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Bitcoin ordinals - Le débat fait rage

mar 19 Déc 2023 ▪ 8 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Les ordinals et autres inscriptions dans les transactions bitcoin font jaser. Condensé du débat qui fait rage depuis quelques jours.

Bitcoin ordinals brc-20

Quelques chiffres

Les ordinals sont un genre de NFT. Ils se logent à l’intérieur de transactions bitcoin via des « inscriptions ». Voici deux articles pour plus d’informations sur la façon dont ces jpegs sont inscrits dans la blockchain :

Bitcoin et le drame des ordinals
Ordinals, attaque ou amélioration ?

Pour résumer, nous avons affaire à des professionnels du scam faisant mousser ce qu’ils prétendent être de l’art numérique. Il s’agit comme toujours de se vendre à soi-même de la camelote toujours plus cher en attendant que des naïfs cèdent au FOMO et mordent à l’hameçon.

À côté des ordinals, nous avons également des « rare sats » ou encore les shitcoins « brc-20 ». Ces derniers représentent l’essentiel des inscriptions :

« Si vous êtes contre le stockage de données arbitraires sur le bitcoin, c’est très bien. Mais soyez au courant de ce qui se passe. La grande majorité des inscriptions est (et a toujours été) liée à l’émission de jetons fongibles BRC-20, et non de JPEG, ni de NFT. »

Les brc-20 ont remplacé les ordinals qui sont beaucoup plus gourmands en espace de bloc. Il est plus rentable de créer des brc-20 au vu des capitalisations de marché ambiantes.

Plus de 160 millions de dollars ont déjà été dépensés en inscriptions de brc-20 qui s’adossent désormais à une bulle de 3,5 milliards de dollars.

D’où la récente hausse des frais de transactions en bitcoin. Il en coutait 20 $ pour insérer une transaction dans le prochain bloc au moment d’écrire ces lignes.

« Les frais de transaction en bitcoin viennent d’atteindre un record historique.
23,6 millions de dollars de frais en une journée. »


Le soufflet des collections d’ordinals n’est pas en reste. Il pèse désormais quatre fois plus que les deux marchés de NFT suivants combinés (sur solana et ethereum).

Beaucoup ferment les yeux pour le moment, mais la majorité reconnait tout de même que ces inscriptions sont une nuisance.

Comment en est-on arrivé là ?

Les inscriptions, une pratique ancienne

Il a toujours été possible d’insérer un peu de donnée arbitraire dans la blockchain.

Satoshi Nakamoto a par exemple inscrit le fameux titre de journal « Chancellor on brink of second bailout for banks » dans le coinbase du bloc genesis.

En 2013, c’est le white paper tout entier qui fut inséré dans l’utxo set. La même année, les paroles de la chanson « Never gonna give you up » seront insérées via le script Op_Return.

Ces types d’inscriptions sont antérieurs aux soft forks Segwit (2017) et Taproot (2021). Mais elles étaient petites. Depuis SegWit, il est possible d’insérer des données beaucoup plus lourdes.

SegWit est une mise à jour majeure héritée de la « Blocksize war ». Elle a notamment grandement facilité l’émergence du Lightning Network.

De manière plus intéressante pour notre propos, les transactions SegWit sont séparées en deux sections distinctes. Les données de signature sont stockées à part, dans une section appelée witness pouvant héberger jusqu’à 3 Mo de données.

Le but était d’augmenter le nombre de transactions dans la section originelle de 1 Mo. Avant SegWit, un bloc pouvait contenir jusqu’à 1650 transactions, contre environ 2700 transactions aujourd’hui.

Tout cela pour dire que le witness permet d’inscrire de la donnée pour pas cher. Une transaction SegWit peut atteindre jusqu’à 0.4 Mo (au-dessus, les transactions sont filtrées par le mempool).

Seule une pool peut insérer une transaction plus volumineuse (jusqu’à 4 Mo grâce à taproot). D’ailleurs, certaines pools ne se privent pas de vendre ce service en toute opacité, privant au passage les mineurs de leur dû…

Taproot a également sa part de responsabilité en débridant la taille maximale des scripts. Le spam des inscription se fait passer pour des clés cryptographiques à l’intérieur d’un faux smart contract (script) venant contourner les filtres anti-spam existants depuis de nombreuses années.

Où est le problème ?

Depuis février, environ 20 % des 80 Go d’espace de bloc ont été squattés par des inscriptions. Nous oscillons même autour de 50 % depuis leur résurgence :

Le problème est que cela prend de la place pour rien. La blockchain grossit plus vite qu’en temps normal (535 Go). Or, plus un nœud coute cher en mémoire et plus la décentralisation du bitcoin diminue.

Cela dit, seuls les nœuds complets (full nodes) sont concernés. Les autres peuvent élaguer les données contenues dans le witness. Ce qui fait dire à certains qu’il vaut mieux que ces torrents de shitcoins se déversent là plutôt que dans l’utxo set. C’est précisément ce que le protocole STAMPS permet de faire. Le problème est alors double.

Non seulement ces données ne peuvent pas être élaguées, mais elles viennent par ailleurs augmenter les besoins de mémoire vive (RAM).

Le principe de fonctionnement du protocole Stamps est d’encoder les jpegs dans une chaine en Base 64. Cette dernière est placée après le suffixe « stamp » à l’intérieur de la transaction en se faisant passer pour une clé de « bare multisig ».

Nous avons récemment dépassé la barre des 150 000 stamps, dont la moitié inscrits au cours des dernières semaines.

En attendant que le débat soit fructueux quant à savoir s’il faut adresser le problème, la pool Ocean propose aux mineurs de filtrer tout ça.

Ocean redonne le pouvoir aux mineurs

Commençons par dire que le débat vis-à-vis des inscriptions a pris de l’ampleur lorsque le wallet Samourai s’est rendu compte que la pool ocean filtrait ses transactions coinjoin. Ce n’était en vérité pas l’intention de Luke Dash Jr.

Ocean utilise simplement le client Knots plutôt que Bitcoin Core. Avec Knots, l’espace libre dans la sortie Op-Return est plus faible, ce qui pose un problème à Samourai qui utilise bizarrement cet espace pour ses coinjoins.

Voici une explication équilibrée pour les anglophiles :

De fil en aiguille, le débat s’est recentré sur les inscriptions. Certains estiment que déplacer la shitcoinerie on-chain est une attaque DoS. La fâcheuse conséquence étant que les frais de transaction pourraient rester élevés tant que le bull run continuera.

Une attaque qui plus est gratuite puisque financée par les centaines de milliers de naïfs manipulés via les mêmes techniques d’ingénierie sociale utilisées pour vendre des NFT et des shitcoins.

Une solution est venue de la pool ocean qui propose de filtrer les inscriptions, mais certains estiment qu’il s’agit d’une censure.

Les pools peuvent certainement être accusées de censure vu que le hashrate ne leur appartient pas. Mais un mineur peut-il vraiment en être accusé ? « Proof-of-work is essentially one-CPU-one-vote », dit le white paper…

En adoptant Stratum V2, la pool ocean offre aux mineurs la possibilité de choisir eux-mêmes les transactions, qu’elles comportent des inscriptions ou non. Chaque mineur sera libre de les filtrer ou d’engranger les juteux frais de transaction.

Notons enfin que la pool Ocean a le bon gout d’être No KYC et de reverser les frais de transaction directement via le coinbase.

Gageons qu’elle gagnera en succès lorsque l’OFAC viendra taper à la porte de ses concurrents. Telle serait la vraie censure, et non pas des efforts sincères pour contenir une nouvelle vulnérabilité imprévue.

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Nicolas T.

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