Baisse du taux du Livret A : La Banque de France recommande une solution simple et rentable
Dès le 1ᵉʳ août 2025, le taux du Livret A plongera à 1,7 %, pénalisant les 58 millions de Français qui y placent leur épargne. Une décision stratégique, mais impopulaire, qui ouvre à nouveau le débat sur l’accès à une épargne juste et efficace. En réponse, la Banque de France exhume une solution longtemps sous-utilisée : le Livret d’Épargne Populaire. Dans cette bataille des rendements, les lignes de fracture entre sécurité et performance se redessinent.
En bref
- Dès le 1er août 2025, le taux du Livret A chute de 2,4 % à 1,7 %, impactant 58 millions d’épargnants.
- Cette baisse s’explique par la formule légale d’indexation, malgré une inflation modérée à 0,9 %.
- La Banque de France alerte sur l’existence d’une meilleure option : le Livret d’Épargne Populaire (LEP).
- La Banque de France appelle à démocratiser ce produit encore trop ignoré, notamment par les titulaires d’un Livret A.
La chute du Livret A : une décision technique, des conséquences massives
La baisse du taux du Livret A à 1,7 % à compter du 1er août 2025, actée mercredi 16 juillet par le directeur général de la Caisse des Dépôts, Éric Lombard, constitue un tournant pour des millions d’épargnants.
L’information a été confirmée dans un cadre strictement réglementaire, sur la base de la formule légale d’indexation combinant inflation et taux monétaires. Rappelons qu’en janvier dernier, le même produit affichait encore un rendement de 3 %, soit une division par près de deux en quelques mois.
Si les autorités monétaires invoquent la logique du système, « nous appliquons strictement la formule prévue par la loi », a fait valoir la Banque de France, les conséquences concrètes sont immédiates pour 83 % des Français détenteurs d’un Livret A.
Ce repli du rendement intervient alors que l’inflation ralentit nettement. Selon les données communiquées par la Banque de France, l’inflation au premier semestre 2025 s’élève à 0,9 %, ce qui fait du nouveau taux du Livret A un produit à rendement réel quasiment nul. Il faut noter également que :
- Le prochain ajustement du taux n’interviendra pas avant le 1er février 2026, prolongeant cette période de faible rémunération ;
- Le Livret A reste plafonné à 22 950 €, mais cela ne compense pas son rendement amoindri ;
- Cette baisse fragilise l’attractivité du produit, en particulier face à des solutions bancaires concurrentes ;
- Pour les épargnants modestes, qui utilisent ce livret comme leur principal outil d’épargne, le manque à gagner est significatif.
Dans ce contexte, l’appel lancé par la Banque de France en faveur du Livret d’Épargne Populaire prend tout son sens. Toutefois, cette alternative n’est pas aussi répandue qu’elle pourrait l’être, malgré ses avantages tangibles.
Le LEP : l’alternative désignée, mais encore marginalisée
Lors d’une conférence de presse tenue jeudi 17 juillet, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a rappelé que le LEP constitue « le produit le plus avantageux aujourd’hui de l’épargne réglementée ».
À la fois défiscalisé, sécurisé, liquide, et surtout affichant un taux de 2,7 % jusqu’au 1er février 2026, ce livret coche de nombreuses cases en matière de protection du capital. Pourtant, malgré des conditions d’éligibilité claires, revenu annuel inférieur à 22 823 € pour une personne seule ou 35 012 € pour un couple, il reste massivement sous-utilisé. 12 millions de LEP sont actuellement ouverts, alors que 19 millions de Français disposeraient à la fois des conditions de revenus et de la capacité à épargner.
La Banque de France admet que « beaucoup de progrès ont été faits », notamment entre 2021 et 2024 avec une progression de 5 millions de nouveaux LEP ouverts, mais cela reste insuffisant. L’institution alerte désormais sur les 7 millions de Français éligibles qui n’ont toujours pas ouvert ce produit, bien qu’ils détiennent parfois déjà un Livret A.
Le plafond de versement plus faible, 10 000 € contre 22 950 € pour le Livret A, ne suffit pas à justifier cette désaffection. En réalité, ce sont davantage des facteurs psychologiques, des lacunes en information bancaire, voire un manque de proactivité des établissements bancaires eux-mêmes qui freinent cette transition vers un livret plus favorable.
En dehors du LEP, d’autres options s’offrent aux épargnants cherchant à diversifier leur portefeuille face à un contexte de taux en recul. Les cryptos, en particulier le bitcoin, apparaissent pour certains comme une solution potentielle de préservation de valeur, voire de rendement à long terme. Toutefois, ce type d’investissement nécessite une compréhension approfondie des mécanismes, des risques de volatilité, ainsi que des enjeux de conservation et de fiscalité. Il ne s’agit pas d’une alternative universelle, mais d’un levier qui peut s’envisager avec prudence, à condition de bien en étudier les fondements avant toute décision d’engagement.
Au-delà de l’arbitrage immédiat entre deux produits réglementés, cette situation interroge sur la manière dont l’information financière est diffusée et sur l’équité d’accès à l’épargne performante. La Banque de France semble vouloir accélérer sur ce terrain, notamment en rappelant publiquement le rendement réel du LEP, supérieur à l’inflation de près de trois fois. Toutefois, l’impact restera limité tant que les banques, les conseillers et les outils de simulation n’intègrent pas pleinement cette solution dans leurs recommandations aux ménages éligibles.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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