Crypto : Les démocrates veulent réguler l’influence de Trump dans l’écosystème

Trump récompense les détenteurs de son memecoin autour d’un dîner privé. Réaction immédiate : Adam Schiff, sénateur démocrate, dégaine une loi pour encadrer l’usage de la crypto par les responsables politiques. Un affrontement qui mêle actifs numériques, conflits d’intérêts et calculs électoraux.

Une loi pour couper le courant crypto à la source

Adam Schiff n’a pas digéré le spectacle. Tandis que Donald Trump multiplie les signes d’amitié envers la communauté crypto, le sénateur de Californie tire la sonnette d’alarme face à l’engouement controversé suscité par un dîner privé qui a divisé investisseurs et observateurs. Selon lui, l’ancien président se sert des actifs numériques comme d’un levier d’enrichissement personnel. Il répond donc par un texte de loi : le COIN Act (Curbing Officials’ Income and Nondisclosure).

Objectif : empêcher les présidents, vice-présidents et hauts fonctionnaires de créer, promouvoir ou investir dans des cryptos, NFT ou stablecoins pendant leur mandat et jusqu’à deux ans après. Le message est limpide : la finance décentralisée ne doit pas devenir un refuge pour les conflits d’intérêts institutionnels.

Ce projet vise directement Trump, qui aurait touché plus de 57 millions de dollars via World Liberty Financial, plateforme crypto soutenue par sa propre famille. Schiff y voit un abus manifeste du pouvoir à des fins privées. Il ne parle pas de technologie, mais de morale politique.

Memecoins, stablecoins, et dollars venus du Golfe

Le détail qui a enflammé les critiques ? Le lancement du stablecoin USD1 par World Liberty Financial. Peu après, une société d’Abu Dhabi annonce vouloir l’utiliser pour régler un investissement massif de 2 milliards dans Binance. L’opération semble légale, mais suscite un parfum de diplomatie économique déguisée.

Entre-temps, la famille Trump a réduit sa participation dans WLF de 75 % à 40 %. Une sortie partielle qui aurait rapporté plusieurs millions de dollars. Selon un rapport indépendant, les avoirs numériques du président représenteraient près de 3 milliards, soit 40 % de son patrimoine personnel. C’est plus qu’un détail : c’est un signal d’alerte pour Schiff, qui y voit une prise de contrôle silencieuse du débat public par des intérêts financiers privés.

Ce mélange d’influence politique et d’innovation monétaire inquiète autant qu’il fascine. La crypto devient un outil de soft power personnel, difficile à encadrer par des lois pensées pour un autre siècle.

Du Sénat aux urnes, la crypto comme ligne de fracture

Adam Schiff n’est pas seul à vouloir encadrer la vague. À la Chambre, Maxine Waters a proposé le TRUMP in Crypto Act, un texte volontairement provocateur destiné à bloquer l’usage politique des memecoins par l’ancien président. Le calendrier n’est pas anodin : ce projet est tombé le jour même où Trump recevait ses principaux investisseurs en tokens.

Mais la réalité parlementaire complique tout. Les démocrates sont minoritaires, et même si les deux textes passaient, un veto présidentiel resterait probable. Il faudrait alors une super-majorité que personne ne semble pouvoir réunir aujourd’hui.

Le véritable enjeu se joue ailleurs : dans l’opinion. Ces propositions législatives, même vouées à l’échec, imposent un débat nouveau. La crypto est désormais un outil d’influence, un produit de campagne, parfois même un substitut à la régulation traditionnelle.

Avec cette proposition de loi, Schiff ne cherche pas seulement à réguler. Il tente de tracer une ligne rouge entre pouvoir politique et finance crypto. Que cette frontière soit acceptée ou non, une chose est sûre : la blockchain n’est plus seulement une technologie. C’est un enjeu électoral, une arme narrative, un territoire disputé.