Inflation : La hausse des prix aux USA semble ralentir
L’inflation américaine de mai affiche un calme trompeur : +0,1 % sur le mois, un chiffre en dessous des prévisions qui a immédiatement dopé les actifs risqués. Toutefois, derrière cette accalmie se profilent des tensions plus durables, alimentées par le retour offensif des hausses tarifaires décidées par l’administration Trump. Ce chiffre, en apparence rassurant, dissimule une réalité plus instable, où les signaux faibles d’un regain inflationniste à venir déclenchent des doutes sur la solidité du cycle économique en cours.
En bref
- L’inflation américaine en mai a progressé de seulement 0,1 %, un chiffre en dessous des attentes du marché.
- Cette modération s’explique principalement par la baisse des prix de l’énergie, des véhicules et de l’habillement.
- Les effets des tarifs douaniers imposés par l’administration Trump ne se font pas encore pleinement sentir.
- Les économistes redoutent une accélération de l’inflation d’ici la fin de l’été, avec un pic possible au quatrième trimestre.
L’inflation sous contrôle : un mois de mai qui apaise les marchés
Après un mois d’avril tumultueux avec les nouveaux droits de douane de Donald Trump qui ont provoqué une instabilité sur les marchés financiers mondiaux, mai offre une relative accalmie.
En effet, le dernier rapport du Bureau of Labor Statistics montre que l’inflation américaine est restée modérée en mai, avec une hausse de 0,1 % sur un mois et une inflation annuelle de 2,4 %. Ces chiffres sont inférieurs aux attentes des économistes, qui anticipaient une progression mensuelle de 0,2 %.
Même l’inflation « sous-jacente », qui exclut l’énergie et les produits alimentaires, n’a progressé que de 0,1 %, contre 0,3 % attendu, et reste stable sur un an à 2,8 %.
« Aujourd’hui, l’inflation est en dessous des prévisions, c’est rassurant, mais seulement jusqu’à un certain point », a déclaré Seema Shah, stratégiste Principal chez Asset Management.
Ce repli statistique s’explique notamment par le recul des prix dans plusieurs secteurs sensibles aux cycles économiques.
Les composantes de l’indice détaillent une dynamique contrastée :
- L’énergie : un recul de 1 % sur le mois, avec une baisse marquée de l’essence de 2,6 % (−12 % sur un an) ;
- Les véhicules : une baisse de 0,3 % pour les neufs et de 0,5 % pour ceux d’occasion ;
- L’habillement : un recul de 0,4 %, contrairement aux attentes de hausses tarifaires ;
- Le mobilier : un prix en baisse de 0,8 %, la plus forte chute depuis décembre ;
- Le logement et l’alimentation : ce sont les seules catégories en progression (+0,3 % chacune), moteur principal de la hausse du CPI ;
- Les salaires réels horaires : en hausse de 0,3 % sur le mois, 1,4 % sur un an.
Cette publication a immédiatement produit des effets de marché. Les rendements des bons du Trésor américain ont reculé, car les principaux détenteurs sont de plus en plus séduits par les cryptos en particulier le bitcoin. C’est le signe que les investisseurs anticipent un ralentissement des pressions inflationnistes, et les contrats à terme sur les actions sont passés au vert.
Pour Donald Trump comme pour son vice-président JD Vance, ces chiffres sont la preuve que la Réserve fédérale doit agir rapidement.
Sur le réseau social X (ex-Twitter), Vance a fustigé l’inaction monétaire de la Fed et a parlé de « faute professionnelle monétaire ». Il appelle à une baisse immédiate des taux.
Pour autant, les responsables de la Fed restent prudents. Malgré des signaux d’amélioration du pouvoir d’achat, les tensions persistantes sur l’emploi et les perspectives tarifaires à moyen terme incitent à la retenue.
Les tarifs douaniers : des effets retardés qui menacent la stabilité des prix
Au-delà des chiffres qui rassurent, plusieurs économistes et institutions préviennent que l’impact réel des tarifs douaniers imposés par l’administration Trump qui ont provoqué la chute des marchés, ne s’est pas encore pleinement manifesté dans les données d’inflation.
La plupart des entreprises interrogées par la Réserve fédérale de New York ont indiqué avoir commencé à répercuter ces hausses de coûts sur les consommateurs. Près de la moitié des entreprises de services ont entièrement répercuté les tarifs sur leurs clients.
Cependant, ces ajustements restent hétérogènes. Seuls un tiers des industriels ont fait de même, tandis que d’autres s’appuient encore sur des stocks constitués avant l’entrée en vigueur des tarifs. Le rapport de Fed indique d’ailleurs que de nombreuses entreprises prévoient d’augmenter leurs prix « dans les trois mois à venir ».
Ce délai d’ajustement constitue un risque structurel pour la stabilité des prix. David Kelly, chef stratégiste chez JPMorgan Asset Management, juge l’effet des tarifs en mai comme « microscopique », mais rappelle que les entreprises « prennent souvent trois mois ou plus avant de répercuter les hausses de coûts ».
Il estime que si les tarifs restent en place, l’inflation pourrait atteindre 4 % d’ici la fin de l’année. Le rapport de la Fed publié en mai va dans le même sens, évoquant un scénario où « une récession est presque aussi probable qu’une croissance molle », avec une prévision d’inflation élevée jusqu’en 2026. L’inflation pourrait ensuite redescendre progressivement vers l’objectif de 2 % à l’horizon 2027, mais non sans provoquer un ralentissement économique prolongé.
Cette dynamique inquiétante est accentuée par la réorganisation interne du Bureau of Labor Statistics, qui a réduit la taille de ses échantillons et accru son recours à l’imputation statistique, notamment dans plusieurs zones géographiques. Cette méthodologie pourrait introduire un « flou » dans la lecture des données actuelles.
Si la Fed maintient son calme apparent, elle reste néanmoins confrontée à un dilemme croissant : agir trop tôt au risque d’étouffer la reprise, ou trop tard au risque de subir une spirale inflationniste. Pour les investisseurs, et plus particulièrement dans l’écosystème crypto, ces incertitudes renforcent la pertinence des actifs alternatifs dans une économie globale toujours plus instable, comme en témoigne l’effondrement des volumes d’échange sur le marché.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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