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Binance sous des nuages noirs

mer 07 Juin 2023 ▪ 6 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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La SEC a révélé toute une liste de shitcoins que Binance aurait dû enregistrer comme « securities ». Et l’ethereum ? Et le wash trading ?

Binance

ETH épargné par la SEC ?

La SEC a porté plainte contre Binance et sa filiale américaine (BAM Trading Services) qui gère l’exchange Binance.US.

Binance est notamment accusé d’avoir proposé à ses clients d’investir dans des « securities » non enregistrées auprès de la SEC.

SEC
« On opère comme un p… d’exchange de securities non régulé mon gars. » – Chef de la conformité chez Binance, 2018

Depuis son lancement, Binance US a permis le trading de securities non enregistrées qui incluent, « sans s’y limiter, BNB, BUSD, SOL, ADA, MATIC, FIL, ATOM, SAND, MANA, ALGO, AXS et COTI ».

La SEC n’a pas osé nommer ETH. Son président Gary Gensler a probablement joué la prudence après avoir récemment découvert que les organisations derrière ethereum ont pignon sur rue du côté du Congrès US.

Ces organisations comprennent Consensys, la Fondation Ethereum et l’Enterprise Ethereum Alliance. Mais aussi Coinbase qui récolte actuellement des centaines de millions de dollars grâce à son offre de « staking » sur ETH. Sans parler des sociétés de VC crypto comme Andreessen Horowitz.

Pour rappel, ConsenSys détient la société Infura qui gère MetaMask, le wallet Ethereum. Infura a fait les choux gras de la presse il y a quelques mois en raison de sa collecte des adresses IP et des adresses de wallets Metamask.

L’Enterprise Ethereum Alliance est quant à elle une organisation faisant du lobby au profit d’ETH. On y trouve des géants comme Accenture qui a un pied dans quasiment tous les projets de CBDC. Mais aussi Banco Santander, JP Morgan ou encore Microsoft…

Cette faction dépense beaucoup d’argent à Washington depuis des années. Son objectif et d’empêcher que l’Ethereum soit catalogué « security ». Il s’agit en clair de lui offrir le même statut de « commodity » que le Bitcoin.

Le staking d’Achille

Depuis le fameux « merge » du 15 septembre, Ethereum a changé son mécanisme de consensus, passant du Proof-of-Work au Proof-of-Stake. Plutôt que d’apporter de l’énergie, il « suffit » désormais de déposer 32 ETH pour participer au processus de validation des transactions.

Peu de gens possèdent 32 ETH. Si bien que des sociétés comme Lido ou Coinbase permettent à leurs clients de mettre leurs ETH en commun. C’est le fameux service de « staking ». Kraken a récemment mis fin à ce service sous la pression de la SEC.

Ainsi, même si l’ETH n’est pas expressément nommé dans la plainte de la SEC, le staking est bel et bien considéré comme relevant de la loi sur les securities.

Dit autrement, de gros nuages noirs s’amoncellent au-dessus de Binance et des amendes salées ne devraient plus tarder.

Les clients de Binance ne s’y trompent pas et retirent leurs fonds au rythme le plus élevé depuis la crise bancaire US de mars. D’après Coinglass, plus de 13 300 BTC ont été retirés ces dernières 24 h. Plus de 30 000 BTC sur un mois. L’exchange subit déjà des sorties nettes supérieures à 1.5 milliards de dollars d’après Blockwork.

En sachant que de nombreuses personnes se plaignent depuis hier de devoir revérifier leur identité en soumettant de nouveaux documents. Ou comment freiner l’hémorragie…

Selon DeFiLlama, les actifs de Binance s’élèvent toujours 60,5 milliards de dollars.

La réponse de Binance

Binance a répondu dans ce communiqué. Loin de faire amende honorable, l’exchange continue de faire semblant de ne pas comprendre la loi :

« Bien que nous prenions les allégations de la SEC au sérieux, elles ne devraient pas faire l’objet d’une plainte. […] Malheureusement, le refus de la SEC de s’engager de manière productive avec nous n’est qu’un nouvel exemple du refus malavisé et conscient de la Commission de fournir au secteur des actifs numériques la clarté et les conseils dont il a tant besoin. »

Binance se dit « surpris » et prévient que « les actions de la SEC sapent le rôle de l’Amérique en tant que plaque tournante mondiale de l’innovation et du leadership financier ».

Mais est-ce qu’un casino à shitcoins est vraiment une innovation ?

La vérité est que la demande pour les shitcoins est inexistante. La SEC accuse Binance de s’être livré à du « wash trading » de shitcoins. Notamment via le « market maker » Sigma Chain, une société contrôlée par CZ.

Le wash trading consiste à acheter et vendre un titre dans le but exprès d’attirer des investisseurs en leur faisant croire que les volumes de transactions sont supérieurs à ce qu’ils ne le sont en réalité.

« Le contrôle exercé par Zhao sur BAM Trading et Sigma Chain a permis à ce dernier de réaliser des opérations de manipulation de marché sur BinanceUS. […] De juin à août 2021, Sigma Chain s’est livré à du wash trading à plusieurs reprises sur 51 crypto-actifs des 58 crypto-actifs disponibles sur BinanceUS. », peut-on lire dans la plainte de la SEC.

S’il y avait une vraie demande pour les shitcoins, de telles pratiques illégales ne seraient pas nécessaires.

Sans wash trading, il n’y aurait pas de traders de shitcoins et l’essentiel des revenus du casino disparaîtraient.

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Nicolas T.

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