L’ex-directrice adjointe du FMI met en garde sur un possible krach de 35 000 milliards $ lié à l'IA

Gita Gopinath, ex-directrice adjointe du FMI, alerte sur une potentielle déflagration financière. Porté par l’euphorie autour de l’intelligence artificielle, le rallye actuel des marchés américains pourrait, selon elle, précipiter une correction mondiale d’une violence inédite. À la clé, jusqu’à 35 000 milliards de dollars de pertes sur les actifs globaux.

Un krach à 35 000 milliards ? L’avertissement chiffré d’une figure du FMI

Tandis que les tarifs de Trump ont semé le chaos sur le marché crypto, Gita Gopinath, ancienne économiste en chef et ex-directrice générale adjointe du FMI, tire la sonnette d’alarme.

Selon elle, la progression fulgurante des marchés américains est en décalage avec les fondamentaux économiques réels. Ce rebond est en grande partie alimenté par l’enthousiasme autour des technologies émergentes, notamment l’intelligence artificielle.

Toutefois, cette dynamique pourrait rapidement s’inverser. « Il y a de bonnes raisons de craindre que le rallye actuel prépare le terrain pour une nouvelle correction douloureuse des marchés », avertit-elle. À ses yeux, l’interconnexion croissante des économies et la surexposition des grands acteurs mondiaux rendent une contagion mondiale inévitable.

L’économiste avance une estimation chiffrée des dégâts potentiels en cas de krach, et elle est loin d’être anodine :

• 20 000 milliards de dollars de pertes pour l’économie américaine, soit environ 3,5 % du PIB national ;

• 15 000 milliards de dollars de pertes pour les investisseurs internationaux, équivalant à près de 20 % du PIB mondial hors États-Unis ;

• Un impact global estimé à 35 000 milliards de dollars, avec des effets en cascade sur l’ensemble du système financier.

Gopinath établit une analogie directe avec la bulle Internet des années 2000, tout en soulignant des différences structurelles majeures : « un krach aujourd’hui ne provoquerait probablement pas un ralentissement aussi bref et relativement bénin que celui qui a suivi l’explosion de la bulle dotcom », prévient-elle.

Les vulnérabilités systémiques seraient, selon elle, plus graves aujourd’hui, en raison de la fragilité macroéconomique et de la complexité accrue des marchés financiers globaux.

Quand la bulle IA menace l’économie réelle

Au-delà de la menace immédiate sur les marchés financiers, Gita Gopinath insiste sur la manière dont l’engouement pour l’IA déforme profondément la structure des valorisations. En effet, JPMorgan précise que les entreprises fortement exposées à l’intelligence artificielle représentent désormais 44 % de la capitalisation totale du S&P 500, contre seulement 22 % en 2022.

Cette évolution rapide a permis aux ménages américains de gagner près de 5 000 milliards de dollars en richesse nette ces dernières années, une hausse qui repose en grande partie sur la croissance artificielle de ces valeurs technologiques. « Le boom de l’IA pourrait masquer un ralentissement de l’économie américaine traditionnelle », avertit l’ancienne directrice adjointe du FMI.

Ce déséquilibre fait peser un risque de transmission directe à l’économie réelle. Un retournement brutal frapperait les investisseurs institutionnels, mais également les ménages, de plus en plus exposés via leurs portefeuilles boursiers, leurs retraites et leurs assurances.

De plus, les effets d’un tel krach se répercuteraient sur des secteurs stratégiques comme l’énergie, les semi-conducteurs ou les infrastructures cloud, qui alimentent l’écosystème de l’IA. Les dommages ne se limiteraient donc pas aux valeurs technologiques elles-mêmes, mais pourraient engendrer une récession élargie, touchant également les chaînes d’approvisionnement et les marchés de l’emploi.

Dans ce contexte d’incertitude croissante, certains investisseurs peuvent se tourner à nouveau vers le bitcoin, perçu par une partie du marché comme un réservoir alternatif de valeur. Bien qu’extrêmement volatil, l’actif s’est historiquement démarqué par sa résilience face aux politiques monétaires inflationnistes et aux failles du système bancaire traditionnel.

Même si le scénario d’un effondrement n’est pas certain, plusieurs experts appellent à une diversification des portefeuilles et à une attention particulière aux valorisations excessives. Certains évoquent le retour des actifs refuges comme l’or, dont la performance récente traduit une montée des inquiétudes sur les marchés. Quoi qu’il en soit, la dépendance excessive à une seule thématique, fût-elle technologique, expose l’économie mondiale à des turbulences d’ampleur systémique.