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La France légalise enfin le crédit Lombard adossé aux cryptos

7h00 ▪ 5 min de lecture ▪ par Mikaia A.
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La France, c’est l’Europe. Et l’Europe, c’est le temple de la régulation. Dans cette tour de contrôle monétaire, l’Hexagone ne veut pas jouer les francs-tireurs. Pas question d’embrasser le bitcoin avant les 27 ? Pourtant, parfois, elle cligne de l’œil aux plus téméraires. Dernière pirouette ? Une clarification juridique sur le crédit lombard adossé aux cryptos. Pas une révolution. Mais un pas, même masqué, reste un pas.

Individu acceptant des billets d'euros, derrière lui se trouve un coffre-fort bitcoin

En bref

  • Le crédit lombard crypto permet d’obtenir un prêt en euros sans vendre ses cryptomonnaies.
  • La loi DDADUE 5, récemment entrée en vigueur, encadre désormais ce mécanisme via une simple déclaration de nantissement.
  • Des incertitudes fiscales planent : l’usage des cryptos en garantie peut déclencher une imposition.

La crypto comme garantie : oui, mais avec gilet jaune

Le crédit lombard crypto n’est pas né hier. On en parlait déjà dans les cercles bancaires feutrés. Ce prêt, garanti par un wallet crypto, offre une promesse : liquidité sans liquidation. Tu bloques tes cryptos. Tu reçois des euros. En cas de défaut, le collatéral file à la casse.

Mais là où la France bouge enfin, c’est sur le cadre juridique. La loi DDADUE 5, en vigueur depuis le 30 avril, permet « la constitution d’un nantissement par déclaration signée du propriétaire des cryptos ». Une formalité en plus. Et un flou en moins.

Ce changement s’inscrit dans la logique MiCA, la grande charte européenne du marché crypto. « Le crédit lombard crypto est un outil formidable pour les HODLers structurés », commente Arnaud Touati. Mais attention : on structure peut-être, mais on ne démocratise pas encore.

Dan Arroche tempère :

Pas de révolution, juste une clarification juridique. 

Et encore, ce n’est que sur le papier. Le terrain reste miné. Les banques françaises restent sceptiques. Le risque est trop volatil. Les ratios de solvabilité trop fragiles. Bref, l’usage réel reste marginal.

MiCA, fiscalité : les boulets du progrès

Une avancée réglementaire ne rime pas toujours avec avancée pratique. Car dans le détail, le système fiscal français est un vrai labyrinthe. Et dans ce labyrinthe, le crédit lombard crypto pourrait bien tomber dans un piège.

Dan Arroche alerte : 

La question est de savoir si le placement de cryptos en garantie = transfert de propriété = événement imposable ?. 

Autrement dit, utiliser ses bitcoins comme gage pourrait activer… l’impôt. Et là, plus personne ne rigole.

Il faut distinguer deux cas :

  • Sans dépossession : tu gardes tes cryptos, pas de transfert, pas d’impôt ;
  • Avec dépossession : si tes actifs sont transférés sans suivi individualisé, requalification en cession possible.

Autrement dit, un avocat fiscaliste devient obligatoire. Pour éviter que l’innovation tourne à la catastrophe administrative.

Schéma du système de crédit lombard crypto
Schéma du système de crédit lombard crypto – Source : Arnaud Touati (LinkedIn)

Voici les données à retenir :

  • Date d’entrée en vigueur : 30 avril 2025 ;
  • Loi concernée : DDADUE 5 ;
  • Instruments concernés : les cryptos comme collatéral ;
  • Risques pour les banques : impact sur les ratios de solvabilité ;
  • Cas d’usage courant : quasi inexistant à ce jour.

À cette équation juridique s’ajoute un facteur psychologique : la peur des banques. Leur frilosité ralentit l’adoption. « Obtenir un crédit lombard crypto à des conditions acceptables est quasi impossible », conclut Arroche. 

On fait semblant de légaliser, mais personne ne joue le jeu.

Entre outil patrimonial et mirage doré

Pour qui est ce nouveau crédit ? Pour l’épargnant lambda ? Non. Pour les clients banque privée, peut-être. Pour les gros portefeuilles crypto, sûrement. Ce prêt reste un outil d’optimisation patrimoniale, pas une porte d’entrée à la DeFi réglementée.

Dans les faits, très peu d’acteurs sont prêts. Peu d’institutions acceptent ce type de nantissement. Le marché crypto reste jugé trop instable. Et pourtant, certains y voient une opportunité.

Ce crédit peut devenir une alternative à la vente d’actifs, en conservant l’exposition au marché. Il séduit donc ceux qui veulent « hodler tout en achetant une maison ». Mais à condition d’être solidement conseillé, et solidement capitalisé.

Et pendant que certains avancent, d’autres dénoncent. Sur X, un utilisateur ironise :

Historiquement tous les emprunts de guerre furent des arnaques. Assurance-vie luxembourgeoise, crypto en self-custody, la menace se fait sérieuse. 

Le crédit lombard crypto serait-il un cheval de Troie pour rapatrier les cryptos sur des plateformes centralisées ?

MiCA veut rassurer. Mais pour l’instant, il intrigue plus qu’il ne convainc. Tant que l’infrastructure bancaire ne suit pas, la promesse reste lettre morte.

La lenteur de la France sur les cryptos n’étonne plus personne. Même Michael Saylor, sur son piédestal américain, épingle cette inertie. Et invite les acteurs du pays à adopter davantage le bitcoin, plutôt que de le réguler à l’ancienne. Pour l’instant, l’Hexagone régule. Elle avance, mais à petits pas. Trop petits ? L’avenir le dira.

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Mikaia A. avatar
Mikaia A.

La révolution blockchain et crypto est en marche ! Et le jour où les impacts se feront ressentir sur l’économie la plus vulnérable de ce Monde, contre toute espérance, je dirai que j’y étais pour quelque chose

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.