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Bitcoin & Géopolitique - Semaine 5

mar 31 Jan 2023 ▪ 7 min de lecture ▪ par Nicolas T.

L’Europe s’enfonce dans une guerre pour le compte d’un empire américain qui refuse le nouveau Bretton Woods. En attendant, le bitcoin ronge son frein.

Bitcoin vs dollar

L’arbre qui cache la forêt

L’Ukraine est un pion sur l’échiquier d’une guerre mondiale dans laquelle l’empire américain tente de maintenir sa domination. L’objectif est simple : dégrader l’armée russe et chasser Vladimir Poutine du pouvoir.

Mais tout ne se passe pas comme prévu. Ni sur le champ de bataille, ni en dehors. Les sanctions n’ont pas fait s’effondrer l’économie russe. La population ne s’est pas soulevée contre V. Poutine. Au contraire.

La différence entre les exportations et les importations totales de la Russie en 2022 s’est soldée par un excédent de 282 milliards de dollars. Soit une hausse de 64 % d’une année sur l’autre. En face, Allianz prévoit que les Allemands payeront leur énergie 40 % plus cher en 2023…

Au-delà de la ruine de l’Europe, le danger est que les États-Unis intensifient le conflit jusqu’à provoquer une confrontation directe avec la Russie. C’est malheureusement la direction que nous prenons.

Le soutien militaire américain a commencé par des munitions, des armes d’assaut et des lance-roquettes avec de franchir plusieurs lignes rouges que J. Biden s’était lui-même imposées. Il n’y a désormais plus de limites :

Des systèmes antiaériens Stinger, des systèmes antichars Javelin, des obusiers M777, des roquettes GRAD et HIMARS, des missiles TOW, des batteries de défense antiaérienne Patriot, des véhicules blindés de transport de troupes, et maintenant des dizaines de tanks Abrams.

Auxquels s’ajoutent des chars de dernière génération venant d’une multitude de pays membres de l’OTAN. Des avions de combat F-15 et F-16 sont également dans les tuyaux.

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle guerre mondiale. Potentiellement nucléaire…

L’Iran monte le ton

La Perse a ravivé le spectre d’une fermeture du détroit d’Ormuz en réponse au Parlement européen qui s’apprête à placer le Corps des gardiens de la révolution islamique sur sa liste des organisations terroristes.

La menace est venue du vice-président de la commission des affaires intérieures du Parlement iranien :

« Si les Européens traitent nos forces armées de cette manière [terroristes], nous mettrons également d’autres options sur la table, y compris la restriction du trafic des navires commerciaux européens dans le détroit d’Ormuz ».

M. Asfari a conseillé aux Européens « d’annuler leur décision avant qu’il ne soit trop tard ». En effet, 25 % des exportations mondiales de pétrole et 35 % du gaz naturel liquéfié passent par ce goulot d’étranglement large de 55 km.

À ce risque pour le prix du baril vient s’ajouter la récente attaque par Israël d’un site militaire iranien à Ispahan. Sans parler de l’approche de l’embargo européen sur le pétrole raffiné russe (gazole). Il entrera en vigueur le 5 février alors que l’embargo sur le pétrole brut est lui en place depuis le 5 décembre.

Résultat, le prix du baril se remet à monter. Goldman Sachs pense d’ailleurs que « les marchés pétroliers n’ont pas intégré la hausse attendue de la demande [Chine] combinée à la baisse de la production russe ».

L’impact sur la production russe pourrait toutefois rester contenu vu que « l’Inde continue d’acheter autant de pétrole que possible à la Russie », a déclaré Amitabh Kant, émissaire indien au G20. « Nos pays cherchent également des moyens de commercer en monnaies nationales », a-t-il ajouté.

À ce titre, notons que 52 banques iraniennes et 106 banques russes se sont connectées la semaine passée grâce à l’équivalent russe du réseau SWIFT, connu sous le nom de Système de transfert de messages financiers (SPFS).

Le crépuscule de l’hégémonie monétaire américaine

La guerre en Ukraine n’est que la partie visible d’une guerre hybride bien plus large contre la Russie, l’Iran et la Chine. Trois pays qui ont juré de réduire la part du dollar dans les échanges internationaux.

C’est un casus belli pour Washington qui tire l’essentiel de ses privilèges impériaux du fait que l’énergie et nombre de matières premières soient vendues en dollar.

Autant de dollars que les nations exportatrices retournent en partie aux États-Unis en investissant dans les bons du Trésor US (près d’un quart de la dette US). Ce circuit dit du « pétrodollar » permet aux États-Unis d’afficher une balance commerciale chroniquement déficitaire sans que leur taux de change ne s’écroule.

Mais plutôt que d’enrayer la fronde contre le dollar, la guerre en Ukraine semble la renforcer. Nous pouvons le voir au travers des achats d’or par les banques centrales. Nous n’avions plus vu ça depuis 1967 :

« L’année dernière, les banques centrales ont acheté la plus grande quantité d’or depuis 1967. L’absence de « risque de contrepartie » de l’or par rapport aux monnaies fiat est un facteur important. »

Les banques centrales se préparent à des temps si sombres que l’or pourrait revenir au centre des échanges. C’est ce qui s’est passé à chaque guerre mondiale. D’où la conférence de Bretton Woods en 1944 par les nations alliées pour décider de la nouvelle mouture du système monétaire internationale.

Les États-Unis imposèrent leurs vues après avoir attendu que l’Europe et la Russie se déchirent.

« Si nous voyons que l’Allemagne est en train de gagner, nous devons aider la Russie. Mais si c’est la Russie qui est en train de gagner, nous devons aider l’Allemagne, afin qu’ils s’entre-tuent au maximum, bien que je ne veuille pas voir Hitler victorieux en aucune circonstance », déclarait Harry Truman en 1941, qui deviendra président des États-Unis de 1945 à 1953.

Bis repetita ? Allons-nous vers une monnaie de réserve internationale ? Absolument, car le commerce en monnaies nationales a ses limites. L’or est comme toujours candidat et reprend du poil de la bête depuis quelques mois.

Mais soyons sérieux, le métal jaune est un usurpateur qui ne peut pas huiler les échanges mondiaux. Il est bien trop lourd. Vérifier sa pureté est également un problème très coûteux.

Le Bitcoin remplit a contrario toutes les cases. Il peut être envoyé n’importe où de manière instantanée et quasiment gratuite.

Il est aussi un réseau de paiement en même temps qu’une monnaie. Deux-en-un. Qui plus est résistant à la censure, contrairement au réseau SWIFT.

Cerise sur le gâteau, sa nature apatride n’avantage aucune nation en particulier. Hold !

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Nicolas T.

Reporting on Bitcoin, "the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy".

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