Le projet de loi sur les stablecoins échoue au Sénat américain

Le Sénat américain a rejeté hier le projet de loi GENIUS Act destiné à réglementer les stablecoins. Avec un vote de 48 contre 49, bien loin des 60 voix nécessaires, cette législation bipartisane s’est heurtée à une opposition inattendue des démocrates, compromettant l’avenir réglementaire des cryptos adossées au dollar. Mais quelles sont les véritables raisons derrière cet échec législatif ?

Pourquoi les démocrates ont bloqué le texte sur les stablecoins ?

Le projet de loi américain sur les stablecoins a essuyé un échec cuisant au Sénat ce jeudi 8 mai. La législation GENIUS Act n’a pas réussi à franchir l’obstacle procédural essentiel qui aurait permis son débat en séance plénière, stoppée net par une résistance démocrate que peu avaient anticipée.

Avec 48 voix pour et 49 contre, le scrutin s’est conclu bien en deçà des 60 suffrages requis pour faire avancer le texte. Fait notable, deux républicains, Josh Hawley et Rand Paul, ont rejoint l’opposition, affaiblissant davantage cette initiative législative.

Le revirement de plusieurs démocrates, pourtant favorables à l’origine, a surpris les observateurs. Ces sénateurs dénoncent désormais l’absence de garanties robustes contre les activités frauduleuses que pourraient faciliter les stablecoins. 

Leur inquiétude principale ? Les relations d’affaires qu’entretient le président Trump avec l’industrie crypto, perçues comme un conflit d’intérêts préoccupant.

Même le sénateur Ruben Gallego, pourtant bénéficiaire de 10 millions de dollars de soutien des lobbies crypto durant sa campagne électorale de 2024, a défendu ce changement de cap : 

Une législation d’une telle importance ne peut être précipitée. Nous avons besoin de temps pour l’examiner correctement. 

Il préconise un report minimum jusqu’à lundi prochain, afin de permettre une évaluation plus rigoureuse du texte.

Les républicains dénoncent un blocage injustifié

Le sénateur républicain Bill Hagerty, principal artisan du projet de loi, n’a pas mâché ses mots face à ce revers. 

Pour lui, les élus qui ont bloqué l’ouverture du débat ont en réalité voté pour « tuer l’industrie crypto en Amérique ». Une accusation qui souligne l’ampleur des divergences politiques sur ce dossier sensible.

John Thune, chef de la majorité au Sénat, a défendu le caractère inclusif du processus législatif : « Il s’agit d’un projet de loi bipartisan, élaboré dans un esprit de collaboration dès le départ. »

Il a rappelé avec insistance que le texte actuel représentait déjà la sixième version, après de multiples révisions pour intégrer les préoccupations démocrates. « Je ne comprends vraiment pas leur position actuelle », a-t-il ajouté.

Au-delà des considérations partisanes, le GENIUS Act poursuivait un objectif stratégique majeur : renforcer la domination du dollar américain sur la scène internationale grâce aux stablecoins. L’administration Trump y voit un levier géopolitique crucial pour maintenir l’hégémonie du billet vert dans l’économie numérique mondiale.

La question reste entière : une version révisée du texte pourra-t-elle émerger rapidement des négociations ? Le calendrier fixé par le président Trump est ambitieux, avec une signature souhaitée avant la pause parlementaire d’août. L’avenir de la régulation crypto aux États-Unis, et potentiellement l’influence du dollar dans l’économie numérique mondiale, dépendent désormais de ces prochaines négociations.