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Qui est vraiment Javier Milei ?

lun 20 Nov 2023 ▪ 7 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Avec 55 % des voix, Javier Milei devient le président de l’Argentine. 40 ans après la dictature des généraux, c’est un populiste ultralibéral niant les crimes de la dictature qui l’emporte.

Milei dollar

Qui est Javier Milei ?

Le site du World Economic Forum nous apprend qu’il a fait carrière comme économiste du côté de la HSBC, une banque britannique du top 10 mondial.

Il a travaillé pendant 13 ans pour le milliardaire argentin Eduardo Eurnekian. C’est grâce à lui que le « Zelensky argentin » a pu coloniser l’espace médiatique. D’après le cabinet de conseil « Ejes de Communicación », il fut par exemple l’économiste le plus invité à la télévision en 2018.

Sa fascination (feinte ou non) pour le judaïsme s’explique probablement par le fait que son mécène Eduardo Eurnekian est très proche d’Israël. Ce dernier a par exemple créé la fondation Raoul Wallenberg en l’honneur de ce diplomate suédois qui sauva des milliers de juifs de la déportation.

D’où probablement son intention de réaliser son premier voyage diplomatique en Israël et de déplacer l’ambassade d’Argentine de Tel-Aviv à Jérusalem :

« Le nouveau président argentin le mois dernier :
« Je ne vais pas à l’église, je vais à la synagogue.
Je ne suis pas un prêtre, mais un rabbin.
En plus de m’aligner sur les États-Unis et Israël, je veux déplacer notre ambassade à Jérusalem.
Si je gagne, mon premier voyage sera en Israël ». »

Concernant la politique étrangère, Milei ne cache pas vouloir s’aligner sur les États-Unis et rompre les relations diplomatiques avec la Russie, la Chine et même le Brésil. Adieu donc au club des BRICS qui tendait ses bras.

Sur le plan économique, Milei est un libertarien pur et dur. Il incarne le dégagisme, le laissez faire économique et la réduction drastique de la taille de l’État. Sous sa présidence, le nombre de ministères passera de 18 à 8.

L’un de ses slogans « Qu’il s’en aille tous ! » est un pied de nez aux partis socialistes latino-américains qui avaient le même slogan il y a 15 ans. « Viva la libertad, carajo ! » (Vive la liberté bordel !) en est un autre.

Pro Bitcoin ?

Aucune mention du bitcoin dans son programme politique. La seule fois que Javier Milei en a parlé fut à cette occasion :

À la question de savoir si le bitcoin pourrait être une alternative monétaire en Argentine, le populiste a rapidement recentré la conversation sur sa marotte :

« À voir. La première chose à comprendre est que la banque centrale est une arnaque. C’est un mécanisme par lequel les politiciens pillent les braves gens au travers de la taxe qu’est l’inflation. Ce que représente le bitcoin, c’est le retour de la monnaie à son créateur originel : le secteur privé. […] Le fait que les États décident quelle monnaie a cours légal permet aux politiciens de nous piller via l’inflation.

L’algorithme du bitcoin fait qu’il atteindra un jour un certain montant et pas plus. Il peut être en compétition avec d’autres monnaies. Il est en compétition avec ethereum et d’autres. Ce qui est intéressant, c’est le retour de la monnaie dans les mains du secteur privé. Mais quel est le problème ? C’est que le gouvernement n’abandonnera pas son pouvoir de choisir quelle monnaie a cours légal. […] Le Bitcoin est la réaction naturelle contre l’arnaque que sont les banques centrales pour rendre de nouveau la monnaie privée. »

Alliant les actes à la parole, Milei a promis de supprimer la banque centrale et de dollariser le pays :

« La première chose que nous allons faire est de réformer le système monétaire. J’organiserai un référendum s’il le faut. Et quand 70 % ou 80 % de la population voudra éliminer le peso, je les amènerai au Congrès. »

Doctrine économique « autrichienne »

Milei a quatre chiens issus du clonage de son précédent chien, Conan, mort en 2017. Ils se nomment respectivement Robert, Lucas, Milton et Murray, en l’honneur des économistes du même nom.

Murray Rothbard était en faveur de la suppression de toute banque centrale au profit du free banking. C’est-à-dire la liberté pour les banques privées d’émettre leur propre monnaie.

C’était le cas aux États-Unis de 1837 à 1864. Chacun étant libre de créer sa banque, beaucoup le faisaient avec l’intention d’arnaquer leurs clients (Wild cat Banking). Ce qui n’est pas sans rappeler l’industrie des shitcoins…

Pour Milton Friedman, la suppression de la banque centrale ne faisait sens qu’en cas d’adoption de la monnaie d’un autre pays. C’est ce qu’il avait conseillé au Chili au début des années 1980 : dollarisation et suppression de la banque centrale.

Fidèle à ses idoles, Milei s’est donné pour mission de dollariser l’Argentine. Et puisqu’il se dit en faveur de la libre concurrence des monnaies, certains y voient une opportunité pour le bitcoin. Affaire à suivre.

Soit dit en passant, son opposant Sergio Massa avait pour sa part une proposition pro bitcoin concrète. A savoir permettre aux mineurs de s’allier à l’industrie pétrolière pour consommer les surplus de méthane. Cela a du sens puisque les exchanges locaux ne peuvent plus se procurer de bitcoins à l’étranger faute de réserves de change suffisantes.

La dette des généraux

Les problèmes économiques de l’Argentine ne datent pas d’hier. Contrairement à ce que raconte Javier Milei, ce ne sont pas les socialistes qui ont ruiné le pays, mais les généraux de la dictature des années 1970-80.

Ces militaires ont pillé l’Argentine en empruntant des milliards de dollars (aux banques américaines) avant de les détourner vers des paradis fiscaux. Ou de les gaspiller en tanks et autres dépenses militaires non productives.

La dette publique quintupla durant cette période, passant de 8 à 43 milliards de dollars. Le FMI a depuis repris à son compte cette dette et, aujourd’hui encore, près de 30 % de l’ensemble des prêts accordés par le FMI sont en faveur de l’Argentine :

Argentina's debt to the IMF dwarfs other countries

Ces clarifications étant faite, il reste à prouver comment se soumettre à une banque centrale étrangère (la Fed) pourrait bien arranger les affaires des Argentins ?

Emprunter des dollars auprès de banques américaines signifie payer des intérêts à des Américains plutôt qu’à des Argentins. Par quel miracle un tel abandon de souveraineté pourrait-il in fine profiter aux Argentins ?

Terminons avec une réaction à chaud de Claire Balva :

« Peut-être que le fait que le type nie le réchauffement climatique devrait alerter sur son sérieux et sa santé mentale ? […] Un type qui veut interdire l’IVG n’est pas libéral. C’est un guignol qui n’a pas étudié le sujet (comme le climat d’ailleurs) et qui utilise la liberté comme argument à géométrie variable pour faire ce qui l’arrange. »

El loco porte peut-être bien son surnom…

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Nicolas T.

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