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Nostr : Le nouveau réseau social des bitcoiners !

lun 23 Jan 2023 ▪ 15 min de lecture ▪ par Satosh

Après le rachat de Twitter par Elon Musk, le sujet de la liberté d’expression sur les réseaux sociaux devient incontournable. Nostr est un nouveau protocole open source qui fait l’objet d’une attention particulière ces dernières semaines. Ce protocole utilise de manière ingénieuse la cryptographie en vue de bâtir le premier réseau social mondial et résistant à la censure. Jack Dorsey est fan !

Un succès fulgurant

Depuis que le réseau social a été ajouté à la liste des réseaux sociaux dont la promotion est formellement interdite sur Twitter, Nostr ne cesse de gagner en popularité. Le fondateur de Twitter, l’illustre bitcoiner, Jack Dorsey aime tellement Nostr qu’il a fait un don de 14 BTC pour financer le développement du protocole.

Surtout, les gens ont pris conscience que la liberté d’expression n’était pas rentable (car les annonceurs quittent le navire) et qu’il sera très difficile pour une entreprise privée d’éviter toute forme de censure. Si Elon Musk, l’homme qui sait le mieux gérer des entreprises de la tech n’y parvient pas, c’est mauvais signe. Twitter est un outil extraordinaire qui permet de communiquer avec des célébrités de manière très accessible, mais la censure, les publicités, les bots et les spams ont sérieusement détérioré l’expérience ces dernières années.

Nostr contre Twitter

Par conséquent, face à ce constat, certains ont commencé à chercher des alternatives plus ou moins décentralisées pour jouir d’un espace d’expression maximal. C’est ainsi, que de plus en plus de personnes ont commencé à partager leurs clefs Nostr, un protocole opérationnel depuis 2020. Jusqu’ici, Nostr est une plateforme de niche qui ne réunissait qu’un petit nombre d’utilisateurs. Un projet sans grandes prétentions, qui offrait aux gens une alternative à un Twitter de plus en plus censuré.

Comme Twitter, Nostr est un réseau social où vous pouvez poster des messages ou encore suivre des personnes. Ces actions sont des « évènements ». Mais contrairement à une plateforme sociale traditionnelle, Nostr est un protocole open source. Autrement dit, Nostr s’apparente bien plus à un ensemble de règles que des serveurs et des clients utilisent pour communiquer, à l’instar de Bitcoin ou des boîtes mails. C’est une couche de base sur laquelle on peut bâtir des réseaux sociaux résilients à la censure.

À quoi servent les clefs sur Nostr ?

Sur Nostr, chaque utilisateur a recours à une paire de clefs publique et de clefs privées pour gérer son identité. En gros, une clef publique agit comme votre identifiant et votre clef privée comme votre mot de passe. Contrairement aux réseaux sociaux traditionnels comme Instagram ou TikTok, il n’y a pas de nom d’utilisateurs. Seulement des paires de clefs, contrôlées par des individus souverains. Tout le protocole Nostr repose sur cette technologie simple de cryptographie asymétrique, qui est omniprésente dans la crypto et sur Bitcoin.

Et si l’entreprise privée Twitter qui possède les serveurs de la plateforme peut censurer ou supprimer votre identité, ceci est impossible sur Nostr. Autrement dit, aucun acteur ne peut verrouiller votre identité. C’est un réseau social orienté vers la résistance à la censure qui ne repose sur aucun serveur central de confiance. Cette caractéristique lui confère une résilience exceptionnelle.

Comment fonctionne Nostr ?

Expliquons très brièvement le fonctionnement de Nostr.

L’idée générale est que chaque utilisateur s’identifie avec une clef publique. Les utilisateurs signent des messages, qui sont validés par les clients. C’est pourquoi, pour utiliser Nostr, il est nécessaire d’exécuter un client, c’est-à-dire une façon d’interagir avec le protocole. Il existe des clients web, mobiles, natifs…

Les clients envoient des évènements à des serveurs relais, qui stockent ces évènements. Les autres clients du réseau peuvent alors communiquer librement avec ces serveurs relais pour récupérer les évènements reçus et stockés. Les clients peuvent choisir les serveurs relais de leur choix et publient des données vers d’autres relais de leur choix. Précisons que tout le monde peut faire tourner un serveur relais, y compris vous. C’est quelque chose de très simple : une simple machine qui accepte les messages de certaines personnes pour les transmettre à d’autres.

Pour trouver un autre utilisateur sur Nostr, il suffit de faire une recherche dans le client de votre choix en utilisant sa clef publique. D’ailleurs, de nombreuses personnalités publiques publient directement leur clef publique sur Twitter.

Le site nostr.net tient une liste actualisée des clients. Par exemple, le client hamstr.to est un client avec une interface proche de celle de Twitter. Idem pour yosup.app, qui ressemble à la version mobile de Twitter.

Une histoire d’évènements

On peut envoyer plusieurs types d’évènements : des informations sur un utilisateur (nom, photo, biographie…), des messages textes ou encore des recommandations.

Chaque évènement suit une structure particulière et contient la clef publique du créateur, un horodatage ou encore une signature électronique. Ce modèle garanti que tous les messages ont été créés par le détenteur de la clef publique et qu’ils n’ont pas été modifiés après avoir été signés. Le créateur de contenu prouve cette détention par une signature électronique.

Sur Bitcoin, il est impossible de modifier une transaction qui a été signée. De même, sur Nostr, un créateur n’a plus la capacité de modifier un évènement après avoir validé l’action en la signant.

Par exemple, pour publier quelque chose, il suffit d’écrire un message, de le signer avec la clef privée associée à une clef publique et d’envoyer ce message à plusieurs relais, c’est-à-dire à des serveurs hébergés par quelqu’un d’autre ou par vous-même. Afin d’obtenir les dernières informations publiées par une personne, il suffit d’interroger plusieurs serveurs relais et de leur demander s’ils sont au courant de quelque chose. Naturellement, il n’est pas nécessaire de faire confiance aux relais puisque la vérification des signatures se fait côté client.

Nostr se veut résistant à la censure

Comme Bitcoin, Nostr repose sur une architecture technologique très simple pour offrir aux utilisateurs, un protocole de communication libre qui garantit l’intégrité des messages grâce au système cryptographique des identités à clefs publiques. Afin de décentraliser le protocole, l’infrastructure de Nostr repose sur un archipel de serveurs de relais, permettant même à un utilisateur de gérer son serveur personnel.

Si un utilisateur est banni d’un serveur, il lui suffit de se déplacer vers un autre serveur ou de gérer sa propre infrastructure tout en conservant son identité numérique et les personnes qui le suivent, puisqu’il détient toujours son couple clef publique/clef privée. Sur Nostr, vous pouvez empêcher un utilisateur de publier du contenu sur votre serveur, mais vous ne pourrez pas l’empêcher de visualiser le contenu que vous héberge.

Les serveurs de relais ont également une immense liberté. Ils peuvent mettre en place un système de micropaiements ou même exiger une preuve de travail pour valider un message. De plus en plus d’utilisateurs ont même recours au système des factures de Lightning Network pour effectuer des micropaiements en satoshis de manière rapide.

Nostr est un protocole perfectible

Si l’utilisation du couple clef publique/privée empêche un serveur d’attribuer l’identité d’une personne à un autre utilisateur (car logiquement, il ne possède pas la clef privée), il n’en reste pas moins que cela pose des problèmes en termes d’expérience utilisateur. En effet, comme pour la crypto, il est vital de ne pas perdre sa clef.

En cas de problème, il n’y a aucun service client et il est impossible de demander de l’aide. Il faut être responsable, comme sur Bitcoin. Vous perdez vos clefs, vous perdez l’accès à votre identité numérique sur Nostr. Autrement dit, toute la valeur de Nostr (qui est de garantir qu’un utilisateur particulier est à l’origine d’un évènement horodaté), disparaît en cas de corruption des clefs.

Ce problème devra tôt ou tard est résolu si l’on souhaite que Nostr continue d’accueillir de nouveaux utilisateurs. Devoir constamment revenir sur des réseaux sociaux centralisés pour vérifier les nouvelles clefs publiques et s’assurer que l’on suit la bonne personne, suite à la corruption d’une identité est trop fastidieux. Surtout quand ces plateformes peuvent vous censurer si vous osez prononcer le mot « Nostr ».

Comment utiliser Nostr dès maintenant ?

Commencez par générer un couple de clef publique et de clef privée, et enregistrer ces informations dans un endroit sûr. Ensuite, ajoutez quelques relais, trouvez vos amis sur Twitter et c’est bon vous pouvez commencer à échanger des messages.

La philosophie open source

La philosophie du logiciel libre anime à la fois Bitcoin et Nostr. Il est bon de se rappeler certains de ses principes.

« Le logiciel libre est une question de liberté, pas de prix. Pour comprendre ce concept, vous devez penser à « libre » comme dans ‘liberté d’expression’, et non comme dans ‘bière gratuite’. Le logiciel libre est une question de liberté pour les utilisateurs d’exécuter, copier, distribuer, étudier, de modifier et d’améliorer le logiciel. Plus précisément, il s’agit de quatre types de liberté, pour les utilisateurs du logiciel :

– Liberté 0 : la liberté d’exécuter le programme, dans n’importe quel but.

– Liberté 1 : La liberté d’étudier le fonctionnement du programme et de l’adapter à vos besoins. (L’accès au code source est une condition préalable à cela).

– Liberté 2 : La liberté de redistribuer des copies afin d’aider votre voisin.

– Liberté 3 : La liberté d’améliorer le programme, et de diffuser vos améliorations au public, afin que l’ensemble de la communauté en bénéficie.

Un programme est un logiciel libre si les utilisateurs disposent de toutes ces libertés. Ainsi, vous devez être libre de redistribuer des copies, avec ou sans modifications, gratuitement ou en faisant payer la distribution, à n’importe qui et n’importe où. Être libre de faire ces choses signifie vous n’avez pas à demander ou à payer pour obtenir une permission.

Vous devez également avoir la liberté d’apporter des modifications et de les utiliser à titre privé dans votre propre travail ou vos loisirs, sans même mentionner qu’elles existent. Si vous publiez vos modifications, vous ne devez pas être tenu d’en informer qui que ce soit en particulier. » Free Software, Free Society.

Le logiciel libre : la liberté d’utiliser un programme et de le modifier

« La liberté d’utilisation d’un programme signifie la liberté pour toute personne ou organisation de l’utiliser sur tout type de support.

Par conséquent, l’accessibilité du code source est une condition nécessaire pour le logiciel libre. Pour que ces libertés soient réelles, elles doivent être irrévocables tant que vous ne faites rien de mal. Si le développeur du logiciel a le pouvoir de révoquer la licence, sans que vous ne fassiez quoi que ce soit pour le justifier, le logiciel n’est pas libre.

Les technologies numériques de l’information contribuent au monde en facilitant la copie et la modification des informations. Les ordinateurs promettent de rendre cela plus facile pour chacun d’entre nous. Tout le monde ne souhaite pas que ce soit plus facile. Le système du droit d’auteur donne aux programmes logiciels des ‘propriétaires’, dont la plupart visent à empêcher le reste du public de profiter des avantages potentiels des logiciels. »

Crypto-anarchisme et logiciel libre

« Ils voudraient être les seuls à pouvoir copier et modifier les logiciels que nous utilisons. Le système du droit d’auteur s’est développé avec l’impression. Le droit d’auteur s’adaptait bien à cette technologie car il ne limitait que les producteurs de masse de copies. Il ne privait pas les lecteurs de livres de leur liberté. Un lecteur ordinaire, qui ne possédait pas de presse à imprimer, ne pouvait copier des livres qu’avec une plume et de l’encre, et peu de lecteurs étaient poursuivis pour cela.

La technologie numérique est plus flexible que la presse à imprimer : lorsque l’information a une forme numérique, vous pouvez facilement la copier. Cette flexibilité même s’accorde mal avec un système comme le droit d’auteur. C’est la raison pour laquelle des mesures de plus en plus draconiennes sont utilisées aujourd’hui pour faire respecter les droits d’auteur sur les logiciels.

Ces pratiques ressemblent à celles utilisées dans l’ancienne Union soviétique, où chaque photocopieuse était protégée par un gardien afin d’empêcher toute copie interdite, et où les individus devaient copier des informations secrètement et les transmettre aux autres. »

La lutte contre la censure

« Il y a bien sûr une différence : le motif du contrôle de l’information en Union soviétique était politique. Aux États-Unis, le motif est le profit. Mais ce sont les actions qui nous affectent, et non pas le motif. Toute tentative de bloquer le partage de l’information, quelle qu’en soit la raison, conduit aux mêmes méthodes et à la même sévérité. », Free Software, Free Society.

Nostr s’inspire définitivement de la philosophie anarchiste de Bitcoin et des cypherpunks. Il s’agit d’un espace de communication ouvert aux gens dans le Cyberespace. Nostr permet aux individus de se connecter les uns avec les autres et de transmettre librement leurs idées, sans subir de censure ou de déplateformisation. Son architecture technique est extrêmement élégante et sa grande simplicité permet aux développeurs de continuer de construire par-dessus de nouvelles briques technologiques.

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Satosh

Chaque jour, j’essaie d’enrichir mes connaissances sur cette révolution qui permettra à l’humanité d’avancer dans sa conquête de liberté.

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