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Bitcoin & Géopolitique - Semaine 10

mar 07 Mar 2023 ▪ 7 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Un an après le début de l’opération spéciale en Ukraine, les sanctions financières occidentales resserrent les liens entre les BRICS. C’est ce qui ressort du G20 à New Delhi et de la conférence Valdai à Moscou.

Un billet de cent dollars avec le logo Bitcoin en son centre.

Nouvelles sanctions contre les banques russes

Les pays occidentaux ont dévoilé de nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie un an jour pour jour après le début des hostilités.

Les États-Unis ont sanctionné onze banques de second rang. Notamment Credit Bank of Moscow, la plus grande banque non étatique de Russie. Ces onze banques sont désormais sur la liste noire de l’OFAC et ne peuvent plus réaliser de transferts en dollars.

L’UE a pour sa part bloqué Alfa-Bank, Rosbank et Tinkoff Bank. Relativement petites, toutes ces banques avaient toutefois un rôle important depuis la déconnexion du réseau SWIFT des sept plus grandes banques russes.

Pour Ivan Timofeev, directeur du programme de la douzième conférence du club Valdai à Moscou, la poursuite de l’escalade des sanctions contre la Russie est « inévitable » :

« Cela signifie que pour la Russie, la priorité est de développer des moyens de paiement avec l’étranger qui soient indépendants des monnaies occidentales. Il s’agira également de substituer certaines importations et d’établir des relations commerciales avec des fournisseurs alternatifs dans des pays amis. La solution à ce problème sera compliquée par le rôle significatif des pays occidentaux dans la finance mondiale et les chaînes d’approvisionnement. Mais également le maintien de liens financiers et commerciaux étroits entre les pays amis et les initiateurs occidentaux des sanctions. »

S’il est peu probable que les sanctions provoquent des chocs économiques, elles engendreront tout de même de l’inflation et entraveront la modernisation industrielle du pays.

Alternative au système SWIFT

Les sanctions ont coupé l’essentiel du réseau bancaire russe du système SWIFT, mais aussi de près de la moitié de ses réserves de change qui représentaient l’équivalent de 606 milliards de dollars il y a un an.

Pour le ministre des Finances russe, ces sanctions détruisent les fondements du système monétaire et financier international basé sur le dollar américain. Anton Siluanov s’était montré très clair lors de la rencontre annuelle des BRICS en avril 2022 :

« Ces sanctions nous poussent à accélérer les travaux dans les domaines suivants : l’utilisation des monnaies nationales pour les opérations d’import-export, l’intégration des systèmes et des cartes de paiement et l’utilisation de notre propre système de messagerie financière [équivalent au réseau SWIFT]. »

La Russie a déjà sa propre version du réseau SWIFT : le SPFS. Ce mécanisme, ainsi que le système russe de paiement par carte Mir, ont été créés spécifiquement pour contourner les sanctions.

Néanmoins, la majorité des pays refusent de s’y raccorder par crainte du courroux américain. La Turquie en sait quelque chose. À ce propos, le ministre des Affaires étrangères russe Sergey Lavrov a révélé comment les Américains font du chantage au reste du monde lors du G20 à New Delhi :

« Ils m’ont dit quels étaient les arguments utilisés par les Américains pour les persuader de voter contre la Russie à l’Assemblée générale. C’est très direct. Ils disent « n’oubliez pas que vous avez un compte bancaire dans telle ou telle banque, et n’oubliez pas que vos enfants vont à Standford ».

La question est désormais de savoir combien de temps les États-Unis vont-ils pouvoir faire pression sur la Russie si la Chine et l’Inde, entre autres nations importantes, se rangent définitivement de son côté ?

BRICS, le club anti-dollar

Sergueï Lavrov a reconnu en fin d’année dernière qu’au moins une douzaine de pays souhaite rejoindre les BRICS. « L’intérêt est très, très élevé et continue de croître. Il ne s’agit pas seulement de l’Algérie, de l’Argentine et de l’Iran », a-t-il déclaré.

« Vu que les candidatures sont déjà officielles, nous pensons que l’élaboration des critères et des principes d’admission de nouveaux membres aux BRICS ne prendra pas trop de temps », avait-il lancé.

Qui sont ces pays pressés de quitter l’orbite d’influence occidentale ? L’Arabie Saoudite, la Turquie, l’Égypte, l’Afghanistan et l’Indonésie ont déjà posé leur candidature ou sont sur le point de le faire.

Certains médias suggèrent que le Kazakhstan, le Nicaragua, le Nigeria, le Sénégal, la Thaïlande et les Émirats arabes unis (EAU) seraient aussi dans la file d’attente.

Parmi ces diverses nations, c’est l’Arabie Saoudite qui représentera probablement l’ajout le plus stratégique. La récente détérioration des relations entre le Royaume et les États-Unis n’y est d’ailleurs probablement pas étrangère.

En effet, il est évident que l’une des conditions d’entrée est de poursuivre une politique étrangère indépendante et émancipatoire vis-à-vis du système monétaire occidental. Le fait que le ministre de l’Énergie saoudien ait déclaré à Davos qu’il acceptait désormais l’euro et le yuan est un signe qui ne trompe pas.

Que préparent les BRICS ?

Depuis 2019, un système de paiement unique, BRICS Pay, est en cours de développement. Son but sera de se passer du dollar en facilitant les paiements en monnaies nationales.

Il permettra également de réduire la dépendance vis-à-vis des réseaux SWIFT, Visa et Mastercard. Développé en Afrique du Sud depuis 2019, il est prévu que BRICS Pay soit pleinement opérationnel d’ici 2025.

A côté de ça, la question d’une nouvelle monnaie de réserve pour les BRICS sera sur la table lors du sommet des BRICS du mois d’août. L’idée initialement formulée par le club Valdai en 2018 est de créer un panier de monnaies nationales. Le « R5 » (Roupie, Rand, Réal, Rouble, Renminbi).

Cependant, la chose est plus facile à dire qu’à faire. La Chine représente en effet 72 % du PIB des BRICS. Par conséquent, troquer le dollar pour un panier composé essentiellement du yuan n’enchante probablement pas tout le monde.

L’or et la résurrection du Gold Standard ont certainement davantage le vent en poupe. Malheureusement, il n’est pas aisé de réaliser des paiements en or via internet…

Le Bitcoin, en revanche… Qu’importe sa volatilité qui n’est que temporairement liée à sa petite taille (~400 milliards $). L’important est que sa rareté absolue soit reconnue de tous. Le reste suivra en temps et en heure.

Le monde a besoin d’une monnaie de réserve internationale, non censurable et assurée de ne pas perdre sa valeur ? Choisissons le bitcoin qui a le bon goût d’être une monnaie en même temps qu’un système de paiement, deux-en-un. En route pour le million $ par bitcoin.

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Nicolas T.

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