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Les USA prêts à abandonner le "privilège exorbitant" pour le Bitcoin ?

mer 23 Avr 2025 ▪ 8 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Les États-Unis devront abandonner le privilège exorbitant du dollar si l’objectif est vraiment de redevenir une puissance industrielle. De bon augure pour le bitcoin.

Un aigle américain majestueux, ailes déployées au sommet d’une falaise, relâche solennellement un billet de dollar orange dans le vide. La scène dramatique, baignée d’éclairs et de nuages sombres, symbolise la fin d’une domination monétaire, dans un style comics des années 70, puissant et contrasté.

En bref

  • Les États-Unis veulent résorber leurs déficits jumeaux (budgétaire et commercial).
  • Il faut faire baisser les taux à tout prix.
  • La fin de l’hégémonie monétaire de l’Empire U.S.
  • Bitcoin, la prochaine monnaie de réserve internationale

Résorber le déficit commercial à tout prix

Les marchés boursiers sont à la peine face à l’ambition du président Trump de réduire l’énorme déficit commercial, par les tarifs douaniers s’il le faut.

Le dollar est également dans le dur, ce qui est en revanche un mal nécessaire pour relancer la production et les exportations. Dit autrement, les États-Unis semblent prêts à faire le deuil de leur hégémonie monétaire.

Plusieurs hauts responsables du gouvernement américain ne sont pas très favorables au statut de monnaie de réserve du dollar. C’est le cas de Stephen Miran, le président du petit Conseil économique de la Maison-Blanche. Pour lui, un dollar fort pèse sur l’industrie manufacturière en rendant les exportations américaines plus chères.

Le vice-président Vance est du même avis. Il y a cette idée dans les cercles MAGA que le statut de monnaie de réserve est une lame à double tranchant qui se solde par un endettement insoutenable. Là où le bât blesse, c’est que cette nouvelle approche n’a pas fait reculer les taux d’emprunt, au grand dam du Secrétaire au Trésor Scott Bessent.

L’explication tient aux ventes massives de la Chine, qui ne voit pas pourquoi elle continuerait d’acheter la dette américaine si le marché américain lui ferme ses portes.

En tout, les gouvernements étrangers détiennent environ 8 500 milliards de dollars de bons du Trésor américain. Sans parler de ceux détenus par des fonds d’investissement étrangers privés. C’est une sérieuse épée de Damocles. Les taux d’emprunt s’envoleraient si le reste du monde venait à se délester de ses dollars. Le gouvernement U.S. n’aura alors d’autre choix que de réduire son déficit budgétaire au vu de sa dette qui atteint déjà 124 % du PIB.

Bientôt un QE ?

Il faut bien comprendre qu’une augmentation de 1 % des taux d’emprunt conduit à une facture représentant 1.24 % du PIB devant être payés soit par une hausse des impôts, soit par une réduction du budget. C’est-à-dire 360 milliards de dollars.

En sachant que le gouvernement paie actuellement près de 1000 milliards de dollars en intérêts. À comparer avec des recettes fiscales de 5 000 milliards pour un budget de 7 000 milliards de dollars.

Résorber le double déficit commercial et budgétaire ne se fera pas sans peine. Il y a même fort à parier que la Fed devra faire tourner la planche à billets pour faire baisser les taux en rachetant des bons du Trésor.

On parle de « Quantitative Easing » (QE) dans le jargon. Le résultat est que la Fed reverse au gouvernement les intérêts perçus. Et vu que la Fed détient toujours 4 650 milliards de dollars en bons du Trésor, cela signifie que le gouvernement américain ne paie pas d’intérêts sur 1/7 de l’ensemble de la dette américaine.

Le QE est évidemment inflationniste puisqu’il permet au gouvernement de continuer à s’endetter. Cela dit, l’objectif affiché étant de réduire les dépenses de 2 000 milliards de dollars, le QE ne serait pas inflationniste.

Donald Trump veut clairement un coup de pouce de la part de la Fed. Des baisses de taux seraient bienvenues. Problème, Jerome Powell s’y oppose à cause de l’inflation qui pourrait bientôt s’envoler à cause des taxes douanières.

Donald Trump pourra nommer un nouveau président de la Fed l’année prochaine. Attendra-t-il jusque-là ?

Crépuscule de la monnaie impériale

La fin du dollar en tant que monnaie de réserve internationale dominante ne fait plus du tout sourire. La Deutsche Bank déclarait au début du mois que les « les propriétés faisant du dollar une monnaie refuge sont en train de s’éroder ».

Capital Economics ajoutait quelques jours plus tard : « Ce n’est plus une hyperbole de dire que le statut de réserve du dollar est au moins quelque peu remis en question ». L’ex-ministre de l’Économie Bruno le Maire sent également que le vent tourne :

On parle de retraits massifs des investisseurs chinois et japonais des bons du Trésor américain. […] Pour les Européens, la question devient : que faire ? Ils peuvent venir à la rescousse du dollar, dans un effort désespéré pour sauver l’ordre international de 1945, en ruines. La demande vient directement de la Maison-Blanche qui a inventé cette idée fumeuse de bons du Trésor à 100 ans et sans intérêt. Le deal est clair : vous financez notre dette en échange de quoi vous échapperez aux tarifs douaniers. Étonnant cette nouvelle manie des Américains de mettre le pistolet sur la tempe de leurs alliés. Étonnant et révoltant. […] Pour la première fois depuis 1945, les Européens ont entre les mains une opportunité unique de faire de l’euro une monnaie de référence mondiale.

Bruno Le Maire, Ex-ministre de l’Économie français

Pour ce faire, Bruno Le Maire propose que les pays européens s’endettent ensemble. L’idée étant que la Chine fera plus volontiers de l’euro sa monnaie de réserve si elle peut acheter des obligations « européennes » plutôt que des obligations grecques ou portugaises.

Une autre solution serait tout simplement d’en revenir à l’or, ou mieux, d’embrasser son concurrent : le bitcoin. Nous l’avons expliqué dans notre article Faut-il acheter de l’Or ou du Bitcoin ?

La carte maître Bitcoin

L’Amérique a un gros problème d’endettement et la seule raison pour laquelle ils peuvent se le permettre est que le monde commerce en dollar. C’est ce que pense Benn Steil, économiste au Council on Foreign Relations. « À un moment donné, les gens vont sérieusement envisager des alternatives au dollar »…

Le PDG de BlackRock, Larry Fink, n’a pas dit autre chose dans sa lettre annuelle aux actionnaires. « Si les déficits continuent de gonfler, le dollar risque de perdre son statut de monnaie de réserve au profit du bitcoin ».

Le bitcoin est une monnaie de réserve internationale en puissance. Même les conseillers de la Maison-Blanche déclarent vouloir en accumuler le plus possible. Le secrétaire au Trésor Scott Bessent sait que le yuan s’appréciera fortement si la Chine cesse d’accepter le dollar. Or Pékin ne veut pas d’un yuan fort et préfèrera donc accumuler de l’or.

D’où la stratégie américaine qui se dessine, à savoir vendre les stocks d’or pour acheter des bitcoins. Washington ferait d’une pierre deux coups : affaiblir ses adversaires et mettre la main sur une monnaie de réserve bien supérieure à l’or.

Ne manquez pas notre article : Combien de Bitcoins les USA peuvent-ils acheter ?

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Nicolas T.

Reporting on Bitcoin and geopolitics.

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