Un chantage déguisé en coopération judiciaire
Pavel Durov a publié dimanche sur Telegram des révélations pour le moins explosives. Selon lui, les services de renseignement français lui auraient demandé de censurer du contenu lié aux élections moldaves, en échange de « bonnes choses » promises au juge en charge de son procès. Pour le fondateur de Telegram, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un chantage.
Dans un premier temps, la plateforme avait accepté de retirer certaines publications qui enfreignaient clairement ses conditions d’utilisation. Rien d’anormal à ce stade. Mais très vite, les autorités françaises sont revenues avec une seconde liste de chaînes moldaves à faire disparaître. Et là, le scénario change du tout au tout.
Peu de temps après, l’équipe Telegram a reçu une deuxième liste de chaînes moldaves dites « problématiques ». Contrairement à la première, la quasi-totalité de ces chaînes étaient légitimes et entièrement conformes à nos règles.
Durov
Leur seul point commun ? Elles portaient des opinions politiques qui déplaisaient aux gouvernements français et moldave. Devant une demande jugée arbitraire et purement politique, Telegram a refusé catégoriquement.
Cette affaire moldave n’est pas un cas isolé. En mai dernier, Durov avait déjà dénoncé des pressions similaires concernant les élections roumaines. De quoi esquisser un schéma inquiétant : celui d’une stratégie plus large de contrôle de l’information par certains États européens, au détriment de la liberté d’expression.
Telegram, dernier bastion de la liberté d’expression ?
Depuis son interpellation à Paris en août 2024, Pavel Durov s’est imposé comme une figure de proue de la résistance numérique. Un an plus tard, l’enquête française stagne : aucune preuve n’a été trouvée contre lui, mais il reste soumis à une obligation de se présenter en France tous les quatorze jours. Un contrôle judiciaire qui, selon ses soutiens, s’apparente de plus en plus à un harcèlement administratif.
Le fondateur de Telegram ne mâche pas ses mots. « On ne peut pas « défendre la démocratie » en détruisant la démocratie. On ne peut pas « lutter contre l’ingérence électorale » en interférant avec les élections. », insiste-t-il.
À ses yeux, les pressions exercées pour censurer des contenus relèvent d’une ingérence électorale bien plus grave que celle que les autorités prétendent combattre. Ce paradoxe, souligne-t-il, mine directement la crédibilité de la France sur la scène internationale.
Face à cette situation, la communauté crypto et les défenseurs des libertés numériques se sont largement rangés derrière Durov. Telegram n’est plus seulement une messagerie chiffrée : la plateforme est devenue un symbole de résistance face aux dérives autoritaires à l’ère numérique. Un combat qui dépasse largement la personne de son fondateur pour toucher aux fondements mêmes de la liberté d’expression en Europe.
Le contexte européen renforce ces inquiétudes. En juin 2025, une proposition de l’Union européenne visant à surveiller l’ensemble des communications, y compris les messages chiffrés, a obtenu le soutien de dix-neuf États membres.
Telegram, de son côté, refuse catégoriquement d’ouvrir une porte dérobée ou de livrer ses clés de chiffrement. Et Durov prévient : plutôt que de céder, la plateforme n’hésitera pas à quitter certaines juridictions, France comprise.
Une bataille qui façonne l’avenir numérique européen
Les avertissements de Pavel Durov résonnent avec une intensité particulière. En juin dernier, il affirmait que la France « fonce vers un effondrement sociétal » en raison de la censure d’État et des politiques jugées inefficaces du gouvernement.
Des propos radicaux, certes, mais qui trouvent un écho croissant parmi de nombreux observateurs préoccupés par l’évolution du climat politique et numérique.
Le Digital Services Act (DSA), présenté par Bruxelles comme un instrument de lutte contre la désinformation, apparaît aux yeux de Durov comme une menace existentielle.
Derrière la protection affichée des utilisateurs, il voit la mise en place d’un contrôle idéologique centralisé. Le risque ? Faire basculer l’Europe vers un Internet à deux vitesses : d’un côté, les contenus validés par les États ; de l’autre, les voix dissidentes marginalisées.
L’affaire Telegram-France met en lumière une fracture profonde. D’un côté, les plateformes technologiques qui défendent le chiffrement et la liberté d’expression.
De l’autre, des gouvernements qui invoquent la sécurité publique pour justifier une surveillance toujours plus intrusive. Entre ces deux pôles, des millions d’utilisateurs dont la vie privée devient l’objet d’un affrontement à la fois politique et géopolitique.
Face à cette pression, Durov reste ferme : Telegram ne pliera pas. La plateforme publie chaque jour des rapports de transparence sur les contenus supprimés et collabore avec des ONG pour répondre aux urgences. Cependant, elle refuse catégoriquement de se transformer en outil de censure politique au service des États.
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