Les stablecoins battent un nouveau record
Alors que les altcoins peinent toujours à rivaliser avec l’ascension qu’a connue le bitcoin ces derniers mois, les stablecoins ont franchi un nouveau record en dépassant pour la première fois les 250 milliards de dollars de capitalisation. Tous les analystes s’accordent maintenant à dire qu’une clarification de la régulation sur ces crypto-actifs est nécessaire pour atteindre de nouveaux paliers.
En bref
- Les stablecoins occupent désormais une place centrale dans la finance décentralisée.
- Ils se déclinent en plusieurs catégories, chacune ayant ses spécificités.
- Leur expansion rapide impose un besoin urgent de clarifications réglementaires.
Les stablecoins, nouveaux champions de la finance décentralisée
Onze ans après l’apparition de l’USDT de Tether sur Omni, la première solution de couche 2 sur le réseau Bitcoin, les stablecoins ont franchi le cap des 250 milliards de dollars de capitalisation, grâce notamment à la croissance des Real World Asset et à leur usage dans les transferts internationaux. Ces stablecoins sont essentiellement présents sur Ethereum (50 % du marché des stablecoins), pour être investis dans les applications de finance décentralisée, et sur Tron (30 %) pour des transferts monétaires. Avec une telle capitalisation, ils deviennent avec le bitcoin un moteur indispensable du marché crypto.
Franchir la barre des 250 milliards de dollars marque un tournant. Les stablecoins ne sont plus expérimentaux, ils sont essentiels.
Hank Huang, PDG de Kronos Research
Les stablecoins adossés au dollar dominent largement ce marché, avec une capitalisation de 245 milliards sur un total de 250 milliards, dont 153 milliards pour l’USDT et 60 milliards pour l’USDC. On constate ici que ni l’euro ni le yuan n’arrivent à se faire une véritable place dans ce marché des stablecoins. L’Union européenne et la Chine ont choisi la voie des Monnaies Numériques de Banque Centrale, ce qui explique en partie ce retrait par rapport au dollar.
Les différentes catégories de stablecoins
Pour comprendre la nécessité de clarifier la régulation sur les stablecoins, il faut revenir sur les différentes catégories de ces crypto-actifs. On peut distinguer les stablecoins centralisés (par exemple l’USDT) et les stablecoins décentralisés (par exemple le DAI). Les stablecoins centralisés peuvent suivre le cours de l’actif sous-jacent (par exemple le dollar), grâce à des réserves en dollars ou en bons du Trésor. L’USDT de Tether et l’USDC de Circle sont les deux stablecoins qui dominent cette catégorie. Cette catégorie exige le plus de réglementation, car il faut garantir aux investisseurs que chaque unité numérique est garantie par une valeur équivalente dans une réserve.
Du côté des stablecoins décentralisés, se pose la question du mécanisme qui assure la stabilité du prix. Le mécanisme qui est le plus utilisé maintenant est la collatéralisation. Ainsi, le DAI de MakerDAO utilise plusieurs cryptomonnaies pour garantir la stabilité de son prix (ETH, BTC, mais aussi l’USDC). L’autre mécanisme est un modèle algorithmique qui était utilisé par l’UST de Terra. Un algorithme stabilisait son prix en faisant varier la quantité de LUNA en fonction de la capitalisation de l’UST. Cependant, ce mécanisme a été abandonné depuis la défaillance de l’algorithme qui a fait chuter de plus de 90 % le cours de l’UST.
L’USDe de Ethena est un compromis entre ces deux mécanismes. Il assure en effet sa stabilité par une stratégie en delta neutre. Une position short compense en sens inverse la volatilité des actifs en collatéral. Ce mécanisme permet de garder à l’équilibre le capital qui garantit son prix.
La croissance des stablecoins exige une clarification de la régulation
Depuis son élection, Donald Trump a clairement affirmé son refus d’une Monnaie Numérique de Banque Centrale. Au contraire, la promotion du dollar passera par la croissance des stablecoins centralisés, qui auront besoin de constituer des réserves de plus en plus importantes de dollars pour garantir la valeur de ces crypto-actifs. Le Sénat américain a donc formulé un cadre juridique pour ces actifs avec le GENIUS Act (Guiding and Establishing National Innovation for US Stablecoins). Ce texte exige un audit annuel des stablecoins et des provisions pour les émetteurs étrangers. D’autres régions du monde mettent aussi en place des régulations pour ces actifs. Ainsi, Hong Kong a mis en place le 21 mai une licence pour les entreprises voulant émettre un stablecoin.
Ces régulations vont permettre aux grandes entreprises de la finance de s’implanter durablement dans la finance décentralisée. Pour l’instant, seul BlackRock, à travers son fonds tokenisé BUIDL, s’est installé durablement dans ce nouveau marché. D’autres entreprises, telles que JPMorgan ou Bank of America, ont déjà indiqué qu’elles comptaient sortir prochainement leur propre stablecoin. Pour l’instant, le volume des échanges décentralisés n’équivaut qu’à 25 % du volume de trading en cryptomonnaies. La finance décentralisée a donc une très grande marge de progression et les émetteurs de stablecoins veulent se positionner pour récupérer les fruits de cette croissance.
Longtemps négligés et considérés comme un simple outil, les stablecoins sont devenus un élément essentiel de la DeFi. Indispensables pour investir dans les Real World Asset ou pour définir le prix des crypto-actifs volatiles, leur croissance reste pour l’instant un des moteurs du marché crypto, même si la dynamique autour de la DeFi sur Bitcoin connaît des évolutions contrastées cette année.
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Passionné par l’histoire du Web3, je m’efforce de rendre cette nouvelle ère numérique plus compréhensible grâce à mes articles et à ma thèse de doctorat en cours sur le sujet.
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