Tornado Cash : Le cofondateur reconnu coupable, le jury reste divisé sur les autres charges

Un jury à Manhattan a reconnu le cofondateur de Tornado Cash, Roman Storm, coupable d’exploitation illégale d’une entreprise de transmission d’argent. En revanche, il n’a pas réussi à s’accorder sur les accusations plus graves de blanchiment d’argent et de violations de sanctions liées au groupe de hackers nord-coréen Lazarus.

Un verdict partagé

Inculpé en 2023, Storm était accusé d’avoir facilité plus d’un milliard de dollars de transactions illicites via Tornado Cash, un protocole de confidentialité crypto. Les procureurs affirment que des millions de dollars auraient été blanchis via cet outil par Lazarus, une entité sanctionnée impliquée dans plusieurs cyberattaques majeures.

Le procès, supervisé par la juge Katherine Polk Failla dans le district sud de New York, s’est soldé par un verdict partiel après plusieurs jours de délibérations. Si le jury a retenu que Storm exploitait un service de transmission d’argent non autorisé, il n’a pas pu conclure qu’il avait sciemment participé au blanchiment d’argent ou enfreint la législation américaine sur les sanctions.

Selon l’accusation, Storm était conscient de l’utilisation de l’outil par des acteurs nord-coréens et en aurait tiré profit. Lors des plaidoiries finales, les procureurs ont affirmé que Storm « savait ce qu’il faisait » et « avait gagné des millions ».

La défense de Storm a répondu que ni lui ni ses cofondateurs n’avaient jamais eu l’intention de voir Tornado Cash utilisé par des hackers. « Ils ont juré quand ils l’ont découvert », a fait valoir la défense, en référence à leur réaction interne après la découverte de l’implication de Lazarus.

L’industrie crypto se solidarise avec Storm

Storm est devenu un symbole du débat, au sein de la communauté crypto, autour de la responsabilité des développeurs et de la protection de la confidentialité financière.

Des voix influentes, telles que le DeFi Education Fund ou le cofondateur d’Ethereum Vitalik Buterin, ont publiquement défendu Storm, estimant que les développeurs de logiciels non-custodiaux ne devraient pas être tenus responsables de l’usage des outils open-source. Le DeFi Education Fund a rappelé :

Notre position est claire : les développeurs de protocoles peer-to-peer non-custodiaux n’exercent ni contrôle ni garde sur les actifs des utilisateurs. Ils ne dirigent pas d’entreprises de transmission d’argent au sens du Bank Secrecy Act.

Vitalik Buterin, pour sa part, a pris une position plus personnelle :

Vous avez créé Tornado en grande partie grâce à ma suggestion… il serait déshonorant que je ne vous soutienne pas en ce moment difficile. En Ethereum, nous protégeons les nôtres.

Des implications majeures pour l’industrie

Ce verdict intervient alors qu’un autre coup dur a récemment frappé les outils de confidentialité crypto : la semaine dernière, les fondateurs de Samourai Wallet, un mélangeur Bitcoin, ont plaidé coupable de blanchiment d’argent.

L’affaire Storm est suivie de près pour son impact sur le développement futur de la crypto open-source, notamment des protocoles axés sur la confidentialité. Si la condamnation pour transmission non autorisée pourrait valoir à Storm plusieurs années de prison, le non-lieu sur les accusations plus graves laisse la porte ouverte à d’autres batailles judiciaires.