Trump : Le Bitcoin soulage le Dollar

C’est difficile à croire, mais Donald Trump voit d’un bon œil que le bitcoin devienne la monnaie de réserve internationale par excellence.

Le sacrifice inévitable du dollar

Le dollar est en baisse de plus de 11 % depuis le début de l’année (DXY). Morgan Stanley s’attend à ce qu’il recule encore de 9 % au cours des 12 prochains mois. Excellente nouvelle pour Donald Trump dont la priorité est de stimuler la production américaine.

Le président américain estime qu’un dollar fort nuit à l’industrie manufacturière et à la compétitivité des États-Unis. Il avait déclaré en 2017 : « notre monnaie est trop forte et nous en mourons à petit feu ».

Quel est son objectif ? Réduire le déficit commercial insoutenable du pays. Cette politique de dévaluation compétitive, baptisée « l’accord de Mar-a-Lago », est à l’origine de la stratégie des taxes douanières.

Message reçu en Asie où l’on se débarrasse activement du dollar. Le billet vert a perdu 10 % face à la monnaie taïwanaise depuis début avril. Et plus de 5 % face aux monnaies coréenne, thaïlandaise, malaisienne et singapourienne.

Certains parlent de « crise asiatique inversée » en référence à l’effondrement des monnaies asiatiques des années 90. Les pays de la région avaient alors pris l’habitude d’accumuler de larges réserves de dollars par précaution. Mais peut-être plus pour longtemps.

Selon Robin Xing, économiste en chef chez Morgan Stanley, les investisseurs asiatiques s’orientent vers une stratégie de diversification et abandonnent l’idée désuète de la suprématie absolue du dollar.

Même son de cloche sur CNBC où le milliardaire Philippe Laffont a déclaré que « la dédollarisation du monde [et] la fin de l’exceptionnalisme américain » vont certainement faire les affaires du bitcoin.

Rien de bien nouveau sous le soleil. En revanche, ce qui est plus surprenant, c’est que la Maison-Blanche ne s’inquiète pas le moins du monde que le bitcoin puisse faire de l’ombre au dollar.

La fin du privilège exorbitant

Il est difficile de réconcilier le fait que Donald veuille un dollar faible tout en souhaitant qu’il demeure la monnaie de réserve internationale par excellence.

Il déclarait encore le 15 juin 2025 que « Le dollar doit rester fort ; c’est l’épine dorsale de notre économie et de la confiance que le monde nous accorde. Nous ne pouvons pas nous permettre de le laisser s’affaiblir, surtout avec tous les défis auxquels nous sommes confrontés au niveau mondial ».

L’ancienne présidente du Brésil n’a pas manqué de pointer du doigt cette contradiction. Dilma Rousseff a rappelé que le déficit commercial des États-Unis tient avant tout au « privilège exorbitant » du dollar qui pousse Washington à s’endetter et à importer plus qu’ils n’exportent, sans conséquences immédiates :

En d’autres termes, Donald Trump ne pourra pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Redevenir une puissance manufacturière, ou détenir la monnaie de réserve mondiale, il faudra choisir. Il le sait, c’est en tout cas ce que suggèrent ses dernières déclarations vis-à-vis du bitcoin :

J’ai remarqué qu’on paie de plus en plus en Bitcoin… Certaines personnes disent que ça enlève beaucoup de pression au dollar, et que c’est une excellente chose pour notre pays.

Donald Trump

Le privilège exorbitant est une lame à double tranchant. Il requiert de rester à la pointe de l’innovation tout en empêchant l’émergence de rivaux. Pas de chance, la Chine est venue gâcher la fête.

Il suffit pour s’en convaincre d’observer la dérive du ratio dette/PIB et les déficits jumeaux (commercial et budgétaire) des États-Unis. C’est l’effet boomerang résultant de décennies d’hégémonie monétaire.

Reste le coup de poker nommé bitcoin.

Le dollar est mort, vive le bitcoin

La réserve stratégique de bitcoins n’est pas une arlésienne. Elle arrive. C’est ce qu’a déclaré le conseiller à la Maison-Blanche Bo Hines ce vendredi :

Nous sommes en train de bâtir l’infrastructure permettant d’établir la réserve stratégique et d’accroître nos réserves de bitcoins. Nous avons répété maintes fois que le bitcoin est de l’or numérique et nous pensons qu’il est dans l’intérêt des États-Unis d’en accumuler le maximum possible.

Bo Hines, conseiller à la Maison-Blanche en charge du dossier Bitcoin

La seule contrainte sera de ne pas empiéter sur le budget de la nation. Les regards appuyés de Bo Hines vers la sénatrice Cynthia Lummis suggèrent toutefois que le plan est de troquer l’or pour le bitcoin :

Donald Trump fait le pari que mettre la main sur des millions de bitcoins compensera l’abandon du privilège exorbitant. Les prochains mois promettent d’être véritablement fascinants.

En attendant que le Congrès américain donne son feu vert, l’Agence fédérale de financement du logement (FHFA) vient d’adouber le bitcoin en tant que garantie pour obtenir un prêt immobilier.

Cette décision fait écho aux récentes déclarations du président de la Fed, Jérôme Powell, qui a affirmé que les banques sont libres d’intégrer le bitcoin à leurs activités. Cela dit, notons que toutes les grandes banques américaines laissent déjà leurs clients acheter des bitcoins via leur application.

Citibank a déclaré que le bitcoin pourrait « devenir la monnaie de choix pour le commerce international ». Bank of America le compare pour sa part à des innovations telles que l’imprimerie, l’ampoule ou l’intelligence artificielle :

Il est certain que 2025 sera une année charnière. Le monde entier emboîtera le pas aux États-Unis et ce serait bien le diable si le bitcoin ne tutoie pas les 200 000 dollars dans un futur très proche.

Ne manquez pas notre article : BTC/USD : Le Bull Run reprend ses droits.