Crypto : Les stablecoins explosent et Ethereum pourrait en tirer profit selon JPMorgan

Pendant que le marché scrute les ETF et que le bitcoin monopolise les titres, une autre dynamique, moins bruyante mais plus structurante, est à l’œuvre : la montée en puissance des stablecoins. Adossés aux monnaies fiat, ces actifs longtemps secondaires deviennent l’ossature de la nouvelle finance numérique. Et au cœur de cette transformation, un acteur s’impose : Ethereum. Le réseau est en passe de devenir l’infrastructure centrale du système monétaire tokenisé.

Ethereum, l’épine dorsale du marché des stablecoins

Tandis que le bitcoin perd du terrain face à la deuxième crypto du marché, dans une analyse publiée jeudi, les experts de JPMorgan affirment « qu’Ethereum émerge comme un moyen direct d’exposition à la croissance météorique attendue des stablecoins », en raison de son rôle central dans l’hébergement de ces actifs.

Le constat est sans équivoque : 51 % des stablecoins en circulation sont actuellement émis sur Ethereum, soit une valeur totale de 138 milliards de dollars, selon les données de DefiLlama. Même lorsque les stablecoins sont créés sur des réseaux de seconde couche (Layer 2), la structure sous-jacente reste largement adossée à Ethereum, insistent les analystes.

Cette prédominance se confirme dans un contexte de forte croissance du marché. Le secteur des stablecoins a enregistré en juillet son huitième mois consécutif de hausse, avec une croissance annuelle plus rapide que celle de l’ensemble du marché crypto, selon JPMorgan. La banque révèle plusieurs facteurs clés :

• Une adoption accélérée des stablecoins, en particulier dans les paiements, les échanges et les transferts inter-chaînes ;

• Une concentration massive sur Ethereum, aussi bien en Layer 1 qu’à travers des Layer 2 comme Base ou Starknet ;

• Un mécanisme de burn d’ETH activé par l’utilisation du réseau, qui réduit l’offre en circulation et peut soutenir le prix ;

• Une séparation croissante entre les dynamiques de marché des stablecoins et celles des autres actifs crypto, marquant l’entrée du secteur dans une phase de maturité économique.

JPMorgan conclut que cette croissance « perpétue le thème de la divergence des stablecoins par rapport à l’écosystème crypto dans son ensemble ». En d’autres termes, les stablecoins suivent désormais leur propre logique de développement, dont Ethereum reste la principale infrastructure technique et économique.

Le GENIUS Act, déclencheur d’un intérêt institutionnel massif

Si la domination d’Ethereum en matière de stablecoins était déjà structurelle, les récents événements réglementaires ont donné un coup d’accélérateur à cette dynamique.

JPMorgan pointe en particulier la promulgation du GENIUS Act, un cadre réglementaire américain, qui pose les fondations légales pour l’émission et la circulation de stablecoins aux États-Unis. Cette loi aurait « catalysé une activité accrue en juillet dans la DeFi, les NFT et les marchés au comptant », selon la note de la banque.

Plus encore, l’essor des stablecoins vont au-delà des projets purement crypto, car il est désormais tiré par les ambitions de Wall Street.

Des exemples concrets viennent appuyer cette transition. Circle, émetteur de l’USDC, est entré en bourse, tandis que Robinhood a lancé son propre Layer 2 basé sur Ethereum. Ces initiatives, combinées à de nouveaux partenariats, comme celui entre MetaMask et Stripe, montrent que les acteurs du Web2 et de la finance traditionnelle naviguent de plus en plus activement dans l’écosystème Ethereum.

Cette transition ne se fait pas sans impact technique. Les Layer 2 permettent certes des économies de coûts, mais entraînent aussi une baisse du burn rate d’ETH, observée à des niveaux historiquement bas en avril. Une telle variable est à surveiller dans l’équation de rareté qui soutient le prix de l’ether.

La projection de JPMorgan, qui évalue le marché des stablecoins à 500 milliards de dollars d’ici 2028, est jugée prudente face aux 750 milliards de dollars anticipés dès 2026 par Standard Chartered. Cette disparité souligne l’incertitude, mais aussi l’énorme potentiel de croissance du secteur, à condition que l’infrastructure suive.

Ethereum pourrait devenir le socle universel de la finance programmable, mais cette concentration pose aussi des défis : scalabilité, sécurité, neutralité face aux intérêts privés. Dans tous les cas, l’alliance des stablecoins et d’Ethereum va au-delà d’un pari technique : c’est désormais une trajectoire stratégique pour l’avenir de la finance tokenisée.