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Pour CZ, sans liberté d’expression, la liberté financière est un leurre

7h00 ▪ 5 min de lecture ▪ par Mikaia A.
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La liberté. Voilà un mot que l’Humanité élève depuis des siècles au rang de totem. Liberté de penser, d’agir, de commercer. Mais à l’ère des plateformes numériques, sa définition vacille. Pour Changpeng Zhao, dit CZ, impossible de parler de liberté financière sans liberté d’expression. C’est cette conviction qui l’a poussé à injecter 500 millions de dollars dans X, l’ex-Twitter, au nom d’un Web3 plus libre… du moins en apparence.

CZ tenant entre une main le logo de bitcoin et l'autre le logo de X

En bref

  • CZ lie liberté financière et liberté d’expression, pilier de son engagement pour les cryptoactifs.
  • Il justifie son investissement massif dans X comme un acte militant pour une parole décentralisée.
  • L’ancien patron de Binance critique l’approche européenne, trop normative, hostile à l’innovation.
  • X doit encore régler un problème structurel : l’invasion des bots, cible directe de CZ.

CZ : une croisade pour la liberté… à géométrie variable

Sur scène à la conférence Token2049 à Dubaï, CZ n’a pas mâché ses mots : 

« Pour avoir la liberté de l’argent, il faut avoir la liberté d’expression. Sans cela, aucune autre liberté ne fonctionne. » 

Ce credo, il l’invoque pour justifier son investissement massif dans X. Officiellement, il ne s’agit pas d’un coup boursier, mais d’un acte militant.

Le projet semble presque messianique. À ses yeux, Twitter — rebaptisé X — serait le dernier bastion possible d’un espace numérique libre, à condition d’être modernisé. Binance promettait dès 2022 d’aider X à intégrer le Web3, à lutter contre les bots, à déployer des paiements crypto. En d’autres termes, offrir à Musk une boîte à outils crypto-compatible.

Mais dans les faits ? La plateforme continue d’être envahie de faux comptes, de scams en série, de spams indésirables. CZ a beau s’en plaindre publiquement — il a même supplié Musk de bannir les bots —, son rêve de liberté numérique semble pour l’instant piégé dans les mailles du capitalisme attentionnel.

Un engagement idéologique, ou un lobbying déguisé ?

L’ancien PDG de Binance ne cache pas non plus son agacement face à la bureaucratie européenne. « Les politiques crypto de l’Europe sont mortes dans l’œuf », a-t-il lâché sans détour. Selon lui, la région préfère réguler que d’innover. À l’opposé, il érige en modèle les Émirats arabes unis, où business et innovation marcheraient main dans la main.

Ses critiques s’inscrivent dans une stratégie bien rodée. Dépeindre l’Occident comme frileux, contrôler le récit en se posant en défenseur de la liberté, et pousser les États à adopter des positions plus favorables à l’industrie crypto. Rien de nouveau. Sauf que cette fois, CZ n’a plus le même statut : en 2024, il a plaidé coupable de blanchiment d’argent, avant de purger une peine de quatre mois de prison. 

Depuis, il se présente comme un conseiller stratégique, notamment pour la Pakistan Crypto Council, et un éducateur via sa plateforme « Giggle Academy ».

Mais peut-on croire qu’un ancien magnat de l’exchange centralisé est devenu philosophe de la liberté d’expression du jour au lendemain ? Sa déclaration : « Nous croyons aux entrepreneurs forts, aux plateformes fortes, à la liberté d’expression… » sonne plus comme un pitch d’investisseur que comme un engagement désintéressé.

Web3, c’est bien… tant qu’on contrôle la narration

Le paradoxe reste entier. CZ critique la censure, mais veut bannir les bots. Il prône la décentralisation, mais reste actionnaire influent d’une plateforme centralisée. Il défend la transparence, mais son passé judiciaire ternit sa crédibilité. Et il rêve d’un Web3 éducatif, sans jamais dire ce qu’il en est des données personnelles des enfants formés via Giggle Academy.

Cette posture hybride, entre éthique et pragmatisme, reflète l’air du temps crypto : celui des idéaux recyclés en stratégie marketing. Certes, CZ n’est pas le seul. Musk aussi instrumentalise la liberté d’expression selon des intérêts fluctuants. Mais lier « liberté monétaire » et « liberté de parole » comme deux absolus interchangeables mérite débat.

Dans les faits, X n’a pas révolutionné son modèle. L’intégration du Web3 reste embryonnaire. Les paiements en bitcoin et autres cryptos ne sont toujours pas là. Et les promesses de Binance — comme la constitution d’une équipe dédiée à lutter contre les arnaques on-chain — peinent à se concrétiser.

L’Europe tergiverse pendant que d’autres construisent. Sa manie de tout normer l’empêche de vraiment innover. Elle encadre pendant que d’autres expérimentent. Et pendant que CZ rêve d’un Internet libéré, X, la plateforme qu’il soutient, doit affronter un ennemi bien réel : une invasion de bots. Un problème si aigu que CZ a publiquement interpellé Elon Musk pour enfin y mettre un terme.

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Mikaia A.

La révolution blockchain et crypto est en marche ! Et le jour où les impacts se feront ressentir sur l’économie la plus vulnérable de ce Monde, contre toute espérance, je dirai que j’y étais pour quelque chose

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.