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Sam Bankman-Fried face à la justice américaine : une audience en appel sous tension

9h00 ▪ 5 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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Sam Bankman-Fried, ex-icône de la crypto déchue, joue sa dernière carte devant la justice. Condamné à 25 ans de prison pour fraude, l’ancien PDG de FTX conteste son procès devant une cour d’appel fédérale à New York. Sa défense affirme que l’entreprise n’était pas insolvable et que les clients auraient pu être remboursés si le temps n’avait pas manqué. Un recours stratégique, qui pourrait bouleverser la lecture juridique de l’effondrement de l’un des plus grands empires crypto.

Dans une salle de la cour d’appel, le marteau du juge est en suspension, à seulement quelques centimètres du socle de bois, prêt à frapper. En contrebas, Sam Bankman-Fried est représenté assis, de trois quarts, le regard vers le bas, le visage marqué, les mains crispées sur ses genoux.

En bref

  • Sam Bankman-Fried, ancien PDG de FTX, fait appel de sa condamnation à 25 ans de prison pour fraude financière.
  • Sa défense affirme que les clients auraient pu être remboursés si FTX avait eu plus de temps avant son effondrement.
  • Les juges de la cour d’appel de New York ont exprimé un fort scepticisme face à cet argument jugé hypothétique.
  • La défense estime que SBF a agi de bonne foi, sous conseil juridique, mais cette ligne reste fragile face aux preuves.

Des juges d’appel peu réceptifs à l’argument de la solvabilité

Lors de l’audience du 5 novembre devant la Cour d’appel du deuxième circuit, l’avocate de Sam Bankman-Fried, Alexandra Shapiro, a avancé un argument central. Selon elle, FTX aurait été en mesure de rembourser ses clients si l’entreprise avait eu davantage de temps avant son effondrement, alors que Les marchés prédictifs s’enflamment autour du destin de SBF.

« Les clients auraient récupéré leur argent », a-t-elle affirmé. Cette ligne de défense a immédiatement déclenché des réactions critiques de la part des juges. Le juge Barrington Parker Jr. a exprimé son scepticisme de manière explicite : « Il semble presque que vous consacriez plus d’encre au juge Kaplan qu’au fond du dossier ». Ce commentaire reflète l’agacement du tribunal face à une stratégie perçue comme détournant le débat du fond vers la forme.

Les questions des juges ont révélé plusieurs points de tension qui affaiblissent la position de la défense :

  • L’absence de preuve concrète que FTX aurait pu effectivement rembourser ses clients, même avec plus de temps ;
  • Le caractère hypothétique de l’argument, qui repose sur des scénarios alternatifs sans fondement matériel nouveau ;
  • Le manque de focalisation sur les faits, selon les juges, au profit d’une critique appuyée de la gestion du procès par le juge Lewis Kaplan ;
  • Le doute sur la pertinence de rejuger l’affaire, compte tenu de la solidité des éléments présentés au premier procès.

Comme l’a résumé Samson Enzer, ancien procureur fédéral : « bien que la défense ait fait preuve de ténacité, la tonalité générale des questions posées montre un scepticisme profond de la part du panel ». En l’état, l’argument de la solvabilité retardée peine à convaincre les magistrats qu’une erreur judiciaire justifierait un nouveau procès.

L’ombre persistante d’Alameda et des fonds détournés

Au-delà de la question du calendrier avancée par la défense, le cœur du dossier repose toujours sur la gestion opaque des fonds clients au sein de FTX et leur transfert massif vers Alameda Research, la société sœur fondée également par SBF.

Lors de l’audience d’appel, les procureurs ont rappelé sans ambiguïté que « l’argent des clients n’était pas conservé de manière sécurisée sur FTX » et ont réaffirmé que 8 milliards de dollars avaient été déplacés vers Alameda pour financer des investissements risqués et des dons politiques. Ces éléments, déjà centraux lors du procès de 2023, continuent de peser lourdement dans l’examen du recours, car ils mettent en doute toute présomption de bonne foi.

La défense a tenté de faire valoir que Sam Bankman-Fried avait agi sous les conseils de ses avocats et n’avait jamais eu l’intention de tromper qui que ce soit. Cet argument avait été jugé intéressant et significatif par Samson Enzer lors du premier procès.

Pourtant, le juge Kaplan avait largement restreint l’introduction de preuves à ce sujet. L’équipe de défense estime que cette limitation constitue une erreur de procédure susceptible de justifier un nouveau procès. Or, les magistrats d’appel ont montré peu d’intérêt à revenir sur cette décision, concentrant leurs remarques sur la responsabilité directe de l’accusé dans la gestion des fonds.

Si la cour d’appel venait à rejeter la demande de nouveau procès, la condamnation de SBF resterait inchangée, avec une peine de 25 ans de prison déjà en cours. Une éventuelle acceptation de l’appel ouvrirait quant à elle la voie à un nouveau procès très médiatisé, susceptible de redéfinir les responsabilités de l’effondrement de FTX et les standards de régulation dans l’univers crypto. Dans tous les cas, ce nouvel épisode judiciaire rappelle que les conséquences de l’affaire FTX continuent d’irriguer les débats sur la transparence, la gouvernance et les risques systémiques dans le secteur.

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Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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