MiCA : Bitpanda dénonce une régulation crypto à deux vitesses

Le responsable des affaires publiques de Bitpanda alerte sur les disparités persistantes dans l’application de la réglementation MiCA à travers l’Europe. Malgré ses promesses d’harmonisation, l’Union européenne peine à instaurer un véritable marché unique des cryptos. MiCA est en marche, certes, mais chaque État membre interprète et applique la loi à sa manière.

Bitpanda critique l’harmonisation incomplète de MiCA

Benedikt Faupel, responsable des affaires publiques chez Bitpanda, a exposé ses préoccupations lors de la German Blockchain Week. 

L’exchange autrichien, fondé en 2014, possède aujourd’hui trois licences MiCA, un record dans l’industrie. Cette position privilégiée lui offre un observatoire unique sur l’application du cadre réglementaire européen.

« Avec MiCA, tout est beaucoup plus simple », reconnaît Faupel. 

La réglementation a effectivement mis fin au chaos précédent, où pas moins de 17 régimes de licences distincts coexistaient en Europe. Cette fragmentation contraignait les acteurs crypto à naviguer dans un labyrinthe réglementaire complexe pour opérer à l’échelle européenne.

Pourtant, l’harmonisation promise reste largement théorique. Les régulateurs nationaux interprètent MiCA selon leurs propres prismes, créant de facto des standards différents d’un pays à l’autre. 

Cette approche « à la carte » compromet l’objectif fondamental d’un marché unique européen des cryptomonnaies.

L’exemple le plus frappant concerne les processus d’obtention des licences. Certains régulateurs exigent des examens institutionnels exhaustifs avant d’accorder leurs autorisations. 

D’autres privilégient une approche plus pragmatique, n’approfondissant leurs analyses qu’en cas de nécessité.

Cela crée une sorte de déséquilibre.

Les défis de l’harmonisation européenne

Cette fragmentation n’étonne guère les observateurs familiers du secteur.

C’est prévisible. Ce n’est pas inhérent à MiCA, mais simplement le résultat d’une tentative de réguler un secteur aussi jeune que les cryptos. 

Benedikt Faupel

Par définition, un marché aussi disruptif que celui des actifs numériques résiste aux efforts d’uniformisation réglementaire.

Mais les conséquences de cette hétérogénéité vont bien au-delà d’un simple casse-tête administratif. Elles introduisent une distorsion de concurrence entre les acteurs européens : certains évoluent dans un environnement favorable, quand d’autres se heurtent à une réglementation plus lourde ou plus lente.

Pour les entreprises crypto, cela signifie adapter leurs stratégies d’expansion en fonction des contraintes nationales — un frein à la fluidité du développement à l’échelle continentale.

Faupel appelle donc à une harmonisation plus poussée entre les régulateurs.

 Le secteur devait s’y attendre. Il faut combler le fossé réglementaire entre les pays membres du MiCA pour garantir des conditions de concurrence équitables dans toute l’Union européenne. 

Il reconnaît toutefois que cette convergence ne pourra passer que par des ajustements progressifs du cadre réglementaire.

Dans cette optique, Bitpanda milite pour une véritable cohérence dans la mise en œuvre des règles. L’objectif est clair : permettre aux entreprises conformes d’opérer sans entraves dans l’ensemble du marché européen.

Et ce n’est pas un enjeu théorique. L’adoption institutionnelle s’accélère, comme en témoigne le partenariat entre Bitpanda et Deutsche Bank, qui envisage de proposer le stockage de cryptos à ses clients dès l’an prochain.

MiCA représente une avancée majeure pour la régulation des actifs numériques en Europe. Mais sans réelle harmonisation de son application, ses promesses risquent de s’éroder. Bitpanda appelle à corriger le tir avant que l’UE ne perde son avantage dans la course mondiale pour établir les standards de la régulation crypto.