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BRICS : L’Inde saborde l’agenda de dédollarisation du Sud global

19h00 ▪ 5 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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Tandis que les grandes puissances émergentes multiplient les appels à réduire leur dépendance au dollar américain, un acteur clé vient de claquer la porte à toute velléité de rupture : l’Inde. Dans un contexte international tendu, où les sanctions occidentales poussent certains pays à explorer des alternatives au système monétaire dominé par le billet vert, New Delhi choisit de jouer la carte de la stabilité. En affirmant qu’elle n’a « absolument aucun intérêt » à s’engager dans une dynamique de dédollarisation, l’Inde envoie un signal fort à ses partenaires au sein des BRICS et du Sud global.

Un personnage représentant l’Inde, vêtu d’une tunique traditionnelle manie une grande hache brillante, et est en train de trancher une épaisse corde de chanvre reliée à une ancre gigantesque portant un "$" gravé, ce qui symbolise la rupture avec les BRICS sur la dédollarisation.

En bref

  • L’Inde rejette catégoriquement les efforts de dédollarisation portés par les BRICS et le Sud global.
  • Ce refus tranche avec les positions de la Russie et de la Chine, qui militent activement pour des alternatives au système basé sur le dollar.
  • Plusieurs raisons économiques et diplomatiques expliquent la position indienne, dont ses importantes réserves en dollars et ses liens avec les États-Unis.
  • Cette rupture pourrait avoir des répercussions majeures sur les ambitions monétaires du Sud global et l’avenir de l’ordre financier international.

L’Inde se désolidarise du projet de dédollarisation

Le gouvernement indien a pris tout le monde de court en affirmant de manière explicite qu’il ne soutiendrait pas les efforts de dédollarisation menés par certains membres influents des BRICS. En effet, l’Inde n’a absolument aucun intérêt pour la dédollarisation ni pour toute initiative qui vise à saper le dollar américain.

Cette prise de position nette, sans ambiguïté, contraste fortement avec le discours porté depuis plusieurs mois par des pays comme la Russie et la Chine, qui militent activement pour l’abandon progressif du dollar dans les échanges commerciaux internationaux, au profit de leurs propres devises ou d’une potentielle monnaie commune des BRICS.

Un tel positionnement reflète un choix stratégique dicté par plusieurs considérations économiques et diplomatiques majeures :

  • Des réserves en dollars importantes : l’Inde détient une part conséquente de ses réserves de change en USD, qu’elle considère comme un gage de stabilité financière ;
  • Les relations commerciales avec les États-Unis : les liens économiques avec Washington sont primordiaux pour New Delhi, notamment dans les secteurs de la tech, de l’énergie et de la défense ;
  • Une préoccupation pour la stabilité macroéconomique : les autorités indiennes redoutent qu’un basculement vers un système alternatif n’induit une instabilité monétaire difficile à maîtriser ;
  • L’absence de bénéfices immédiats : contrairement à la Russie sanctionnée ou à la Chine en quête de leadership, l’Inde n’a pas de gain direct à retirer d’une rupture avec le système basé sur le dollar.

Ce refus catégorique souligne ainsi la volonté de l’Inde de maintenir une trajectoire financière indépendante des tensions géopolitiques entre blocs, même au sein d’une alliance comme les BRICS.

L’unité des BRICS fissurée : des tensions monétaires dans le Sud global

Pendant que l’Inde réaffirme son soutien à l’hégémonie du dollar, d’autres membres des BRICS, en particulier la Russie et la Chine, poursuivent sans relâche leurs efforts pour contourner les circuits monétaires occidentaux.

Le processus de dédollarisation prend de l’ampleur à l’échelle mondiale. Une telle posture s’insère dans une dynamique amorcée après les sanctions économiques imposées à la Russie, qui a depuis renforcé ses partenariats avec des pays prêts à commercer en roubles, en yuan ou via des systèmes alternatifs à SWIFT.

Pékin, de son côté, continue de promouvoir l’internationalisation du yuan, notamment par l’incitation de ses partenaires commerciaux à en accroître les réserves.

Ces initiatives, si elles gagnent du terrain, renseignent cependant sur un clivage croissant au sein des BRICS. De plus, l’agenda commun de dédollarisation semble désormais compromis par l’absence de consensus entre ses membres les plus influents.

L’Inde, loin d’être marginale dans le groupe, représente une économie de taille et de poids démographique considérable. Son refus de participer à des mécanismes de substitution monétaire fragilise donc la crédibilité d’un éventuel projet de monnaie commune ou de système financier alternatif. Les divergences sont profondes. Ainsi, là où la Russie agit par nécessité politique, et la Chine par ambition géoéconomique, l’Inde choisit la prudence et la stabilité.

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Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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