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De 5 % à moins de 4 % : Les règles bancaires prêtes à changer radicalement l'économie US

19h21 ▪ 6 min de lecture ▪ par Mikaia A.
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Washington s’apprête à effacer l’une des règles phares instaurées après la crise financière de 2008. Une réforme discrète, mais déterminante, est sur le point de redéfinir les fondations de la régulation bancaire américaine. En effet, les régulateurs envisagent de modifier en profondeur le « supplementary leverage ratio » (SLR), un pilier de la stabilité post-krach. Si elle aboutit, cette décision pourrait bouleverser l’architecture financière, avec des conséquences majeures pour l’économie mondiale.

Banquiers discutant autour du SLR et de l'économie américaine, une balance pesant 5 % et 4 % au-dessus de leur tête

En bref

  • Les États-Unis prévoient d’assouplir le ratio de levier imposé après la crise de 2008.
  • Cette réforme vise à libérer du capital pour soutenir l’économie et les marchés obligataires.
  • Le SLR contraint aujourd’hui les banques à maintenir 5 % de fonds propres, sans pondération.
  • Les critiques redoutent une nouvelle fragilisation du système financier en cas de choc brutal.

Pourquoi alléger le SLR ? Les partisans veulent relancer l’économie

Pour les promoteurs de cette réforme, l’objectif est clair : adapter la régulation bancaire à une nouvelle réalité économique. Les règles imposées après 2008 sont jugées trop rigides dans un monde où la liquidité est devenue cruciale. En allégeant le SLR, les banques pourraient à nouveau soutenir l’économie en achetant davantage de bons du Trésor, tout en finançant plus aisément les entreprises.

Cette mesure s’inscrit dans la stratégie de dérégulation défendue par l’administration Trump. En alignant les normes américaines sur celles de l’Europe ou de l’Asie, les autorités entendent renforcer la compétitivité des institutions financières nationales.

« Pénaliser les banques qui détiennent des actifs à faible risque, comme les bons du Trésor, compromet leur capacité à soutenir la liquidité du marché », a affirmé Greg Baer, directeur du Bank Policy Institute. Traduction : il faut lever les freins réglementaires pour que le système bancaire puisse jouer son rôle en période de crise.

De plus, certains experts estiment que le SLR entrave inutilement l’agilité des banques dans un environnement où l’adaptabilité est vitale. « Le marché du Trésor américain peut se bloquer en temps de crise en partie à cause du SLR », avertit Darrell Duffie, professeur à Stanford. 

Le message est clair : plus de marge de manœuvre signifie plus de résilience pour l’économie.

Une réforme qui profite aux banques… et à l’économie ?

L’assouplissement du SLR redonne de l’oxygène aux grandes banques américaines. Cela leur permettrait de libérer du capital pour financer des activités jugées plus productives, au bénéfice direct de l’économie. Les établissements comme JP Morgan ou Goldman Sachs y voient un levier pour redevenir les piliers d’un écosystème financier dynamique.

Par ailleurs, ce changement favoriserait la reprise de certaines opérations délaissées depuis 2014. Les banques pourraient se repositionner sur le marché de la dette publique, aujourd’hui dominé par les hedge funds et les traders à haute fréquence.

À terme, cette réforme pourrait aussi faire baisser les coûts d’emprunt, en augmentant la demande pour les titres publics. Donald Trump voit là une opportunité pour booster l’économie américaine tout en facilitant le financement des dépenses de l’État. Une autre alternative au bitcoin et autres cryptomonnaies, actifs qu’il semble affectionner en ce moment.

De nombreux observateurs rappellent aussi que les exigences actuelles du SLR aux États-Unis (5 %) sont bien plus strictes que dans d’autres régions du monde, où elles varient entre 3,5 % et 4,25 %. Les partisans de la réforme y voient donc un simple rééquilibrage.

Cependant, les effets positifs supposent une mise en œuvre prudente. L’économie est un terrain sensible, et chaque levier actionné peut produire des effets secondaires inattendus. C’est dans cette zone grise que le débat s’intensifie.

Qu’est-ce que le SLR et pourquoi a-t-il été instauré ?

Le SLR a été introduit en 2014. Il impose aux grandes banques de détenir un certain pourcentage de capital en regard de l’ensemble de leurs actifs, sans pondération du risque. Cette règle visait à éviter que l’économie ne replonge dans une crise comme celle de 2008.

Concrètement, voici ce qu’il faut retenir :

  • Les huit plus grandes banques américaines doivent maintenir un capital équivalent à 5 % de leurs actifs ;
  • En Europe ou en Asie, le ratio se situe entre 3,5 % et 4,25 % ;
  • En cas de stress sur les marchés, ce coussin limite les faillites en chaîne ;
  • Le ratio est calculé sans tenir compte du risque spécifique de chaque actif ;
  • Sa réforme pourrait accroître la part des banques dans la dette publique, estimée à 1,8 trillion de dollars sur un total de 28 trillions.

Mais les critiques ne désarment pas. Selon la sénatrice Elizabeth Warren : 

Ces propositions mettraient toute notre économie en danger d’un autre krach payé par les contribuables. 

Traduction : la mémoire de 2008 reste vive.

Alors que la réforme du SLR s’approche, une autre décision vient compléter cette grande manœuvre. L’Office of the Comptroller of the Currency (OCC) a récemment autorisé les banques américaines à acheter, vendre et conserver des cryptomonnaies. Cette convergence entre dérégulation bancaire et ouverture à la finance numérique reflète une ambition claire : renforcer la puissance économique des États-Unis dans un monde en mutation rapide.

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Mikaia A.

La révolution blockchain et crypto est en marche ! Et le jour où les impacts se feront ressentir sur l’économie la plus vulnérable de ce Monde, contre toute espérance, je dirai que j’y étais pour quelque chose

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.