Le Wyoming déploie son stablecoin : Vers un affrontement avec le gouvernement américain ?
Ils aiment l’odeur de la finance numérique au réveil. Des États-Unis entiers, du Capitole aux plaines du Wyoming, accélèrent dans le virage crypto. Tandis que Washington pose les jalons d’un contrôle renforcé, certains États, comme le Wyoming, préfèrent le grand air. Là-bas, le stablecoin devient une affaire publique. Et les chevaux de Troie numériques s’activent sous couvert d’innovation. Faut-il saluer l’audace ou craindre le précipice ?
En bref
- Le Wyoming crée WYST, un stablecoin adossé au dollar, pour moderniser ses paiements publics.
- Le stablecoin public sera testé sur Avalanche avec des paiements instantanés à des contractants étatiques.
- Des figures républicaines dénoncent une fausse CBDC, dangereux pour la vie privée des citoyens.
- WYST pourrait inspirer d’autres États, mais reste juridiquement incertain face au gouvernement fédéral.
WYST : un stablecoin pour gouverner tous les autres ?
Le Wyoming, bastion libertarien, ne fait rien comme les autres. Après avoir interdit la création d’une CBDC sur son sol, l’État lance le WYST, son propre stablecoin adossé au dollar. Sa vocation ? Accélérer les paiements publics, réduire les coûts, et financer… les écoles locales. Un projet ambitieux, soutenu par le sénateur Chris Rothfuss.
Lui se veut clair :
Nous ne sommes pas soumis aux mêmes obligations qu’une entreprise privée vis-à-vis des injonctions fédérales. Nous avons une souveraineté juridique, donc quand le gouvernement fédéral s’y oppose… il ne peut pas simplement nous envoyer une injonction et commencer à arrêter des gens.
Pour tester ce nouveau crypto-actif, le Wyoming s’appuie sur Hashfire, une startup qui injecte ses protocoles sur Avalanche. Premier cas d’usage : payer instantanément les fournisseurs de l’État. Une avancée non négligeable quand les délais moyens dépassent les 45 jours. Rothfuss promet aussi une potentielle rémunération future du token, transformant le WYST en produit hybride.
Surveillance ou souveraineté ? L’équilibre bancal du modèle public
Tout le monde n’applaudit pas. Le Représentant Tom Emmer, pourtant républicain, se dit « fermement opposé à toute version tokenisée d’une monnaie par un État ». Pour lui, le WYST n’est qu’un CBDC déguisé : « Je suis personnellement fermement opposé à ce que n’importe quel gouvernement émette une version tokenisée de sa monnaie ».
Mais le directeur de la commission du token, Anthony Apollo rappelle que le Wyoming n’est pas une banque centrale. Il précise que le WYST sera entièrement adossé à des bons du Trésor, évitant ainsi tout risque inflationniste.
Ce flou fait trembler les lignes rouges. La promesse de confidentialité ? Encore floue. L’usage des données ? À définir. Les risques de censure ? Présents. L’État refuse de bloquer des transactions sans décision judiciaire, mais combien de temps ce rempart tiendra-t-il face à une nouvelle administration ? Le Wyoming tente de marier décentralisation et autorité, sans filet.
Crypto publique, finance rapide : le Wyoming fait ses comptes
Si certains voient un gadget, le Wyoming avance ses pions avec méthode. Testé sur Avalanche, le stablecoin WYST entend disrupter les paiements étatiques. Les objectifs ? Efficacité, transparence, et rentabilité. À condition que les frictions politiques ne fassent pas exploser l’expérience.
John Belitsky, conseiller du projet WYST, estime que d’autres États pourraient tenter l’expérience, mais que la philosophie du Wyoming, profondément attachée à la Constitution, reste unique et difficile à reproduire.
Voici ce qu’il faut retenir sur ce projet crypto d’État :
- Le WYST vise une entrée officielle en août, après un pilote sur des paiements publics instantanés ;
- Il s’appuie sur une blockchain Avalanche personnalisée via AvaCloud, optimisée pour des contrats intelligents publics ;
- La rémunération du stablecoin n’est pas activée, mais pourrait le devenir selon les législateurs ;
- Les recettes générées financeront directement le système éducatif du Wyoming ;
- D’autres États sont attentifs mais redoutent un bras de fer avec Washington.
Le WYST pourrait être une révolution locale, ou une étincelle dans une poudrière réglementaire. Le brasier n’attend que l’étincelle.
En prétendant stabiliser l’économie via les stablecoins, les États risquent d’en miner les fondations. La sénatrice Elizabeth Warren n’a pas mâché ses mots : elle voit dans ce type de régulation un permis de spéculer sous couvert de légalité. Pour elle, cette illusion de sécurité cache une défaillance de contrôle, et pourrait être le miroir d’une crise à venir. En décentralisant l’émission monétaire, les États pourraient bien allumer la mèche d’un nouvel épisode instable du capitalisme numérique.
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