Crypto, la DeFi n'est pas défectueuse

La DeFi est en crise. La finance décentralisée subit les affres de la chute des actifs numériques ou encore de l’effondrement de l’écosystème Terra. Et parce que de nombreuses plateformes de cryptomonnaies sont également en difficulté, certaines étant proches de l’insolvabilité, les détracteurs crient à l’échec de la DeFi. On la décrit comme un système défectueux. Les analyses reposant sur les cas des plateformes basées sur un modèle de CeFi,  les conclusions sont totalement erronées.  La DeFi, fortement ancrée sur la décentralisation et la transparence, fonctionne très bien.

Instabilité conjoncturelle mais fiabilité structurelle

Depuis quelques mois, le TVL (Total Value Locked ou valeur totale verrouillée) de la plupart des plateformes crypto a baissé de 30%. Sur l’ensemble du marché, le TVL a littéralement chuté de 65% après l’effondrement de l’écosystème Terra. La somme totale est passée de  170 milliards de dollars (mois d’avril) à 60 milliards de dollars. Parallèlement, plusieurs plateformes de cryptomonnaies sont clairement en difficulté. Celsius, un prêteur de crypto avec des actifs d’environ 20 milliards de dollars, a par exemple été contraint de geler les retraits. 

L’échange de crypto FTX déclare avoir renfloué les caisses de ses concurrents Celsius, et BlockFi avec un prêt de 250 millions de dollars. Et ce, peu de temps seulement après avoir sauvé le courtier en crypto Voyager Digital. Des entreprises de la DeFi peuvent rencontrer des difficultés. Mais cela ne remet certainement pas en cause la fiabilité de la structure fondamentale de la finance décentralisée. Et en réalité, ces plateformes en chute libre sont des institutions financières centralisées (CeFi). 

Comprendre la force de la DeFi et la faiblesse des modèles CeFi

DeFi 2.0: The Future of Decentralized Finance https://t.co/qJ3nP555ER #KMD #AtomicDEX

— Antonina Krytska (@AntoninaKrutska) July 29, 2022

La véritable force de la DeFi reste la décentralisation, possible grâce à la blockchain, la technologie sous-jacente sur laquelle le système repose. Les utilisateurs ne passent pas par un tiers de confiance pour les opérations financières. Cela écarte les risques de fraude et de corruption. À la place, le traitement des transactions est décentralisé sur plusieurs milliers d’ordinateurs. Autrement dit, les investisseurs ne font pas confiance à une personne mais à un code. Les transactions reposent sur des contrats intelligents immuables. Malgré la pression du marché, cette structure fondamentale n’a jamais faillie. 

Certains espèrent que cette crise mette en exergue les véritables entreprises décentralisées qui tiennent parfaitement la route. Car la plupart des plateformes de crypto qui rencontrent des problèmes de solvabilité sont construites sur un modèle de CeFi ou finance centralisée. Ce système fonctionne exactement comme les banques qui relèvent de la TradFi (finance traditionnelle), à la différence que les CeFi utilisent des jetons numériques. L’idée d’une DeFi en déclin découle souvent d’une incompréhension de la finance décentralisée, souvent amalgamée à la CeFi. 

La DeFi et la souveraineté financière

Les premières cryptomonnaies ont initialement été développées pour donner aux utilisateurs un contrôle total sur leurs actifs. L’émission et le stockage des actifs numériques étaient effectivement décentralisés. En revanche, fournir un accès transparent et décentralisé à un ensemble plus large de produits financiers est devenu difficile, jusqu’à l’émergence des contrats intelligents et de la DeFi. Aujourd’hui, la finance décentralisée permet de bénéficier des produits de base du marché traditionnel : paiements, emprunts, prêts, investissements et assurances. 

Tout en proposant ces offres aux utilisateurs, les vraies sociétés de finance décentralisée leur permettent d’accéder à la souveraineté financière. L’architecture de DeFi permet de garder le contrôle total de ses actifs. Avec la TradFi, toute opération financière doit passer par une institution accréditée comme une banque. Elle est là pour confirmer que le compte existe et que l’utilisateur respecte les règles nécessaires pour effectuer la transaction. Le DeFi change cette équation. Cela signifie que n’importe qui peut ouvrir un compte et qu’aucune entité ne peut geler les fonds ou imposer des frais pour défaut de solde minimum.

Le dernier effondrement observé sur les marchés de la crypto a eu un effet dévastateur sur l’un des secteurs les plus innovants et prometteurs de la cryptosphère, celui de la DeFi. Face à quoi, la réglementation est probablement inévitable. La chute de Terra d’ailleurs pourrait bien précipiter la mise en œuvre des cadres réglementaires. À l’avenir, les investisseurs seraient amenés à s’engager uniquement dans des produits où les processus et les contrats intelligents sont entièrement vérifiables. Et ce, sans que le principe fondamental de la DeFi ne soit jamais remis en question.