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Bitcoin - F2pool pris la main dans le sac

mer 22 Nov 2023 ▪ 5 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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La pool chinoise F2pool s’est récemment mise à censurer certaines transactions issues d’adresses bitcoin placées sur la liste noire des États-Unis.

Bitcoin F2pool

Qu’est-ce qu’une pool ?

Il faut commencer par rappeler que les mineurs participent à la sécurisation du Bitcoin en apportant de l’électricité venant alimenter des ASIC conçus pour hacher avec l’algorithme SHA-256. Ce processus est appelé « Proof of Work ».

En clair, les mineurs hachent un en-tête de bloc des centaines de milliards de milliards de fois par seconde. Celui qui trouve un hash valide peut propager un nouveau bloc de transactions au réseau. En échange de leur énergie, les mineurs reçoivent 6.25 BTC par bloc.

Cela dit, les mineurs ne reçoivent pas vraiment 6,35 BTC directement pour leur pomme (à part les solo mineurs). La raison étant que leurs ressources sont mises en commun via des pools pour lisser les revenus.

Et le fait est que ce sont les pools qui se chargent de sélectionner les transactions insérées dans les blocs. Ces derniers ne pouvant pas peser plus de 1 Mo, ce sont naturellement les transactions offrant les frais les plus élevés qui ont la priorité.

Il y a anguille sous roche lorsque des transactions payant des frais plus élevés que la moyenne ne sont pas été insérées dans un bloc. Cela signifie que le pool en question a sciemment laissé ces transactions de côté.

Raisons possibles pour l’absence d’une transaction dans un bloc

Avant d’être insérées dans un bloc, les transactions attendent dans « le mempool ». A vrai dire, parler « d’un » mempool est un abus de langage. Les transactions en attente ne sont pas à chaque instant les mêmes dans tous les nœuds.

En clair, un pool n’ayant pas inséré telle ou telle transaction n’est pas forcément coupable de censure. Il se peut que la transaction n’ait tout simplement pas eu le temps de se propager jusqu’à lui.

En outre, les pools donnent régulièrement la priorité à leurs propres transactions (vers leurs clients). Il est alors normal que certaines transactions qui auraient du être dans un bloc n’y soient pas.

Les suspicions de censure s’épaississent lorsque les transactions manquantes se trouvent appartenir à la liste noire de l’OFAC (Office of Foreign Assets Control) du département du Trésor américain.

La soumission des pools à l’OFAC menace le caractère in-censurable des transactions en bitcoin. D’autant plus que les mineurs ont la fâcheuse tendance à s’agglutiner dans une poignée de pools.

Tout cela pour dire que le cofondateur de F2Pool, M. Chun, a reconnu les faits. Des transactions ont bien été censurées. Le pool a depuis supprimé son filtre, « pour l’instant ».

Qui a démasqué F2Pool ?

L’information a été révélée par le compte anonyme @0xB10C :

Ce à quoi le fondateur de F2Pool a répondu dans un tweet aujourd’hui supprimé :

« Pourquoi vous étonnez-vous que je refuse de confirmer les transactions de ces criminels, dictateurs et terroristes ? J’ai tout à fait le droit de ne pas confirmer les transactions de Vladimir Poutine et de Xi Jinping, non ? »

Le développeur @0xB10C a découvert la censure grâce à son projet miningpool-observer que F2Pool a refusé de valider quatre transactions ces dernières semaines.

Le mineur Marathon (qui possède son propre pool) avait déjà été ostracisé il y a deux ans pour les mêmes raisons avant de faire marche arrière.

A noter qu’un seul pool filtrant des transactions n’affecte en rien la résistance à la censure du réseau Bitcoin. Il faudrait que tous les pools s’y mettent.

A charge pour les mineurs de quitter les pools séditieux. D’où le besoin de multiplier le nombre de pools de taille moyenne dans autant de juridictions différentes :

Notons pour finir que la société Braiins a lancé le logiciel Stratum V2 qui permet aux mineurs de choisir eux-mêmes les transactions. Les mineurs étant plus décentralisés que les pools, il en résulterait une meilleure résistance à la censure.

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Nicolas T.

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