L’Union européenne met la pression sur les stablecoins étrangers
À Bruxelles, Christine Lagarde et ses alliés ne cachent plus leurs intentions. Pour eux, l’avenir de la monnaie passe par un euro numérique, sous pavillon 100 % UE. Pas question de laisser les géants étrangers des stablecoins installer leurs quartiers dans l’économie européenne. L’idée ? Protéger la souveraineté monétaire du Vieux Continent et éviter que l’écosystème crypto devienne un cheval de Troie pour le dollar. Face aux ambitions des émetteurs comme Circle ou Paxos, les autorités européennes sortent l’artillerie réglementaire.
En bref
- L’UE veut interdire les stablecoins émis simultanément dans plusieurs juridictions hors zone euro.
- La BCE redoute une crise financière liée aux réserves mal réparties des stablecoins étrangers.
- Un consortium bancaire européen prépare un stablecoin euro pour contrer l’invasion des tokens dollar.
- Circle collabore déjà avec Deutsche Börse pour intégrer USDC et EURC aux marchés régulés européens.
Une UE crispée face à l’invasion des stablecoins en dollars
L’Union européenne, pas très à l’aise avec les stablecoins étrangers, resserre l’étau sur les stablecoins multi-juridictionnels. L’alerte vient de l’ESRB, l’organe chargé de prévenir les crises financières. Il appelle à interdire ces tokens émis simultanément dans plusieurs zones géographiques. Le risque ? Un déséquilibre potentiel pour le système économique européen.
En ligne de mire, les stablecoins indexés sur le dollar, qui dominent largement les éxchanges crypto. Les États-Unis, eux, ne s’en plaignent pas. Mais l’Europe, elle, y voit une menace.
L’USDC de Circle, pourtant conforme à la réglementation MiCA, est l’exemple type. Officiellement bienvenu, il devient aujourd’hui suspect. Le Bloomberg du 30 septembre révèle que l’ECB soutient activement les recommandations de l’ESRB. Les stablecoins « multi-issuance » risquent donc un bannissement pur et simple.
Bien que cette architecture puisse améliorer la liquidité mondiale et la scalabilité, elle présente d’importants risques juridiques, opérationnels, de liquidité et de stabilité financière au niveau de l’UE, surtout si au moins un émetteur est situé en dehors de l’Union européenne.
Chiara Scotti, vice‑gouverneure de la Banque d’Italie – Source : Cointelegraph
En résumé, l’UE veut réguler plus sévèrement pour éviter de dépendre de monnaies stables étrangères, surtout si elles sont gérées depuis l’autre côté de l’Atlantique.
Deutsche Börse et Circle, un partenariat crypto dans le viseur de l’UE
Pendant que Bruxelles s’inquiète, Circle multiplie les accords. Le dernier en date : un pacte stratégique avec Deutsche Börse, mastodonte des marchés financiers européens. Objectif ? Intégrer l’USDC et l’EURC dans les infrastructures classiques, via les plateformes 3DX et Clearstream. Pour Jeremy Allaire, PDG de Circle, l’enjeu est clair :
Nous voulons aligner nos stablecoins réglementés avec les institutions européennes pour réduire les coûts et améliorer les règlements.
Mais l’ambiance réglementaire vient gâcher la fête. Car même si Circle a été le premier émetteur stablecoin conforme à MiCA, cette alliance transatlantique pose problème à certains régulateurs. Elle illustre la tension entre ouverture aux innovations crypto et volonté de reprendre la main.
D’un côté, l’Europe veut bâtir un marché attractif. De l’autre, elle redoute de voir sa monnaie continentale cannibalisée par des outils financiers adossés au dollar.
Certains régulateurs européens redoutent que les stablecoins émis par des géants américains deviennent un cheval de Troie dans les systèmes financiers européens, facilitant l’entrée d’intérêts étrangers dans les rouages bancaires de l’UE.
L’Europe cherche donc l’équilibre entre intégration et protection.
Souveraineté numérique : les banques européennes sortent leur joker
L’UE ne veut plus rester spectatrice. Elle lance sa riposte made in Europe. Neuf grandes banques, dont ING, UniCredit et CaixaBank, ont uni leurs forces pour créer un stablecoin adossé à l’euro, supervisé par la Banque centrale des Pays-Bas. L’ambition ? Déployer un token dès 2026, conforme à MiCA, capable de rivaliser avec les géants américains.
Faits marquants à retenir
- Le marché mondial des stablecoins approche les 300 milliards de dollars ; seuls 620 millions sont libellés en euros ;
- Le stablecoin des banques européennes vise un règlement quasi-instantané et programmable ;
- Ce projet sera lancé depuis Amsterdam, sous la houlette de la banque centrale néerlandaise ;
- La BCE prépare en parallèle un euro numérique pour 2029, en version publique ;
- Les banques européennes veulent ainsi reconquérir la souveraineté des paiements numériques.
Cette double initiative – privée et publique – vise à endiguer la domination du dollar sur les paiements numériques. Dans une économie où les cryptos prennent du terrain, l’Europe entend défendre sa place. Pas seulement avec des règles. Mais aussi avec des produits issus de son propre écosystème financier.
Alors que la BCE durcit sa posture contre les stablecoins étrangers, Christine Lagarde semble viser plus haut. Dans une récente déclaration, elle a évoqué sa volonté de voir l’euro rivaliser avec le dollar comme monnaie de référence mondiale. Entre ambitions monétaires et bras de fer crypto, l’avenir du système financier européen pourrait bien se jouer… dans le code.
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