L’UE frappe une fois encore la Russie avec un nouveau paquet de sanctions

Tandis que le conflit en Ukraine s’enlise, l’Union européenne franchit un seuil stratégique. Le 20 mai, Bruxelles a adopté un 17ᵉ train de sanctions qui vise des cibles jusqu’ici peu exposées : la flotte fantôme russe, pilier logistique du contournement pétrolier. Cette manœuvre, synchronisée avec Londres, marque un tournant dans la guerre économique menée contre Moscou. En durcissant sa ligne, l’UE entend affaiblir les circuits opaques finançant l’effort militaire russe et maintenir la pression sur ses soutiens étrangers.

Cap sur la flotte fantôme : un nouveau front énergétique

Dans une déclaration faite en marge d’une réunion des ministres de la Défense de l’Union européenne à Bruxelles, Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, a annoncé :

L’UE a approuvé son 17ᵉ paquet de sanctions contre la Russie, qui vise près de 200 navires de sa flotte fantôme.

Cette décision reflète une inflexion stratégique. Après avoir plafonné les prix du pétrole russe, Bruxelles entend désormais frapper les mécanismes de contournement mis en place par Moscou via des navires qui opèrent sous pavillon de complaisance, et changent fréquemment d’identités ou désactivent leurs systèmes de localisation.

Voici les principaux éléments ciblés par ce nouveau volet :

• Près de 200 navires soupçonnés d’appartenir à la flotte fantôme russe sont inscrits sur la liste des entités sanctionnées ;
• Ces navires sont accusés de masquer l’origine du pétrole russe pour le revendre sur les marchés asiatiques ou africains, en contournant les restrictions occidentales ;
• L’objectif de l’UE est de restreindre encore davantage les revenus énergétiques qui alimentent l’effort de guerre russe ;
• Cette stratégie s’appuie sur une meilleure coordination douanière et maritime au sein de l’Union pour renforcer la surveillance des routes d’exportation non déclarées.

En ciblant non plus seulement les flux financiers ou les entreprises énergétiques, mais les vecteurs physiques du commerce pétrolier, l’UE affine son dispositif.

Cette évolution traduit une prise de conscience. La résilience économique de la Russie, un membre influent des BRICS, s’appuie en partie sur des réseaux logistiques opaques, difficiles à intercepter sans mesures spécifiques.

Ainsi, le message politique est limpide. Moscou ne pourra pas éternellement jouer avec les marges de manœuvre laissées par les sanctions existantes.

Une offensive coordonnée sur la finance et la désinformation

Dans le sillage de l’Union européenne, le Royaume-Uni a, lui aussi, annoncé mardi une nouvelle salve de mesures qui visent à frapper Moscou sur d’autres fronts. Selon un communiqué officiel du ministère britannique des Affaires étrangères, ces sanctions concernent cette fois le secteur financier, les chaînes d’approvisionnement militaires et les relais de désinformation russes.

« Les sanctions ciblent des institutions financières, des individus accusés de propager la désinformation russe ainsi que les chaînes d’approvisionnement des systèmes d’armes létales russes, notamment les missiles Iskander », a précisé le Foreign Office.

Cette dimension, distincte de l’approche maritime européenne, complète la stratégie d’asphyxie en ciblant les circuits de financement et de production.

En effet, ces nouvelles mesures interviennent dans un contexte de tensions accrues, après une attaque massive de drones contre plusieurs régions ukrainiennes le week-end précédent.

De plus, elles traduisent une volonté politique de répondre rapidement à l’escalade, tout en limitant la marge de manœuvre technologique et financière du Kremlin. En parallèle, le gouvernement britannique a affirmé travailler avec ses partenaires internationaux pour renforcer le mécanisme de plafonnement des prix du pétrole russe, afin d’amoindrir encore les revenus du secteur énergétique russe.