Le Bitcoin monte… mais la Fed pourrait le faire retomber
Alors que le bitcoin s’élance vers de nouveaux sommets, certains analystes crient à l’euphorie rationnelle. D’autres, plus prudents, rappellent que la fête pourrait bien être de courte durée. Derrière les chiffres vertigineux et les records en cascade, une ombre plane : celle de la Réserve fédérale américaine. Car si les marchés anticipent une baisse des taux, le PDG de JPMorgan, Jamie Dimon, joue les trouble-fêtes et suggère l’inverse. Une mauvaise surprise de la Fed pourrait faire dérailler l’élan du bitcoin, surtout dans un contexte où les particuliers restent curieusement absents. Le roi des cryptos est-il en train de courir à vide ? Décryptage.
En bref
- Le bitcoin grimpe, mais l’intérêt des particuliers reste faible.
- Jamie Dimon estime que la Fed pourrait relever ses taux, contrairement aux attentes.
- Sans soutien retail, une correction du bitcoin devient plausible en cas de choc monétaire.
Le bitcoin grimpe, mais l’illusion guette
La flambée récente du bitcoin vers des sommets historiques, flirtant avec les 118 000 dollars, pourrait faire croire à un nouveau bull run. Pourtant, sous le vernis doré des graphiques euphorisants, une fissure apparaît : l’absence quasi totale des investisseurs particuliers. C’est une hausse portée par les institutions, par des ETF dopés aux milliards, mais dont les racines restent fragiles, car déconnectées de l’élan populaire qui, historiquement, accompagne les grands cycles haussiers.
Les recherches Google sur le terme « bitcoin » n’ont augmenté que de 8 % malgré ces records, et restent inférieures de 60 % au pic de novembre 2024, post-élection de Trump. Un contraste saisissant qui reflète une réalité psychologique : les particuliers pensent avoir raté le train. Résultat ? Ils restent sur le quai, tandis que la locomotive s’élance sans eux. Et cette absence de soutien populaire pourrait devenir un talon d’Achille si le vent macroéconomique tourne.
Pire encore, ce désintérêt retail est interprété par certains comme un signal baissier en embuscade. Car lorsqu’un actif monte sans engouement populaire, il n’a pas de véritable socle émotionnel. L’avidité n’est pas au rendez-vous, ce qui veut dire que la panique non plus n’est pas loin.
L’épée de Damoclès de la Fed : quand la politique monétaire pourrait inverser la tendance
Jamie Dimon, le patron de JPMorgan, sème le doute dans un marché trop confiant. Selon lui, les traders sous-estiment sérieusement le risque d’un resserrement monétaire supplémentaire. Là où le marché n’accorde que 20 % de probabilité à une hausse des taux, Dimon table sur 40 à 50 %. Une déclaration qui fait l’effet d’une alerte : et si la Fed n’assouplissait pas, voire relevait ses taux à nouveau ?
Les données du CME FedWatch suggèrent encore un espoir : 59,7 % de chances d’une baisse de 25 points de base en septembre. Mais attention à l’illusion du consensus. L’inflation reste alimentée par des facteurs exogènes comme les tarifs douaniers, l’immigration ou le déficit budgétaire. Autant de bombes à retardement qui pourraient faire pencher la balance en faveur d’un statu quo, voire d’un resserrement.
Et dans ce scénario, le bitcoin pourrait être violemment rattrapé par la réalité. Car malgré son statut d’actif décentralisé, la crypto-reine n’est pas immunisée contre les chocs de liquidité ou les retournements de sentiment macro. Une hausse des taux, même modérée, pourrait réduire l’appétit pour le risque, et les institutions (moteurs actuels du rallye) ne sont pas réputées pour leur fidélité en période de turbulence.
L’illusion des records : quand les ETF masquent la frilosité du marché
Le paradoxe est criant : jamais les ETF Bitcoin au comptant n’avaient enregistré de telles entrées : plus de 2,7 milliards de dollars en une semaine. Et pourtant, jamais le marché de détail n’a semblé aussi indifférent. Cette dissociation entre flux institutionnels et inertie populaire pourrait devenir le chant du cygne de cette hausse, si elle venait à s’appuyer sur un seul pilier trop étroit.
Car un marché sain s’appuie sur un équilibre : les institutions apportent la masse, mais les particuliers insufflent la dynamique et la longévité. Or, l’absence des « petits porteurs » pose une question brutale : que se passera-t-il si les institutions prennent leurs profits avant que le grand public ne revienne ? L’idée même que la hausse actuelle repose uniquement sur des fonds structurés, aux arbitrages froids et mécaniques, doit alerter.
Et si l’environnement de taux ne devient pas plus accommodant, si l’incertitude géopolitique persiste, alors la solidité du bitcoin pourrait être testée plus tôt que prévu. Ceux qui pensent que les 117 000 dollars sont le nouveau plancher pourraient vite découvrir qu’ils marchaient en fait sur une dalle suspendue au-dessus du vide.
Le bitcoin est haut, certes. Mais il est seul. Sans le soutien des particuliers, et avec la menace d’un durcissement monétaire, la correction pourrait être brutale. Il ne s’agit pas ici de prophétiser un krach, mais de rappeler que tout sommet atteint sans fondement populaire ni clarté macroéconomique durable court un sérieux risque de s’effondrer sur lui-même. Arthur Hayes, quant à lui, anticipe un repli vers 90 000 dollars avant une envolée potentielle par un facteur dix.
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Fasciné par le bitcoin depuis 2017, Evariste n'a cessé de se documenter sur le sujet. Si son premier intérêt s'est porté sur le trading, il essaie désormais activement d’appréhender toutes les avancées centrées sur les cryptomonnaies. En tant que rédacteur, il aspire à fournir en permanence un travail de haute qualité qui reflète l'état du secteur dans son ensemble.
Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.