Crise chez Tesla : Le départ d'Elon Musk est-il envisageable ?

Quel est le prix à payer pour avoir suivi Donald Trump dans sa folie protectionniste ? Pour Elon Musk, ce prix pourrait s’appeler Tesla. La marque est en chute libre sur plusieurs marchés, tandis que l’image de son fondateur s’effrite. Les signaux sont au rouge. L’empire technologique pourrait ne plus être éternel. Le doute s’est immiscé, et il grignote désormais la confiance.

Tesla face au mur : chute de ventes et rejet politique

Tesla traverse une période de turbulences sans précédent. En avril, les ventes ont chuté de 60 % en France. Dans le reste de l’Europe, la baisse atteint 28 %, selon l’ACEA. En parallèle, le marché des voitures électriques, lui, progresse de 24 %. Ce contraste brutal illustre le décrochage. Aux États-Unis, les chiffres ne sont pas plus rassurants : bénéfices en chute de 71 % au premier trimestre.

Cette contre-performance a une dimension politique. Elon Musk s’est fait le champion du camp Trump. Il préside DOGE, l’agence de l’efficacité gouvernementale. Ses prises de position contre les personnes trans ou en faveur des coupes budgétaires lui valent de vives critiques. De nombreux démocrates, électeurs historiques de Tesla, s’en détournent. 

« Elon Musk est plus impopulaire que Trump », souligne Jérôme Viala-Godefroy, spécialiste des États-Unis.

La marque, perçue autrefois comme innovante et verte, subit maintenant protestations et vandalisme. Les investisseurs s’inquiètent. Ils constatent une dilution de l’attention d’un PDG plus préoccupé par la politique que par la stratégie industrielle. Le dogme du leadership dispersé montre ses limites. Et pendant que la direction parle de « changement de sensibilités politiques », les carnets de commandes s’amincissent.

Tesla perd du terrain au moment où ses concurrents accélèrent. Volkswagen, Renault, BYD gagnent du terrain sur le segment électrique. L’avantage du pionnier ne suffit plus. Musk paie peut-être le prix de ses combats idéologiques.

Un PDG fragilisé : les démentis ne suffisent plus

Le 1er mai, le Wall Street Journal a révélé que Tesla aurait entamé une recherche de successeur à Elon Musk. L’article cite plusieurs sources internes. Il évoque des contacts avec des cabinets de recrutement. Le conseil d’administration en aurait assez du temps consacré par Musk à DOGE.

Sur X, la riposte a été immédiate. Elon Musk a dénoncé un « extrêmement grave manquement à l’éthique ». Robyn Denholm, présidente du CA, l’a soutenu : 

Le PDG de Tesla est Elon Musk… le conseil est confiant. 

Tesla Owners Silicon Valley a également défendu Musk tout en appelant à plus de transparence.

Mais les spéculations ne s’arrêtent pas. Le mal est fait. Plusieurs analystes estiment que le départ de Musk aurait un impact fort sur la valorisation. « Si Musk quittait totalement Tesla, l’action pourrait chuter de 20 à 25 % », estime Gary Black. Même un retrait partiel provoquerait une baisse de 5 à 10 %.

Ce scénario montre combien Musk est central, mais aussi combien il est devenu vulnérable. Le conseil pourrait chercher à limiter son rôle sans le renverser. En coulisse, certains membres préféreraient un dirigeant moins clivant. Plusieurs investisseurs redoutent une nouvelle crise de gouvernance.

Le retour annoncé de Musk à temps plein ne dissipe pas les inquiétudes. D’autant qu’il pourrait n’être que tactique, pour désamorcer une fronde interne.

L’empire tremble : chiffres noirs et fatigue stratégique

Les difficultés de Tesla se lisent dans les chiffres :

• 60 % de ventes perdues en France en avril ;
• 71 % de bénéfices en moins au T1 2025 ;
• 28 % de baisse des ventes en Europe ;
• 13 % de chiffre d’affaires perdu sur un an ;
• 25 % de chute possible de l’action en cas de départ de Musk.

Ces chiffres sont alarmants. Ils traduisent un double malaise : politique et industriel. Elon Musk, tout en restant central, semble parfois isolé. Ses projets à long terme, comme les robotaxis ou l’IA embarquée, restent flous. Le marché ne croit plus sur parole. Il veut des résultats.

Les concurrents, eux, livrent des véhicules abordables et fiables. Tesla, positionnée sur le haut de gamme, atteint une limite structurelle. Le segment est trop étroit. La promesse initiale d’une révolution verte accessible s’est transformée en produit élitiste.

Les investisseurs le savent. Vendre des voitures ne garantit pas des marges extraordinaires. Tesla ne peut plus se permettre les hésitations stratégiques. La gestion de Musk divise. Ses choix de communication, sa dépendance aux réseaux sociaux, sa politisation, inquiètent.

À cela s’ajoutent les procès, les contestations, les pressions du marché chinois. Pour certains actionnaires, la question n’est plus de savoir si Musk est encore utile, mais s’il est encore gérable.

Alors que Warren Buffet part avec élégance, richesse et reconnaissance, Elon Musk pourrait quitter Tesla avec fracas, contesté, affaibli, et un bilan économique plus que fragile. Deux visions du leadership, deux héritages. L’un inspire confiance, l’autre suscite la controverse. Si Musk part, il devra le faire sans panique. Le moment venu, sans tweet. Sans éclat. Et sans laisser Tesla au bord du précipice.