Tether dévoile plus de 100 000 Bitcoins et 50 tonnes d’or en réserve

Dans un écosystème où chaque décision des leaders crypto redessine l’équilibre du marché, Tether affiche ses ambitions. Depuis la scène du Bitcoin 2025 à Las Vegas, Paolo Ardoino a révélé que l’émetteur de l’USDT détient plus de 100 000 bitcoins et 50 tonnes d’or. Ce n’est plus une simple entreprise de stablecoins : c’est un acteur patrimonial stratégique. En dévoilant ces réserves, Tether ne se contente pas de rassurer, mais il affirme son rôle dans la nouvelle architecture financière mondiale.

Tether exhibe ses coffres : un trésor sans précédent

Tandis que Tether maintient volontairement sa position en dehors du marché européen, refusant de se conformer au règlement MiCA comme l’a expliqué Paolo Ardoino, l’entreprise continue d’afficher des résultats financiers remarquables.

Lors de son intervention à la conférence Bitcoin 2025 à Las Vegas le 29 mai 2025, son PDG a projeté une slide qui a immédiatement retenu l’attention de l’auditoire. On y découvrait les dernières données actualisées sur les actifs détenus par l’entreprise.

À la surprise générale, Ardoino a révélé que Tether possède désormais plus de 100 000 bitcoins, ce qui représente une valeur supérieure à 10 milliards de dollars, ainsi que plus de 50 tonnes d’or physique. « Tether est probablement l’entreprise la plus rentable de l’industrie crypto », a-t-il déclaré face au public.

Cette affirmation est appuyée par le chiffre impressionnant de 13 milliards de dollars de profits nets réalisés en 2024.

Ces données viennent compléter et actualiser les chiffres déjà publiés dans le rapport officiel de Tether à la fin du premier trimestre fiscal 2025. Ce document précisait que :

• Les réserves en bitcoin étaient évaluées à plus de 7 milliards de dollars, sur la base d’un cours moyen de 83 000 $/BTC ;
• Les réserves en or prenaient la forme de barres physiques standardisées, pour une valeur supérieure à 6 milliards de dollars ;
• Ces actifs sont destinés à soutenir la circulation du stablecoin USDT, le plus utilisé au monde.

En affichant une telle transparence sur ses avoirs, Tether envoie un signal fort aux marchés. L’entreprise cherche à consolider sa crédibilité et à répondre aux critiques persistantes sur la composition et la solidité de ses réserves.

Un choix symbolique et stratégique : Tether redéfinit son rôle dans l’écosystème

En intégrant de l’or à ses réserves, Tether ne se contente pas de diversifier ses actifs. Il envoie un message aux deux extrémités du spectre financier. Conscient que cette décision pouvait interroger une audience majoritairement composée de maximalistes bitcoin, Paolo Ardoino a tenu à désamorcer toute ambiguïté idéologique.

Il a précisé :

Beaucoup de bitcoiners n’aiment pas parler d’or, comme si cela pouvait enlever quelque chose au bitcoin. Ce n’est pas le cas. Le bitcoin est parfait. L’or est imparfait. Cependant, l’or ne concurrence pas le bitcoin, il concurrence le fiat. Et c’est pourquoi nous aimons avoir un peu d’or.

Cette position éclaire sur une approche pragmatique : l’or n’est pas là pour rivaliser avec le BTC, mais pour mieux contrer les monnaies fiduciaires.

Ce positionnement s’insère dans un mouvement global de reconfiguration du rôle des trésoreries crypto, où certains acteurs, comme Twenty One Capital qui a récemment acquis 458 millions de dollars en bitcoin, ou Cantor Fitzgerald, qui lance un fonds exposé au BTC avec une couverture or, adoptent des stratégies similaires.

Loin d’être anecdotique, le choix de Tether traduit une volonté de s’ancrer dans une logique quasi-systémique, proche de celle d’une banque centrale privée crypto, capable d’opérer à l’abri des seules fluctuations du dollar.

À l’avenir, cette double réserve, bitcoin et or, pourrait renforcer la résilience du modèle Tether, tout en offrant à l’USDT un statut renforcé de crypto adossée à des actifs durs. Si cette stratégie inspire confiance, elle interpelle : faut-il y voir les prémices d’une nouvelle ère pour les stablecoins, dont la demande explose, ou le début d’un basculement vers un pouvoir de marché encore plus concentré entre les mains de quelques géants privés ? L’industrie devra suivre de près l’évolution de cette stratégie dans un contexte de régulation croissante et d’instabilité macroéconomique.