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Natixis voit la BCE ressortir sa planche à billets

jeu 16 Nov 2023 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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La banque d’investissement Natixis pense que la Banque centrale européenne devra redémarrer le Quantitative Easing (QE).

Inflation

Vers une réouverture du QE dans la zone euro ?

Tel est le titre d’une note de recherche publiée par Patrick Artus le 13 novembre. « QE » est l’abréviation de Quantitative Easing. Cet ésotérisme linguistique de banquier signifie faire tourner la planche à billets.

L’introduction du papier va droit au but :

« Dans le scénario pessimiste dans lequel la progression de la productivité restera faible dans la zone euro, la croissance sera insuffisante dans les prochaines années pour faire reculer visiblement le déficit public en France, en Espagne et en Italie. Pour éviter le retour d’une crise de soutenabilité de certaines dettes publiques, la BCE pourrait alors être obligée de ré-ouvrir le QE. »

Pour le directeur de la recherche chez Natixis, « si la productivité du travail ne se redresse pas, la croissance potentielle sera faible ». Et « le fait que le taux d’intérêt réel soit supérieur à la croissance potentielle » se traduira par des déficits publics importants.

« Étant donné la faiblesse de la croissance et le niveau [élevé] des taux d’intérêt, il sera très difficile d’assurer la soutenabilité de la dette publique. La France, l’Espagne et l’Italie vont par conséquent connaitre un risque de crise de la dette publique. »

En d’autres termes, si les taux d’emprunt des gouvernements s’envolent, la BCE devra intervenir en achetant de nouveau des titres de dette souveraine pour calmer le jeu.

Productivité ?

La productivité du travail est une mesure de l’efficacité productive du travail. Typiquement, les humains augmentent leur productivité grâce à des machines. Plus un pays possède de machines par habitant et plus il est productif.

Mais les machines ne sont pas tout. Elles ont besoin d’énergie pour fonctionner. Surtout de pétrole, qui est indispensable pour les machines de transport (camions, bateaux, trains, etc) sans lesquelles rien ne se ferait.

Soit dit en passant, le boomer Patrick Artus préfère pointer du doigt la « perte de perception du sens du travail chez les jeunes » pour expliquer la baisse de la productivité…

« L’insuffisance de l’investissement en nouvelles technologies » est également en cause selon lui. Et puis aussi « le vieillissement de la population ». La raison étant que la part des ressources allouée aux retraités est par définition non productive.

En attendant la fusion nucléaire et les batteries immortelles, le fait est que l’Europe a de plus en plus de mal à se payer son pétrole. Les importations d’or noir de l’UE sont en décrue depuis le pic de pétrole conventionnel de 2006. La voilà l’origine physique, réelle, de la baisse de productivité.

Moins d’énergie (ou énergie plus chère) = moins de machines qui fonctionnent = baisse de la productivité (production par tête) = baisse du niveau de vie.

Le système étant ce qu’il est (un ponzi monétaire), la baisse de la productivité se traduit par des salaires qui ne progressent pas aussi vite que l’inflation.

En clair, c’est notre capacité à produire de l’énergie qui sera déterminante pour les décennies à venir. Et notamment notre habileté à faire sans pétrole.

Le Shift Project a fait les calculs à partir de la meilleure base de données existante (Rystad) quant aux réserves de pétrole mondiales. Le constat est implacable.

Plus d’inflation dans les tuyaux

Pour le Shift Project, « le déclin probable d’ici à 2030 de la production des pays fournissant aujourd’hui plus de la moitié du pétrole consommé par l’UE risque d’entrainer des contraintes significatives sur son approvisionnement ».

Plus concrètement, le volume total des sources actuelles d’approvisionnement de l’UE pourrait être dès 2030 environ 12 % inférieur à celui de 2019. Et de 50 % d’ici à 2050. Ces sources étant par ordre d’importance : Russie, Irak, Arabie Saoudite, Norvège, Kazakhstan, Nigeria, Libye, Azerbaïdjan, Iran, Royaume-Uni, États-Unis, etc.

Il faut maintenant rappeler que la Fed a initié le QE en même temps que le pic de pétrole conventionnel mondial. N’oublions pas non plus que les États-Unis ont abandonné le Gold Standard quelques mois seulement après leur pic de production de pétrole (1970).

Ce sont les rachats de dettes de la Fed qui ont permis aux banques de réallouer leurs fonds vers l’industrie du pétrole de Schiste. Sans la planche à billets, les États-Unis n’auraient pas pu se sortir si facilement de la crise des subprimes. C’est l’analyse que fait Michel Lepetit dans cette lettre ouverte aux gouverneurs de la Fed.

En somme, la raréfaction énergétique promet une baisse de la productivité qui s’accompagnera nécessairement de déficits budgétaires toujours plus importants. Il faudra donc s’endetter davantage, ce qui obligera en retour les banques centrales à imprimer.

Au vu des récentes émissions de dette US, il n’est pas impossible que le QE revienne plus tôt que prévu de part et d’autre de l’Atlantique :

« Hmmmm…les dernières émissions obligataires du Trésor signalent que la demande pour les bons du Trésor est en baisse alors que le volume des émissions augmente… Cela pourrait signifier la fin du QT et le redémarrage du QE…ce qui pourrait être de bon augure pour le bitcoin… »

Nous basculons dans un autre monde. L’époque où la production de pétrole ne cessait d’augmenter est révolue. Dorénavant, la production baissera, implacablement, emportant avec elle la productivité.

Il en découlera forcément une inflation massive à laquelle il faut se préparer. Par exemple grâce au bitcoin qui, d’après Michael Saylor, pèsera in fine 10 millions de dollars l’unité…

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Nicolas T.

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