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BCE : L’euro pourrait remplacer le dollar selon Lagarde

mar 27 Mai 2025 ▪ 5 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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Et si l’euro s’imposait enfin comme référence mondiale ? À Berlin, Christine Lagarde a surpris son auditoire en affirmant que la monnaie unique européenne pourrait remplacer le dollar comme principal pilier des réserves internationales. Derrière cette déclaration audacieuse, la présidente de la BCE esquisse une stratégie claire : doter l’Union européenne des leviers nécessaires pour peser financièrement et géopolitiquement. Ainsi, dans un monde en recomposition, cette ambition redéfinit les rapports de force monétaires et place l’euro au cœur d’un nouvel équilibre global en gestation.

Christine Lagarde, présidente de la BCE, en armure dorée marquée du symbole €, bras levé tenant un bouclier euro face à un colosse en forme de dollar vert menaçant.

En bref

  • Christine Lagarde estime que l’euro peut remplacer le dollar comme principale monnaie de réserve mondiale.
  • Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions géopolitiques et de perte de confiance envers le dollar américain.
  • Lagarde introduit une dimension géopolitique inédite : la crédibilité monétaire de l’euro dépend aussi de la puissance militaire de l’UE.
  • Le discours de Berlin marque une volonté affirmée de faire évoluer le rôle global de l’euro, à condition d’un engagement politique collectif.

L’euro face à un dollar fragilisé : un tournant stratégique ?

Face à une dynamique mondiale de désengagement progressif du dollar et d’essor des règlements en monnaies locales, illustrée notamment par l’accélération de cette transition au sein des BRICS, Christine Lagarde a pris position.

Au cours d’un discours prononcé à Berlin sur « le rôle de l’Europe dans un monde fragmenté », la présidente de la Banque centrale européenne a surpris en affirmant que les mutations géopolitiques actuelles pourraient faire émerger un rôle inédit pour la monnaie unique.

« Les changements en cours ouvrent la voie à un moment global de l’euro », a-t-elle déclaré. Elle a insisté sur le fait que cette dynamique ne serait pas automatique. L’euro ne gagnera pas en influence par défaut, il devra la mériter.

Face à la volatilité croissante du dollar, causée par ce qu’elle qualifie de « politique économique erratique » aux États-Unis, les investisseurs ont commencé à réduire leur exposition à la devise américaine. Pourtant, peu ont choisi l’euro comme alternative. « Beaucoup ont opté pour l’or à la place, ne voyant pas d’alternative directe », a-t-elle reconnu.

Pour Lagarde, cette frilosité des investisseurs s’explique par des carences bien identifiées dans l’architecture financière européenne. Le manque de profondeur du marché des capitaux de la zone euro empêche l’émergence d’une base solide pour l’internationalisation de l’euro. La présidente de la BCE a souligné plusieurs obstacles structurels majeurs :

  • Une fragmentation persistante des marchés financiers, qui limite l’attractivité des actifs européens à l’échelle internationale ;
  • L’absence d’un actif sûr paneuropéen, équivalent aux Treasuries américains, vers lequel les investisseurs institutionnels pourraient se tourner en cas de turbulence ;
  • Des institutions financières jugées inachevées, du fait de réticences politiques à une plus grande intégration budgétaire et bancaire ;
  • Un manque d’intérêt des gouvernements européens pour un projet monétaire réellement fédératif, freinant toute dynamique collective.

Ces faiblesses structurelles, en décalage avec le poids économique de l’UE, freinent aujourd’hui les ambitions de l’euro sur la scène mondiale. Lagarde pose donc un diagnostic lucide pour l’Europe : sans réformes profondes, la monnaie unique restera à la traîne du dollar, même dans un monde en quête d’alternatives.

L’euro, monnaie de puissance : quand la géopolitique s’invite dans le débat monétaire

Christine Lagarde va au-delà d’un constat financier. Elle insiste sur une condition rarement évoquée dans le débat économique : la puissance militaire comme pilier de la crédibilité monétaire.

« Les investisseurs, en particulier les institutionnels, recherchent également des garanties géopolitiques sous une autre forme. Ils investissent dans les actifs de régions qui sont des partenaires fiables en matière de sécurité et qui peuvent honorer leurs alliances par la puissance militaire », a-t-elle souligné.

Cette déclaration marque une inflexion majeure. Pour que l’euro puisse rivaliser avec le dollar, l’Union européenne doit aussi s’affirmer comme une force stratégique et sécuritaire crédible. Autrement dit, l’attractivité d’une monnaie dépend autant de la stabilité de son émetteur que de sa capacité à peser dans l’ordre mondial.

Dans cette optique, Lagarde évoque plusieurs pistes concrètes pour l’Europe : conclure de nouveaux accords commerciaux avec d’autres blocs comme celui des BRICS, améliorer les paiements transfrontaliers, et renforcer les accords de liquidité entre la BCE et d’autres banques centrales pour élargir l’usage international de l’euro.

Elle suggère que le financement conjoint de biens publics pourrait permettre à l’UE d’accroître progressivement son offre d’actifs sûrs. Une proposition qui heurte encore certains membres comme l’Allemagne, réticente à tout mécanisme de mutualisation budgétaire. Toutefois, pour Lagarde, cette évolution est nécessaire si l’Europe veut passer du statut de bloc économique à celui d’acteur global capable d’influencer les flux financiers mondiaux, notamment à travers des initiatives comme le déploiement programmé de l’euro numérique dès octobre 2025, confirmé par la BCE.

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Luc Jose A. avatar
Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.